La grève des mineurs qui a éclaté en 1984 au Royaume-Uni, en réaction à l'annonce de la fermeture d'une vingtaine de puits houillers non rentables à travers le pays, est le conflit social britannique le plus important depuis 1926. Il est sans équivalent par sa durée, de mars 1984 à mars 1985, par son ampleur, ayant mobilisé plus de 73 % des mineurs, ainsi que par les épisodes de violence qui le caractérisent, avec plus de 20 000 blessés, 6 morts et 11 000 arrestations. Il oppose les mineurs et leur syndicat, la National Union of Mineworkers (NUM) menée par Arthur Scargill, au National Coal Board (NCB) dirigé par McGregor depuis 1983 et soutenu par le gouvernement. Ce conflit a eu lieu dans une période de crise économique mondiale et de recul des conquêtes sociales du monde ouvrier face au néolibéralisme, incarné par Margaret Thatcher, Premier Ministre depuis 1979. La singularité de ce conflit social est le clair parti-pris du gouvernement qui tire largement les ficelles des décisions de la NCB, les mines ayant été nationalisées après la guerre, et en fait un conflit non seulement social, mais également politique en désignant les mineurs en grève comme les « ennemis de l'intérieur ».
[...] Le conflit se solde le 3 mars 1985 par le retour au travail des mineurs, qui n'ont obtenu aucun compromis. C. Des rapports de force déséquilibrés et largement en faveur du NCB Les parties prenantes (c'est à dire les individus qui peuvent être affectés par le conflit et qui peuvent l'influencer en retour) à considérer dans l'étude des rapports de force de ce conflit sont : les mineurs, la NUM, le NCB, le gouvernement, l'opinion ouvrière, l'opinion publique anglaise en générale, et même l'opinion internationale. En apparence, les mineurs ont plusieurs atouts de leur côté. [...]
[...] Une négociation qui se solde par un passage en force du gouvernement et la frustration des mineurs Le conflit se clôt par la reprise du travail et la défaite des mineurs, qui n'ont réussi à obtenir aucune concession. Un an seulement après la fin de la grève, vingt-quatre puits ont été fermés et Mc Gregor est revenu sur la seule vraie concession qu'il avait faite, en suspendant le droit à un arbitrage lors de la procédure de fermeture des puits. [...]
[...] La position des mineurs est surtout défensive et s'oppose à la fermeture des puits. Le mandat de la NUM est la préservation des emplois des mineurs et la revendication qu'aucun puits ne soit fermé tant qu'il n'est pas géologiquement épuisé ou que l'environnement de travail n'y est pas dangereux. Mais la NUM ne propose aucune autre solution que le retour au statu quo ante. Au contraire, le mandat du NCB repose sur des critères de rentabilité et exige un troisième critère à la fermeture des puits : leur aspect non économique Pour Mc Gregor, seules les modalités d'application du plan charbonnier sont négociables, mais pas son contenu. [...]
[...] Le 7e C de la structure de la négociation, conserver la relation», n'a pas été respecté puisqu'à la sortie du conflit subsiste une réelle amertume entre les parties et entraine de graves conséquences pour les mineurs et plus largement pour le syndicalisme et le mouvement ouvrier britannique. Bibliographie : - BELLANGER Lionel, La négociation, Que sais-je (pp. 5-12 et 37-54) - BREVILLE Benoit, ReKACEWIZC Philippe, RICHARD Lionel, RIMBERT Pierre, VIDAL Dominique, Et Margaret Thatcher brisa les syndicats, in Atlas Histoire, Monde diplomatique, La Librairie Vuibert (pp.88-89) - BURGI Noëlle, LERUEZ Jacques, La grève des mineurs britanniques (mars 1984 - mars 1985), in Revue française de science politique, V.36 (pp. 646-671) - CHILDS Davis, Britain since 1945, A political history, édition Routledge (pp. [...]
[...] Les deux parties auraient donc véritablement eu intérêt à céder davantage de terrain. En résumé, cette négociation n'a pas donné lieu à un aménagement maîtrisé de la situation, mais à l'imposition d'une décision par les acteurs en position de force. Les rapports de force étaient déséquilibrés dès le départ et les parties ont été incapables d'accepter le compromis en trouvant des intérêts communs. Le NCB et le gouvernement n'ont pas essayé de connaître et de comprendre la situation précaire des ouvriers avant d'entamer les négociations. [...]
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