La Guerre Hispano-américaine ne marque-t-elle pas alors le début d'une nouvelle interprétation de la doctrine Monroe ? Et si évolution de la politique extérieure des Etats Unis il y a, on peut alors se demander, ne serait ce que parce qu'ils sont à la tête des nations industrielles depuis 1884, l'incidence que cela aurait au plan international. En clair, la guerre Hispano-américaine est elle le reflet d'un nouvel ordre mondial ?
[...] Et l'on peut dire que ce conflit, qui une fois la victoire assurée tourna à l'aventure coloniale côté américain, constitue une véritable croisée des chemins pour les deux belligérants. En effet, si cette victoire donne une nouvelle stature à ce jeune pays que sont les Etats Unis, elle confirme aussi définitivement la perte d'un Empire qui, depuis le XVIème siècle, avait assuré la prospérité de l'Espagne. Ce mouvement avait certes commencé dès 1809, mais c'est la guerre Hispano-américaine qui met clairement en évidence ce que le Congrès de Vienne et les nombreux mouvements d'indépendance avaient laissé poindre, à savoir le fait que l'Espagne est désormais une puissance de second ordre sur le plan international. [...]
[...] Va- t-on pouvoir se contenter de l'interprétation purement défensive jusque là de la doctrine de 1823 ? Peut on seulement considérer le territoire américain comme fermé à toute nouvelle tentative de colonisation de la part des pays européens ? Et comme inamicale toute intervention européenne sur le continent américain ? Car comme le laisse entendre le terme de Hispano- américaine, les Etats Unis ont une conception élargie de leur domination de la région et ils ont tendance à s'identifier à l'Amérique toute entière. [...]
[...] La brutalité avec laquelle les espagnols traitaient les cubains fut rendue publique par le biais de New York World et du Journal, respectivement dirigés par Joseph Pulitzer et William Randolph Hearst. L'ampleur des dommages causés aux intérêts américains suscita également des inquiétudes : de nombreux investissements américains étaient affectés et le commerce avec Cuba se trouvait suspendu. L'opinion américaine était ainsi favorable à une action au côté des insurgés cubains. Malgré les efforts du premier ministre espagnol Sagastas en 1897, le conflit se poursuivit et une série d'incidents fut à l'origine de l'intervention américaine. [...]
[...] Ainsi, le Traité de Paris sanctionne-t-il par exemple " l'indépendance " de Cuba, mais en réalité l'île devint un protectorat américain de fait. Cet impérialisme masqué engendre une moins grande cohérence de l'ensemble dominé. En effet, comment justifier le fait, qu'après avoir soutenu Aguinaldo à la tête des insurgés philippins lors de la guerre contre l'Espagne, la seule volonté d'établir une autorité militaire dans les Philippines oblige les Etats Unis à lutter contre cet homme désireux de faire respecter l'indépendance de l'archipel. [...]
[...] Les Etats Unis s'engageaient ainsi dans une croisade romantique et officiellement idéaliste, non sans avoir solennellement rappelé qu'ils rejetaient " tout désir d'exercer leur souveraineté sur l'île Pourtant, deux mois plus tard, ils se retrouvaient à la tête d'un Empire colonial, assumant ainsi pleinement leur nouveau rôle d'acteur sur la scène internationale. B . a entraîné un changement de statut respectif des belligérants. La guerre, qui a donc vite éclatée, fut également vite réglée, la paix étant signée à Paris le 2 décembre 1898. [...]
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