Définition de la « guerre psychologique » (NSC 74, juillet 1950): « L'usage planifié par une nation de la propagande et des activités autres que le combat afin d'influencer les opinions, les attitudes, les émotions et les conduites de groupes étrangers, de telle sorte qu'elles contribuent à la réalisation des buts nationaux ».
Si on a pu espérer une entente dans les premières années de l'après-guerre, la rupture de 1947 oppose irrémédiablement deux visions du monde, deux modèles de société, deux camps qui se caractérisent alors par la peur de la subversion interne et externe. On peut remarquer à l'origine de cette opposition l'importance des représentations de soi et de l'autre, et c'est ce qui fait la spécificité de cette guerre, elle n'oppose par deux Etats qui se battent pour un territoire ou des ressources mais pour la domination des esprits. Comme l'affirme H. Truman le 20 avril 1950 : « la guerre froide est avant tout une bataille pour l'esprit des hommes ».
L'équilibre de la terreur rend en 1949 le conflit armé direct impossible, mais même avant cela, il est évident pour les deux grands que ce n'est pas seulement par les armes que la victoire peut être assurée.
[...] D'autant plus que les E-U offrent l'image d'une nation sans culture, notamment en Russie, mais aussi en France : on peut lire dans les Lettres françaises en 1948 l'opposition entre la civilisation du bistrot convivial et celle du bar, avec le gobelet en carton, L'avant-garde new- yorkaise est aussi critiquée Il y a cependant des réponses à cet antiaméricanisme en Europe : le mouvement Paix et liberté en France répond par la contre- propagande avec des milliers d'affiches, la plus célèbre est celle qui répond à la colombe de la paix de Picasso : La colombe qui fait boom Il s'agit de réagir à la confiscation du thème de la paix par les communistes. (En Allemagne, la Fédération populaire pour la paix tient à peu près le même rôle). Cette première guerre froide est donc marquée par une guerre hostile des représentations pour la domination des esprits, le milieu des années 50 annonce une ère d'ouverture et la négociation remplace la confrontation. II. [...]
[...] Des accords culturels avec l'Ouest sont signés et l'accord d'échange du 28 janvier 1958 avec les États-Unis entérine cette politique d'ouverture Les objectifs diffèrent, pour l'URSS il s'agit surtout d'établir des échanges technologiques alors que les E-U veulent promouvoir l'image d'une société de consommation prospère afin de susciter des envies de l'autre côté du rideau de fer, déstabiliser l'adversaire de l'intérieur. Mais surtout tell America's story to the world d'où insistance sur les échanges des publications, des émissions de radio, des films B. Les échanges culturels et sportifs, livres, télévision, musique et expositions : donner une image positive de soi, plus que de dénigrer l'adversaire 1. [...]
[...] Malgré un contrôle strict des visiteurs, les foules s'y pressent. La critique du consumérisme et de la décadence du capitalisme qui dans le Kitchen Debate fait dire à Khroutchev Vous n'avez pas une machine pour vous enfoncer la nourriture directement dans la bouche ? semble n'être qu'une façade, les Soviétiques sont fascinés. Les E-U donnent l'image d'une nation innovante Le jazz américain est une réponse à l'accusation d'absence de culture. Les tournées de jazzmen comme Duke Ellington connaissent un succès en URSS, le jazz est un reflet de la liberté, l'improvisation s'oppose aux règles rigides du classique dont les Soviétiques sont les maitres Le sport est vu par l'USIA comme le moyen de gagner le cœur et les esprits des masses, face au professionnalisme soviétique qui promeut un homo soviétique sain et agile, symbole de la puissance communiste, il faut créer l'unité des sportifs de l'Est. [...]
[...] La résistance est donc plus vive chez les Américains. Seule exception : Moscou ne croit pas aux larmes gagne un Oscar en 1980. C'est le même schéma pour les livres et les périodiques : Soviet Life ne trouve pas son public aux E-U (les communistes mis à part) alors que Amerika est très populaire en URSS, les exemplaires sont reproduits clandestinement, etc. (peu en vente) L'exposition américaine à Moscou en 1959 est l'exemple flagrant de la réussite de la promotion américaine en URSS. [...]
[...] Dans les années 60 encore de nécessité est réaffirmée : docu Senate 2. Le consensus va se faire alors autour de la rhétorique de la délivrance des nations captives Le gouvernement agit alors en soutenant des organisations anticommunistes, souvent liées à la CIA comme le National Committee for a Free Europe, crée en 1949 qui vise à organiser la propagande américaine derrière le rideau de fer grâce à Radio Free Europe. En septembre 1950, la NCFE lance la Campaign for freedom visant à récolter des fonds pour la RFE, les exilés de l'Europe de l'Est fournissent le matériel nécessaire pour la dénonciation du régime soviétique La Crusade for freedom permet permet aussi l'exaltation des valeurs américaines et la réaffirmation de son mythe de la destinée manifeste en opposant le bien contre le mal, la souveraineté à la dictature. [...]
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