Guerre Algerie France De Gaulle 1954 1962 Secret Censure Historien Torture Decolonisation Histoire Etat
Nous nous intéresserons ici à savoir pourquoi la France ne s'est pas réellement remis de cette guerre, qui près de cinquante ans après la signature de l'arrêt des combats, comporte encore un grand nombre de mystères, de non-dits et de secrets. Il sera également question de savoir quels moyens ont été mis en place pour réussir à conserver ces secrets pendant près d'un demi siècle, et comment les historiens et les gouvernements tentent depuis quelques années de lever le voile sur une partie de notre histoire encore trop méconnue.
[...] Nous verrons tout d'abord que la guerre d'Algérie est synonyme de secret et comporte un grand nombre de non-dits qu'il est encore difficile d'admettre aujourd'hui pour certains, puis nous verrons quels ont été les moyens de conservation de ce secret et le difficile travail de mémoire mis en place pour rompre la politique de l'oubli quand à cette guerre. I. La guerre d'Algérie ou le règne du non-dit et du secret La guerre d'Algérie, par sa gravité, son ampleur, et par sa résonnance encore à l‘heure actuelle, doit être considérée comme une période importante de l'histoire française. Or c'est une période, qui semble aujourd'hui oubliée par un grand nombre, au premier rang desquels, les étudiants, faute de cours sur le sujet. [...]
[...] C'est ainsi qu'en 1990, un débat télévisé sur la guerre d'Algérie eut lieu sans historien, le rôle du scientifique étant tenu par un psychanalyste. Ce n'est qu'en octobre 1988 que le premier colloque sur la France face à la guerre d'Algérie fut organisé à Paris par l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP); mais il fallut attendre sa publication en 1990 pour que ce nouveau champ de recherche retienne l'attention des médias. En même temps, les premiers signes d'une attitude plus ouverte des pouvoirs publics en matière d'accès aux archives commençaient à se manifester, non sans hésitations. [...]
[...] Mais le poids de la honte a longtemps étouffé les témoignages. Le viol en Algérie, n'a pas été une institution ou une politique planifiée comme cela put être le cas en Bosnie. Car crime au regard du Code pénal, il est interdit dans l'armée française. Quand les viols sont signalés à l'autorité, leurs auteurs sont déférés devant la justice militaire et sanctionnés, sauf que les cas signalés sont rares. Parce que cette forme de torture est quatre fois tue: par la victime humiliée, blessée, qui a « perdu son honneur »; par l'entourage, la famille, le village qui considèrent l'outrage comme une honte collective; par le soldat violeur; et par ses chefs. [...]
[...] Dans certains villages, le viol n'est alors plus un « accident » mais une pratique quasi-habituelle. La torture est le viol atteignent leur apogée, dans un centre dont le nom est devenu synonyme d'horreur: la célèbre « villa Susini ». Henri Pouillot, jeune appelé, a vécu dix mois d'enfer dans cette villa et il raconte que « les coups n'étaient généralement que les hors-d'œuvre, venaient ensuite les brulures de cigarettes, le viol, l'électricité, l'eau ». Pour les appelés qui logent à la villa, le viol devient « le moment de distraction de très loin le plus attendu », et il arrivait que des soldats d'un autre cantonnement viennent même « profiter de ce défoulement ». [...]
[...] Cependant, les chiffres existent. Certains chercheurs et historiens se sont penchés sur le sujet avec une rigueur scientifique, parmi lesquels André Prenant mais dont les travaux sur la démographie en Algérie ont été passés sous silence, le professeur Xavier Yacono qui publie en 1982 une étude sérieuse sur les pertes en Algérie, ou encore le travail de l'historien Charles Robert Ageron. Il existe donc une vérité quand au bilan des pertes de cette guerre. Les plus faciles à établir sont les pertes de l'armée française million de soldats - et non pas 3 millions - ont été envoyés en Algérie et en novembre 1968, le ministre des Armées indiquait que le total des pertes françaises militaires approchait les hommes (comprenant les soldats morts au combat, dans les attentats, de maladie ou accidentellement - en manipulant des armes à feu, ou au volant de leur véhicule Les civils français dits « européens » - avant de devenir « pieds-noirs » - ont été eux aussi durement touchés par les combats, les attentats, les assassinats et les disparitions. [...]
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