Au cours des années qui précédèrent le printemps 1789, celui des états généraux qui devait amorcer la Grande Révolution, les troubles annonciateurs se multiplièrent : conflit de pouvoir et manifestations de mécontentements . Si les femmes ont participé aux diverses « journées », ce fut aux côtés de leurs maris, de leurs frères, de leurs fils mais très rarement pour elles-mêmes.
Entre janvier et mai 1789, on compte près de 2639 publications, c'est une véritable explosion des pamphlets, des feuillets liée au fait que la censure n'est plus.
C'est dans ce contexte et dans ce mouvement que fut rédigé notre brochure, notre extrait de pamphlet : Griefs et plaintes des femmes mal mariées, pour l'Assemblée Générale puisque la pétition s'adresse à « nos seigneurs de l'Assemblée Générale ». Mais deux tendances s'opposent quant à sa date de parution et quant à son auteur : C. MARAND-FOUQUET et beaucoup d'autres soutiennent que ce pamphlet fut rédigé en 1789 et par un certain De Cailly ou De Caitly, en tout cas par un homme. L'autre opinion, soutenue par P-M DUHET, affirme que le texte a été élaboré en 1790 et est sûrement l'œuvre de femmes. Cette hypothèse peut nous paraître contestable dans la mesure où l'œuvre de P-M DUHET est un peu ancien et le texte n'a pu être rédigé en 1790 pour la raison suivante : Dans le Moniteur Universel, journal très célèbre, paru le 15 décembre 1789 un article expose et résume le contenu des Griefs et plaintes des femmes mal mariées, ainsi, on peut supposer qu'il s'agit d'un pamphlet alors récent puisqu'il se trouve « chez les libraires du Palais-royal », précise le journal donc il ne peut être en aucun cas paru en 1790.
[...] Le décret, désigné Tametsi, vise les mariages clandestins. C'est notamment pour lutter contre ces mariages clandestins que sont mis en place des procédures à respecter pour la validité d'un mariage, au sens catholique du terme. Dans l'extrait des Griefs et plaintes des femmes mal mariées, l'auteur s'élève contre cela : l 87-92 [ ] le moindre défaut ecclésiastique emporte la nullité d'un mariage [ ] En effet, avant que soit contracté un mariage, le propre curé des parties contractantes annonce trois fois publiquement dans l'Eglise, pendant la messe solennelle, trois jours de fêtes consécutifs, les noms de ceux qui doivent contracter mariage. [...]
[...] Car le mariage reste surtout du ressort de l'Eglise, qui attache plus à la forme qu'au fond, dénonce l'auteur : la forme est tout, le fond n'est rien : voilà la loi il montre l'exemple de personnes unies par l'amour, qui mène une vie exemplaire mais qui à cause d'un manquement à la forme de la cérémonie religieuse et formalité du mariage voient leur mariage déclaré nul. Il y a aussi le cas où c'est le parlement qui annule un mariage. Ce cas ne semble pas être évoqué par l'auteur. C'est l'appel d'abus, un moyen de droit imaginé par les parlements. [...]
[...] Ceci, l'auteur ne le dit pas explicitement mais il le sous-entend très fortement en s'appuyant sur l'argument religieux et biblique. Il tente ainsi de répondre aux réticences face au divorce, aux peurs inspirées par l'Eglise et dans une certaine mesure de convaincre l'Assemblée Générale. Pour montrer que la loi sur le divorce se trouve dans la continuité de l'esprit de Révolution, il rappelle quelques mesures déjà prises . En effet, pour convaincre davantage, l'auteur évoque le cas des serments, qu'on ne pouvait pas délier mais que la Révolution a changé. [...]
[...] Ce débat sur le divorce ne date pas de la Révolution mais de bien avant. Mais il convient d'expliciter ce qu'on entend par divorce. Il faut distinguer la notion de divorce à celle de séparation, qui implique la séparation de corps et de bien, rupture des obligations conjugales. La séparation quant au sacrement ou quant au lien est le divorce. La séparation ne rompt pas le lien conjugal, par opposition à l'annulation (qui constate l'absence de lien) et au divorce (qui rompt le lien). [...]
[...] Beaucoup de journalistes de 1789 disent que oui. Dieu ne l'a pas interdit au premier peuple élu, le Quod Deus conjunxit, homo non separet des Evangiles est regardé comme un argument en faveur du divorce, s'il n'est pas possible de séparer ceux que Dieu a unis, on peut, on doit même séparer ceux qu'il a désunis. Quand dans un ménage la mésentente s'établit, n'est ce pas l'effet de la volonté divine ? Cette volonté de faire légaliser les choses est profondément ancrée chez l'auteur, ainsi on peut voir l55-57 ce nœud reprouvé de Dieu même, ou plutôt laissez une loi sage et juste briser cette chaîne affreuse forgée de l'enfer Plus qu'admettre cela, l'auteur exprime la volonté d'inscrire cela dans la loi et le droit français : le divorce doit être légalisé selon l'auteur : c'est l'idée que pour délier ou briser l'indissolubilité du mariage, il faudrait pouvoir le garantir par une bonne loi. [...]
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