En quoi la Guerre Froide a constitué un conflit unique dans l'histoire contemporaine au sens où il a perpétué une situation de paix impossible entre modèles fondamentalement opposés, et en même temps de guerre improbable entre nations pragmatiques.
[...] avaient certes l'intérêt à se faire face directement, mais en aucun cas celui de s'affronter militairement ; et cela explique que le conflit se soit achevé de la manière la plus simple, par la dislocation interne de l'un de ses deux acteurs principaux en 1991. Pour reprendre la qualification de la Guerre Froide proposée par Raymond Aron - « Paix impossible, guerre improbable » - nous montrerons en quoi la Guerre Froide a constitué un conflit unique dans l'histoire contemporaine au sens où il a perpétué une situation de paix impossible entre modèles fondamentalement opposés, et en même temps de guerre improbable entre nations pragmatiques. [...]
[...] » Raymond Aron n'aurait pu mieux résumer la Guerre Froide en quatre mots. Pendant près d'un demi-siècle, deux superpuissances, l'une d'inspiration politique et économique libérale, l'autre fondée sur le socialisme et l'économie planifiée et non-démocratique, vont se faire face et défendre des aires d'influences mondiales par le biais d'un arsenal militaire potentiellement destructeur et d'engagements internationaux fréquents et parfois très contestables. Jamais pourtant ces deux puissances ne s'affronteront directement, et ce essentiellement par crainte des conséquences pour soi d'un nouveau conflit mondial, quand bien même il serait gagné. [...]
[...] Aussi, dans le monde instable de nos jours, prendre du recul sur la Guerre froide permet de s'interroger sur les possibles futurs modèles de relations internationales que nous pourrions voir se dessiner dans les années qui viennent. S'il apparaît peu cohérent de regretter l'état de terreur que signifiait de facto « équilibre de la terreur » d'alors, peut être la Guerre froide était-elle cependant une période plus stable et moins complexe sur le plan des relations internationales, donc plus équilibrée, que ne l'est l'époque actuelle, illustrée par une multiplication des acteurs nationaux et non-nationaux. [...]
[...] Si des périodes de détente ponctuelles sont observées (l'une dans les années 1960 et 1970 après la crise de Cuba, l'autre dans la seconde moitié des années 1980 avec l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir), nombre de crises régulières, rappellent que la planète reste en état de tension incontestables durant l'ensemble de la période. La Guerre de Corée (1950-1953) en est un bon exemple : la Corée du Nord, alliée politiquement et idéologiquement à l'URSS, s'engage dans une invasion militaire de la Corée du Sud pro-américaine en 1950. [...]
[...] La planète sort de deux conflits mondiaux majeurs : aussi, des mécanismes diplomatiques ont logiquement été mis en place. Si l'ONU, créée en 1945, aboutit - comme aujourd'hui encore - souvent à des situations de blocage, elle n'en reste pas moins un cadre de dialogue inédit et inégalé. Etats-Unis et URSS eux-mêmes développent des systèmes de communication peu communs pour deux états en situation de « paix impossible » : ligne directe Washington-Moscou, sommets ponctuels . Et puis, la population civile elle-même se trouve de moins en moins enthousiaste à l'idée de guerre : populaire en 1914, celle-ci devient redoutée, avant d'être contestée et dénoncée. [...]
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