La guerre des Six-Jours marquera longtemps l'histoire militaire et la théorie des relations internationales. Par son déclenchement, profondément marquée par le contexte de la Guerre froide et les dynamiques moyen-orientales, elle démontre que les mécanismes d'action-réaction militaires et politiques - les escalades - sortent à un certain point du contrôle des décideurs politiques et finissent par rendre la guerre automatique.
Ce conflit a également provoqué une onde de choc majeure des équilibres internationaux, et plus particulièrement au Moyen-Orient. S'il a grandement contribué à déstabiliser l'ONU et à ridiculiser la politique soviétique au Moyen-Orient, il a également provoqué sur le long terme la naissance du sentiment national palestinien, société marquée par les outrages de l'occupation qui s'en est suivi.
Clairement donc, il s'agira de se démontrer que ce conflit, n'ayant duré que 6 jours sur le terrain, prend place dans la longue dynamique du conflit israélo-arabe, dont on a l'impression de plus en plus forte que chaque guerre, chaque cessez-le-feu et chaque « paix » appellent à un prochain conflit, chaque bord refusant d'admettre toute éventualité de statuquo.
En quoi, donc, ce conflit éclair est-il issu de la situation ambigüe laissée par la guerre de Suez, et en quoi appelle-t-il au conflit du Kippour et aux Intifadas, près d'une quarantaine d'années plus tard ?
[...] En quoi, donc, ce conflit éclair est-il issu de la situation ambigüe laissée par la Guerre de Suez, et en quoi appelle-t-il au conflit du Kippour et aux Intifadas, près d'une quarantaine d'années plus tard ? Nous verrons donc dans un premier temps comment s'est articulée la marche vers la confrontation armée, nourrie dans un premier temps par les tensions entre Grandes Puissances, puis par la pression des opinions arabes et israéliennes. Nous aborderons ensuite la question de la facette militaire du conflit et son règlement diplomatique. NB : cette fiche a été principalement réalisée en s'appuyant sur le téléfilm La Guerre des Six-Jours d'Ilan Ziv, Ian Fichman et Luc Martin- Gousset. [...]
[...] La tension est forte en Israël : le camp de la conciliation avec l'Egypte, représenté par le ministre Eshkol est mis en difficulté face aux militaires. Personne ne croit vraiment que Nasser puisse vouloir la guerre. L'officier de la CIA en poste à Tel-Aviv déclare ainsi à ses supérieurs que Nasser est comme un enfant qui fait semblant de vouloir se battre, mais qui veut surtout qu'on le retienne Mais Nasser est pris de court par le retentissement de sa bravade. Il est félicité par les chefs d'Etats arabes et adulé par l'opinion égyptienne. Reculer devient donc difficile. [...]
[...] Les infrastructures aéroportuaires égyptiennes sont extrêmement faibles (pas de bunkers pour protéger les avions au sol), et l'Etat-major de l'armée de l'air semble tellement obsédé par sa supériorité numérique qu'il ne fait pas effectuer de patrouilles vraiment régulières à ses pilotes sorties par jour en moyenne dans la semaine précédant l'engagement Le 5 juin aux alentours de 8h, l'armée de l'air israélienne effectue une première sortie dévastatrice sur les aérodromes du Sinaï. En volant sous la couverture radar égyptienne, les pilotes parviennent à atteindre les avions égyptiens au sol sans se faire repérer et donc à avoir à portée l'ensemble de la flotte égyptienne. Le bilan est sans appel : toutes les pistes sont détruites au premier passage et en milieu de journée, près de la totalité de la force aérienne égyptienne (450 appareils) est détruite. L'armée de l'air arabe n'effectuera plus de sortie de tout le conflit. [...]
[...] Le 9 au soir, les troupes israéliennes s'élancent sur le plateau qui tombe avec une étrange facilité. Il semble que la cause principale de l'échec complet de cette puissante position fortifiée ait tenu au comportement déplorable des sous-officiers syriens incapables de reprendre l'initiative et d'imposer leur autorité à leurs troupes. Le 10, toutes les troupes syriennes sont encerclées. Le 8 juin, Tsahal, qui avait intercepté l'ordre de retrait égyptien au Sinaï avait également réussi à faire prisonnier les éléments restants des 7 divisions égyptiennes du Sinaï et les avait conduit au bord du canal de Suez. [...]
[...] La guerre se termine donc sur tous les fronts faute de combattants. En Egypte, Nasser se décide enfin à annoncer la réalité au peuple dans une allocution radiophonique où il annonce également son retrait de la politique. Une manifestation monstre le rappelle au pouvoir mais très affaibli politiquement, moralement et physiquement, il ne survivra que 3 ans à sa défaite. Avec lui s'achève le vieux rêve d'unité arabe. Le Maréchal Amer est mis en retraite anticipée. Le Roi Hussein sort également humilié de la confrontation, son statut de prince hachémite lui donnant l'obligation de protéger les lieux saints et en est également réduit à donner une allocution (télévisée) où il semble distrait, les yeux dans le vague : la vague de contestation violente qui suivra cette défaite ans plus tard, contraindra le régime à éliminer près de 10.000 personnes au cours du Septembre Noir. [...]
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