Ce qui est communément appelé aujourd'hui la « décennie noire » algérienne est le fait d'un conflit armé qui a embrasé le pays pendant les années 1990, opposant le régime militaire en place depuis l'indépendance au mouvement islamiste principal, le FIS (Front islamique du salut), et à d'autres groupuscules de la même obédience connus sous le nom de GIA (Groupes islamiques armés).
Compte tenu tout d'abord du fait que ce conflit mit aux prises deux entités d'une même nationalité : une autorité souveraine, l'Etat, et des groupes rebelles contestant cette autorité et exprimant des velléités d'accession au pouvoir. Étant donné ensuite que cet affrontement causera des dizaines de milliers de pertes civiles, toutes algériennes, il paraît raisonnable d'affirmer que ce conflit réunit toutes les caractéristiques d'une guerre civile.
L'objet de ce travail ne sera pas de traiter de la guerre civile en elle-même : les conditions dans lesquelles elle se déroule, les différentes parties qui prennent part au conflit, les buts déclarés des acteurs, les différents modèles idéologiques en présence…etc. En effet, l'analyse se focalisera sur les causes qui ont contribué à l'émergence du conflit algérien, sur ce qui a mis « le feu aux poudres ».
Pour répondre à cette problématique, il sera fait état dans une première partie de la crise qu'a traversée l'Etat algérien depuis le début des années 1980 (I), puis dans une deuxième partie nous analyserons la manière dont les islamistes algériens, à travers le FIS, sont parvenus à s'imposer progressivement aussi bien au sein de la société civile que dans le champ politique(II).
[...] Ce régime autoritaire persiste encore aujourd'hui, malgré les contestations (que nous analyserons plus tard) dont il fut l'objet à la fin des années 1980. Reposant pendant près de 30 ans sur cette légitimité guerrière et nationaliste, le FLN n'a jamais eu à affronter la moindre élection libre. Par ailleurs, le régime en place a toujours cultivé une grande opacité dans son mode de gouvernance et ses prises de décision, à tel point que tous les observateurs avisés de la situation algérienne, notamment le sociologue Lahouari ADDI, s'accordent à dire que le pouvoir réel est, depuis l'indépendance, aux mains de l'armée et de quelques généraux, par opposition au pouvoir formel constitué par l'exécutif algérien : le Président et le gouvernement. [...]
[...] L'objet de ce travail ne sera pas de traiter de la guerre civile en elle- même : les conditions dans lesquelles elle se déroule, les différentes parties qui prennent part au conflit, les buts déclarés des acteurs, les différents modèles idéologiques en présence, etc. En effet, l'analyse se focalisera sur les causes qui ont contribué à l'émergence du conflit algérien, sur ce qui a mis le feu aux poudres Pour répondre à cette problématique, il sera fait état dans une première partie de la crise qu'a traversée l'Etat algérien depuis le début des années 1980 puis dans une deuxième partie nous analyserons la manière dont les islamistes algériens, à travers le FIS, sont parvenus à s'imposer progressivement aussi bien au sein de la société civile que dans le champ politique (II). [...]
[...] Ce régime, qui verrouille totalement le système politique, a connu sa première véritable contestation ouverte en avril 1980, lorsqu'il décida d'annuler une conférence qui devait se tenir sur le thème de la poésie berbère. En effet, il convient de rappeler ici que l'Algérie, bien qu'étant homogène sur le plan religieux, avec un islam sunnite largement diffusé à toute la population, n'est pas unie sur le plan ethnique puisque les Berbères, qui représentent près de 25% de la population du pays et qui sont majoritairement établis dans la région de Kabylie, s'opposent aux Arabes par leur culture, leur histoire et bien sûr leur langue (le Tamazight). [...]
[...] Cela révèle une limite dans la théorie élaborée par Kalyvas selon laquelle, dans les nouvelles guerres civiles les acteurs rebelles seraient dépourvus de tout appui populaire et seraient des groupes faiblement politisés. Tandis que les hittistes voyaient dans cette idéologie un moyen de s'insérer dans la vie sociale, les jeunes diplômés algériens attendaient des islamistes qu'ils arabisent le marché du travail. D'ailleurs, bien qu'il se présente comme un parti religieux, le parti islamiste principal (le FIS, Front Islamique du Salut) est sans doute d'abord et avant tout un parti nationaliste, qui souhaite instaurer un Etat islamique fondé sur la vertu et soucieux du bien-être tant matériel que spirituel de la population (Luis Martinez), et opérer une arabisation de la vie sociale dans son ensemble. [...]
[...] Alors que 70% de la population a moins de 30 ans, le chômage atteint 35% de la population active, et les diplômés n'échappent pas à cette statistique. L'offre en logement est beaucoup trop faible par rapport à la demande : les enfants qui atteignent l'âge adulte s'entassent chez leurs parents avec leur femme et leurs enfants, les bidonvilles se multiplient. Le phénomène du hittisme prend de l'ampleur (vient de hitt en arabe qui signifie mur : désigne les jeunes qui, n'ayant rien à faire de leur journée, passent leur temps adossés contre les murs de la ville. [...]
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