Après sa victoire aux élections législatives des 26 Avril et 3 Mai 1936, le Front Populaire, une alliance politique rassemblant les socialistes de la SFIO, le Parti Radical et soutenue par le Parti Communiste Français, suscite un élan d'espoir et d'enthousiasme en France. En effet, constitué en tant que front commun et unis depuis 1934 devant le péril fasciste qui effraye depuis le fameux « coup » du 6 Février, le Front Populaire insuffle un vent de fraîcheur en France et apparaît pour le monde ouvrier comme le lieu du renouveau pour le socialisme. Ainsi, les accords de Matignon signés en Juin 1936 constituent-ils un symbole de l'état d'esprit général qui règne au sein de la société française. Pourtant, la politique du Front Populaire va être mise à mal quand la Guerre d'Espagne se déclenche les 17 et 18 Juillet 1936 avec le soulèvement militaire et civil du camp franquiste (...)
[...] Il y a eu 9500 volontaires français sur engagés selon Rémi Skoutelsky, chercheur spécialisé sur la Guerre d'Espagne, originaires le plus souvent d'un milieu ouvrier et liés à des réseaux comme le Parti communiste, les réseaux syndicaux (CGT ou CGTU), ou le Secours rouge international. Cet engagement reflète la volonté d'une partie de la population de lutter, par solidarité ouvrière, au fascisme et peut être considéré comme la rencontre entre la volonté personnelle du citoyen français qui s'engage par solidarité et la logique du parti, le PCF qui réagit aux directives du Kominterm. [...]
[...] Pour la CGT, la politique de neutralité n'est qu'une duperie. Elle doit être déconsidérée, les démocraties ne doivent pas céder aux insolentes agressions du fascisme international. La neutralité est devenue une véritable hypocrisie et le 5 Septembre une grève d'une heure annoncée par une délégation de métallurgiste de la Seine se transforme, le en un mouvement de masse rassemblant 80% des métallurgistes parisien et symbolise la fracture du monde ouvrier vis-à-vis de la décision gouvernementale de neutralité. Ainsi, Léon Blum se trouve vite prisonnier de sa politique de non- intervention qui, selon Jean Lacouture, ne constitue qu'un pis-aller qu'il lui fallut couvrir, faut de mieux (Léon Blum). [...]
[...] De plus, dans une société qui aspire au pacifisme et qui considère la Grande Guerre comme la der des ders fallait-il intervenir devant les menaces de l'extrême-droite de provoquer une guerre civile contre les communistes ? Dans ces conditions, la position du Front populaire reste censée même si elle demeure relativement délicate devant les aspirations d'une partie de la population et participe à l'échec du Front populaire. En effet, le 10 Avril 1938, Daladier devient le nouveau Président du Conseil et met fin à l'expérience du Front populaire. Il est clairement un partisan de la non-intervention et va considérablement modifier la position de la France face à la Guerre d'Espagne. [...]
[...] En effet, si la perception du conflit en France est celle d'une opposition entre fascistes et républicains (n'oublions pas la fameuse crainte du péril fasciste depuis le coup avorté du 6 Février 1934), la Guerre d'Espagne oppose le Frente popular aux franquistes. Or, le Frente popular n'est pas le Front populaire français : il est composé certes de républicains mais aussi de communistes (avec le POUM et le PCE), de trotskystes mais aussi d'anarchistes avec la CNT qui soutient le gouvernement. [...]
[...] Finalement, la position française face à la Guerre d'Espagne se révèle être relativement paradoxale : entre une volonté d'agir, une solidarité et un soutien sincère aux républicains espagnols et une réalité politique et sociale contraignante, les gouvernements français n'ont jamais su adopter une position et une ligne de conduite clairement définie vis-à-vis de l'Espagne, oscillant entre une non-intervention relâchée et une rupture totale du soutien. La France accueillera finalement réfugiés exilés par la défaite dans des conditions difficiles en 1939 et n'aura jamais clairement défini sa position face à un nouveau régime dictatorial qui ne garantit en rien son attitude en cas de conflit européen. Bibliographie : Manuels Ambrosi Arlette, Ambrosi Christian, La France de 1870 à nos jours Ouvrages Bernstein, Serge, La France des années 1930 Skoutelsky, Rémi, L'Espoir guidait leurs pas. [...]
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