Guerre d'Algérie, écran de télévision, de Gaulle, nouveau média, politique algérienne de de Gaulle
Comme le souligne Benjamin Stora, qui peut sans exagération être désigné comme un des plus grands spécialistes français de la guerre d'Algérie, il demeure « encore largement ancré dans les esprits, que la guerre d'Algérie, qui fut longtemps une guerre sans nom, fut aussi une guerre sans image, une guerre invisible. Ne doit pas faire oublier que les contemporains ont été régulièrement confrontés à cette guerre, au cinéma, à la télévision naissante et dans les magazines illustrés ». En effet, cette guerre, dont il fallut d'ailleurs attendre la loi du 18 octobre 1999 pour que soit officiellement substitué le terme de « Guerre d'Algérie et combats en Tunisie et Maroc » à l'expression « opérations en Afrique du Nord », prend place dans une période charnière.
Celle d'une IVe République instable de par ses institutions, que cette deuxième guerre de décolonisation dont on n'ose prononcer le nom va faire chuter, faisant vaciller la démocratie française, amenant l'homme providentiel au pouvoir, de Gaulle.
C'est celle également des premiers pas de la télévision comme média de masse, celle des débuts de la communication politique audiovisuelle, de dirigeants souvent profanes et maladroits quant au petit écran.
[...] Le vocabulaire des journalistes est réglementé : Par exemple le mot GPRA est interdit à l'antenne et bien sûr le terme guerre ne doit en aucun cas être utilisé. -Les journalistes, bridés, pratiquent l'auto censure. Les écrivains et les artistes qui ont signé le manifeste des 121 sont interdits d'antennes. (Sartre, De Bauvoir) Ce que relatent la TV et le journal TV entre 58 et 62, c'est avant tout la mise en œuvre de la politique algérienne de De Gaulle et les réactions engendrées par cette politique. -Chaque étape de la politique algérienne est marquée par un référendum annoncée et expliquée à la TV par De Gaulle. [...]
[...] Les interdits forgés entre 54 et 62 sur la guerre d'Algérie demeurent pour l'essentiel jusqu'en 1980. La subordination de la TV au pouvoir politiques, l'autocensure qui en était le complément nécessaire, mais aussi les tabous du corps social, tout contribua à faire de la guerre proprement dite une zone d'ombre prolongée. A voir les remous qu'a provoqué la sortie du film de Rachid Bouchareb Hors la loi en 2010 et la non célébration par les pouvoirs publics des 50 ans du 17 octobre 1961, la plaie du conflit algérien ne semble pas encore tout à fait fermé. [...]
[...] La question algérienne est donc traitée sous le trait que l'Etat veut montrer, celle d'une présence militaire pour la paix et le développement. A. Un média marginal, audio visuellement encore dans l'ombre des actualités françaises -Tout d'abord il faut rappeler la télévision équipe des foyers en 1954, et ne connaît qu'une véritable expansion au début des années 1960. Durant cette période, la suprématie de la presse illustrée dans le domaine de l'information par l'image est nette, d'autant plus que la faiblesse des moyens financiers, matériels et techniques ne permet pas à l'information télévisée d'assurer une couverture en direct des événements internationaux. [...]
[...] Il n'y a pas de trace de guerre, les armes sont interdites au générique. La censure, omniprésente conduit logiquement à l'auto censure comme le raconte le réalisateur Philippe Broca, qui fut reporter au Service Cinématographique des armées pendant la guerre d'Algérie : Si je filmais des soldats français commettant des actes de violence, l'officier censurait immédiatement ces séquences. Alors petit à petit je ne les filmais plus Sous l'apparence de documentaires classiques, les images télévisuelles d'Algérie représentent le soldat dans son rôle de protection et de pacification, poursuivant l'action civilisatrice et pacificatrice de la France menacée par les fanatiques. [...]
[...] et Stora La Guerre d'Algérie à l'écran, CinemAction, Paris 1997. -Benjamin Stora, Imaginaires de guerre, Algérie-Vietnam, La découverte, Paris -Jean Pierre Rieux, La guerre d'Algérie et les Français, Fayard -Caroline Ulmann-Mauriat, Radios et télévision au temps des événements d'Algérie, Paris, L'Harmattan -Laurent Veray, Montrer la guerre : la photographie et le cinématographe, Guerre et cultures, Armand Colin Alexandre Laubé La guerre d'Algérie à l'écran Quelle relation entretient avec la guerre d'Algérie la télévision, nouveau média qui connaît une phase singulière de démarrage? [...]
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