La grève, comme l'atteste l'œuvre de Zola, se définit comme la cessation collective et concertée de travail par les salariés dans le but faire pression sur le groupe qui les emploie afin d'obtenir leurs revendications. Enjeux politiques et sociaux majeurs durant la seconde moitié du XIXe siècle, légalisées en 1864, les grèves se multiplient et semblent ainsi être devenues l'horizon indépassable de la lutte.
Quelles que soient les revendications sociales, la grève paraît inévitable, incontournable, comme une conclusion logique, voire le seul moyen d'action de la classe pour que celle-ci se défende ou se fasse entendre. Pourtant, force est d'admettre le développement parallèle de nombreuses organisations syndicales, locales ou nationales, ainsi que la politisation progressive de la question ouvrière. Bien que moins impressionnants que la grève, encore pourtant fréquemment utilisée, les succès contribuent tout autant à l'émancipation du mouvement ouvrier.
Face au développement d'autres moyens de lutte dans la seconde moitié du XIXe siècle, la grève demeure-t-elle l'aboutissement inévitable de la lutte ouvrière ?
[...] La grève, du fait de sa multiplicité et de l'augmentation de sa durée, semble être l'unique moyen de pression de la classe ouvrière. Cependant, la grève est concurrencée par le nouveau succès du syndicalisme ainsi que la politisation progressive de la question ouvrière. C'est à travers l'acceptation par le mouvement syndicaliste de la grève générale qu'elle devient l'horizon indépassable de la lutte, mais sous une forme nouvelle, portée politiquement et médiatiquement. Problématique : à l'heure de la diversification des moyens de lutte (naissance du syndicalisme, organisation partisane et politique, manifestations de rue) et de l'apparition d'une conscience de classe la grève reste-t-elle toujours l'unique moyen d'attaque et de défense des salariés, l'aboutissement logique et inévitable de toute lutte ouvrière ? [...]
[...] La période 1871-1895 est celle d'un marasme économique global en Europe, d'une chute des prix et d'une précarisation de la condition ouvrière, ce qui entraîne une poussée des grèves et leur allongement : la grève est considérée comme le moyen de lutte par excellence, le plus approprié et efficace pour améliorer et défendre les conditions de travail Une lutte ouvrière divisée Certes, de 1871 à 1895, le nombre de grèves croît de 1400%, réunissant en moyenne 1500 ouvriers. Cependant, ces mouvements de protestation se caractérisent par leur caractère éphémère. [...]
[...] Transition : La grève est donc un moyen de pression spécifiquement ouvrier, portant partout en Europe, au niveau local du corps de métiers ou de l'entreprise, des revendications précises sur le salaire ou les conditions de paiement. Cependant, le mouvement manque d'unité et d'unanimité : les grands mouvements ouvriers d'Europe sont réprimés (épisode de la Semaine Sanglante, lois antisocialistes de Bismarck en Allemagne en 1878), les grèves échouent parfois, et le mouvement manque de moyens, de fonds, d'idéologie. C'est avec la renaissance du syndicalisme, l'essor du socialisme en tant que force politique, des partis ouvriers, des organisations ouvrières internationales, que la lutte ouvrière entraperçoit une nouvelle voie de développement face à l'impasse de la grève. [...]
[...] Une action unie Le nombre de grèves, de grévistes, de journées perdues est ascendant de 1896 à 1906. De 1906 à 1914, le mouvement se crispe. Cette croissance est manifeste- 146 de 1871 à 1890 contre 1219 entre 1910 et 1913- et concerne davantage de salariés- salariés en moyenne entre 1890 et 1899 et de 1910 à 1913-, s'étend dans le temps dépassant à partir de 1899 toujours 15 jours. Le 1er mai 1906 incarne cette action unie voulue par la CGT car la revendication commune de l'ensemble des grévistes de la journée de 8 heures se concrétise à travers une véritable grève générale. [...]
[...] L'idée de socialisme se répand dans l'opinion publique européenne, et tend à former une force politique majeure et cohérente dans tous les paysages politiques. La résurrection de l'idée socialiste dans la deuxième moitié du XIXe siècle instaure la lutte ouvrière comme le nouvel ennemi. En 1880, Jules Guesde et Paul Lafargue fondent le Parti Ouvrier Français d'idéologie marxiste. En Allemagne se crée le SAP (Sozialistische Arbeiterpartei, parti ouvrier socialiste, qui deviendra le SPD). C'est en 1900 qu'apparaît le parti travailliste anglais. Tous ces partis politiques sont très ancrés dans l'internationalisme de la lutte ouvrière. [...]
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