La Seconde Guerre mondiale d'abord, le silence impérial ensuite, n'ont rien fait pour donner de Hiro-Hito une image de souverain libéral, soucieux du bien-être de ses sujets. Et pourtant, cette image-là est bien plus proche de la vérité que celle d'un monarque déchu, confiné dans un rôle symbolique après avoir échappé de justesse - grâce au général américain Mac Arthur - à un tribunal style « Nuremberg » où il aurait été jugé comme « criminel de guerre ». Hiro-Hito, le dernier empereur du vieux monde, le descendant de la déesse du Soleil (Amaterasu), n'a rien de commun avec les généraux sinistres et sanguinaires d'une certaine armée nipponne (...)
[...] Ainsi, le petit prince récalcitrant rentre dans le rang, mais délaisse néanmoins l'étude de l'arbre généalogique mythique de sa famille - une lignée de 123 empereurs - au profit de la biologie marine qui deviendra la grande, la seule et la vraie passion de sa vie. N'empêche, lorsque le prince impérial a vingt, ans, il parvient à convaincre son entourage que les voyages forment la jeunesse. C'était en 1921, Hiro-Hito Kinjo va découvrir l'Occident et surtout l'Europe où il séjournera six mois, visitant Londres, Paris et Rome. Le prince s'intéresse à tout, s'imprègne des moeurs occidentales beaucoup moins rigides que la vie nipponne, surtout à la cour impériale, délaisse le kimono pour le costume européen. [...]
[...] Lorsque Hiro-Hito rentre au pays, c'est pour se retrouver cloîtré à nouveau dans le monde fermé et gris des palais impériaux. Il se replonge dans ses chères études, ignore superbement l'agitation du monde et surtout, les efforts pour le détacher de sa fiancée. Une fiancée qu'il ne verra qu'une demi-douzaine de fois en trois ans . Il épousera cependant Nagako le 2 janvier 1924. Le 124e empereur non déclarée en 1937, enfin - et les militaires trouvent de multiples raisons - vient l'expansion aveugle, la guerre avec les Etats-Unis. [...]
[...] Hiro-Hito n'est pourtant guère impressionnant. Il est de petite taille, timide, porte des lunettes et souffre d'un tic nerveux à la joue gauche. En plus, il s'exprime avec une voix faible, nasillarde. L'empereur parle, signifie aux irréductibles que la paix est l'unique solution : Poursuivre la guerre ne peut que signifier la destruction de la nation et la prolongation d'effusions de sang et de cruautés dans le monde entier . Je ne peux supporter davantage de voir mon peuple innocent lutter ainsi . [...]
[...] Il est vrai que le Japon possède encore - éparpillé dans ses territoires - une force non négligeable: deux millions et demi de soldats, une dizaine de milliers d'avions, une flotte encore importante avec des porte-avions, des cuirassés, des croiseurs lourds et des sous-marins sans compter les fameux kamikazes C'est alors que les partisans de la paix - Shigenori, Togo, Mitsumira Yonai, Kantaro Suzuki - avaient, en concertation avec Hiro-Hito, décidé d'agir. C'est ainsi que trois ans et huit mois après la début de la guerre, le 10 août1945, l'empereur du Japon allait - et pour la première fois user des pouvoirs que lui conférait son autorité morale. II. Dans le bunker impérial 10 août - 2h du matin. [...]
[...] Mais une large majorité s'affiche lorsqu'il s'agit de juger la valeur du système en vigueur : démocratie plus empereur car, dit-on, ce dernier est le garant de l'harmonie. Une harmonie ou une cohésion qu'effectivement, Hiro-Hito, le dernier empereur du vieux monde, a su sauvegarder à travers la pire épreuve jamais endurée par le Japon : la défaite et l'occupation. Aujourd'hui, c'est au prince Akihito de relever le flambeau comme 125e souverain d'un Japon moderne et économiquement triomphant. [...]
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