Le terme de « Question d'Orient » est généralement utilisé par les historiens pour désigner dans le cadre du XIXe siècle un enchaînement d'événements confrontant les puissances européennes en Asie. Cette définition garde une acception large étant donné qu'il y a au départ en fait non pas une mais plusieurs questions d'Orients (une centrée sur la dislocation progressive de l'Empire ottoman, une autre concernant la situation en Asie centrale, plus particulièrement au Turkestan, en Iran et en Afghanistan, toutes deux ayant pour enjeu l'accès aux mers chaudes (Méditerranée, Océan Indien), une troisième enfin impliquant la Chine et le Japon). Aujourd'hui pourtant, lorsqu'on parle de question d'Orient sans autre précision, on se réfère bien à la première problématique ayant pour cadre le proche orient ottoman.
La guerre de Crimée désigne le conflit qui se déroule entre 1853 et 1856, opposant la Russie à une coalition comprenant l'Empire ottoman, la France de Napoléon, et le royaume britannique de la reine Victoria. Litige au sujet des lieux saints dans un premier temps, le conflit qui va aboutir au déclenchement de la guerre de Crimée, se révèle très vite cacher les ambitions impérialistes de la Russie sur l'Empire ottoman en proie a de nombreuses difficultés internes auxquelles les dirigeants ont du mal à remédier. Face à cette volonté de protectorat russe sur les populations des Balkans, l'on assiste à un renversement des alliances et à la collaboration de la France et de l'Angleterre qui se portent au secours de l'Empire ottoman.
L'objet de ce travail sera notamment de démontrer que l'étude de la guerre de Crimée se doit d'être appréhendée non pas comme l'étude d'un conflit parmi d'autres s'inscrivant dans une continuité banale de « la » question d'Orient, mais l'étude d'un élément majeur du XIXe siècle ottoman et européen qui constitue bien une guerre charnière parce qu'elle aboutit à des restructurations territoriales, diplomatiques, politiques, économiques et sociales tant nationales qu'internationales dont les répercussions sont pour certaines encore perceptibles aujourd'hui.
[...] Il s'agit donc pour le sultan de satisfaire tour à tour les volontés de chacun. En ce qui concerne les moines orthodoxes et chrétiens, l'enjeu est beaucoup plus important de par le fait que les lieux saints ne représentent pas pour eux la simple suprématie d'une confession sur une autre, mais l'entreprise à laquelle ils doivent leur survie. En effet, célébrer l'office signifie avoir accès aux offrandes et aumônes. Pour les moines, le saint lieu est l'entreprise à laquelle ils doivent leur survie dans ces régions hostiles. [...]
[...] Ils transférèrent donc leurs troupes petit à petit dans la ville pour aider les défenseurs. Vers la fin novembre, le temps se dégrada et l'hiver dévasta les campements alliés et leurs réserves de nourriture. Les hommes et les chevaux tombèrent malades et souffrirent de la faim dans ces conditions difficiles. Alors que Totleben faisait étendre les fortifications autour de Redan, l'ingénieur en chef britannique John Burgoyne) chercha une solution pour prendre Malakoff, qu'il pensait indispensable pour prendre ensuite Sébastopol. Des travaux furent entrepris pour rapprocher les alliés de Malakoff. [...]
[...] Les serfs de domaines impériaux ne seront émancipés qu'en 1863 et les paysans de l'Etat en 1866. Les paysans libérés du servage reçurent une allocation de terre (variable suivant la région), quant aux anciens propriétaires nobles, ils furent compensés de leur perte en terre et main-d'œuvre par une forme de titres d'Etat encaissables immédiatement que le régime contrebalançait sous la forme d'un impôt spécial de rédemption que les paysans durent verser pendant encore 49 ans. Plus largement, la fin du servage et de l'autorité seigneuriale sur les serfs entraine une restructuration profonde de l'administration locale: on assiste à la formation en 1864 d'organes de gouvernement autonome dans les districts et autres provinces, constitués de représentants de paysans et de propriétaires terriens nobles. [...]
[...] Le renversement des alliances Pour la Russie, un éloignement franco-britannique constituait depuis longtemps la condition sine qua non à toute intervention en Orient. Le 09 janvier 1853, à l'occasion d'une fête mondaine, le tsar Nicolas entretient l'ambassadeur d'Angleterre Hamilton Seymour au sujet de l'amitié russo-britannique et de l'affaiblissement de l'Empire Ottoman Nous avons sur les bras un homme malade ( ) il peut subitement mourir et nous rester sur les bras (extrait de l'entretien entre Nicolas et Hamilton Seymour). Le tsar l'entretint également sur une possible occupation future de Constantinople par la Russie s'il n'y a point de précautions prises ; et sur la question des lieux saints, au sujet desquels le sultan avait manqué de parole à la Russie. [...]
[...] Le protocole de ce front de diplomatie place la Russie en position de faiblesse. Aussi les conditions de paix adressées au tsar comportent le respect des frontières de l'Empire et de son intégrité. L'Empire Ottoman ne dévoile pas encore ses plans et la France se place toujours pacifiquement dans le conflit espérant qu'il aboutisse à une paix prochaine. Cette conférence de Vienne a lieu quelques jours après l'évènement majeur que constitue la destruction de la flotte turque par les Russes à Sinope, non loin de Sébastopol. [...]
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