Première guerre mondiale, 1914, guerre, paix, presse populaire, églises
En 1914, le soutien populaire à l'effort de guerre ne fut pas unanime, mais les quelques voix qui s'élevèrent contre la guerre furent noyées par un chœur d'approbation dans la presse populaire, dans les églises, et même dans le monde ouvrier organisé. Ce que pensait le reste de la population n'est pas aussi évident, mais les masses des villes et des campagnes firent la guerre sans effort, permettant ainsi aux principaux belligérants de mobiliser sans avoir à craindre une opposition populaire intérieure. Bien sûr, la guerre à laquelle ils apportaient tous leur soutien n'était pas celle qu'ils allaient faire, mais, en 1914, peu d'entre eux se rendent compte de la nature de l'engagement qu'ils prenaient en se ralliant au drapeau.
[...] Ce fait essentiel pouvait être dissimulé de différentes façons. Marx lui-même avait adopté l'idée de socialistes soutenant leur propre nation dans des guerres défensives, et on éprouvait fort peu de sympathie pour une victoire tsariste à l'est. Un parti qui s'opposait à la guerre risquait aussi de se séparer de ses membres, qui croyaient que le conflit avait été imposé à l'Allemagne. Ils tentèrent de rationaliser leur position, mais, quand leur parti vota en faveur des crédits de guerre au Reichstag, le 4 août 1914, les socialistes allemands contredirent leurs déclarations d'avant-guerre selon lesquelles ils arrêteraient un acte fratricide au sein de la classe ouvrière européenne. [...]
[...] Enfin, pourquoi les paysans et les travailleurs avaient-ils intégré la guerre dans la routine de leur vie ? Si l'organisation socialiste de la IIè Internationale ne put arrêter la guerre, c'est fondamentalement parce qu'elle fut incapable de reconnaître que le patriotisme et la conscience de classe étaient compatibles. En 1914, un chef syndicaliste français pacifiste est connu pour avoir dit : Les ouvriers français n'auraient pas laissé aux soldats français le soin de fusiller des opposants à la guerre ; ils les auraient tués eux-mêmes.'' Il existait en France une longue tradition de patriotisme populaire ayant pour modèle les citoyens en armes de la Révolution française et les communards de 1871, cernés de tous cotés par l'ennemi. [...]
[...] Dans leur travail pastoral, les prêtres avaient à faire face à d'autres tâches. De plus en plus souvent, ils étaient appelés pour consoler des familles affligées réconforter des angoissés, prendre soin de la veuve et de l'orphelin. Après tout, comment pouvaient-ils réagir quand ils rendaient visite à une famille qui venait de perdre un fils et leur demandait si ce fils était mort pour une juste cause, ou encore quelle sorte de personne pouvait leur avoir enlevé leur fils ? [...]
[...] Un flot de réfugiés belges en France et en Grande-Bretagne racontaient à qui voulait les entendre les véritables horreurs de la guerre sur leur terre natale. Mais, comme si la réalité de la guerre n'était pas suffisante pour émouvoir les lecteurs, les journalistes, soucieux de galvaniser le soutien à la guerre, laissaient s'emballer leur imagination. Les Églises On aurait pu s'attendre à ce que les prêtres résistent à la tendance de présenter l'ennemi comme un démon. Le fait que beaucoup n'aient pas résisté était sans doute inévitable pour deux raisons, la première étant que la plupart des prêtres parlaient au nom d'Églises établies. [...]
[...] Certains acceptaient la guerre comme une grande aventure ; d'autre la voyaient comme une libération de la décadence d'une civilisation commerçante, corrompue. D'autres encore croyaient qu'elle provoquerait une révolution spirituelle, et quelques-uns succombaient simplement à la mystique de la violence. Charles Péguy écrivit un poème qui exprimait la charge émotionnelle du moment ainsi que sa faillite intellectuelle : Heureux ceux qui sont morts car ils sont retournés Dans la première argile et la première terre. Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre, Heureux les épis murs et les blés moissonnés. [...]
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