« L'histoire serait le cachet du siècle comme la philosophie avait donné le sien au XVIIIème » Augustin Thierry. En effet, après la Révolution Française, l'histoire devient le moyen par excellence de comprendre les événements. D'après Michel Foucault, le XIXème siècle se caractérise surtout par le passage du « tableau » à « l'histoire », donnant ainsi un sens interprétatif à l'empiricité. L'histoire, devenue science maitresse, cherche alors à retrouver la rationalité derrière un chaos apparent pour pouvoir déchiffrer et infléchir le cours de choses. Par conséquent, la Révolution Française est la matrice de la réforme historique.
Tout au long du XIXème siècle, l'historiographie oscille entre art et science, cherchant tantôt fonder un projet politique, tantôt instaurer une méthode érudite d'analyse. Dans quelle mesure peut-on affirmer que les grands courants historiques du XIXème siècle ont contribué à mettre l'histoire au service de la politique et de société ? Peut-on parler d'un usage social de l'histoire ? Pourtant, il y a-t-il une certitude historique ?
S'il est vrai que d'une part toute une tradition intellectuelle est bouleversée afin d'établir un discours politique, d'autre part, le refus de l'analyse romantique adopte une véritable méthode historique fonder sur l'érudition et sur l'objectivité.
[...] Il demeure ainsi le principal historien de conviction libérale. En Allemagne, Mommsen (1817-1903) adopte la vision romaine face à la Grecque. Il voit dans les Romains une unité qui a su concevoir et réaliser une société politique. Selon lui, à Rome, L Etat était tout et l'extension de l'Etat était la seule pensée sublime qui ne fut pas méprisée. Il exalte ainsi l'histoire romaine en affirmant l'existence d'un sentiment pour l'individu de vivre dans un corps politique vaste en englobant, qui constitue finalement la liberté Malgré l'opposition qu'il infligea à Bismarck, Mommsen soutient le processus d'unification. [...]
[...] L'expérience révolutionnaire a sans doute joué dans le sens de créer une histoire nationale. La plupart des historiens ont avoué s'être intéressés à l'histoire pour y retrouver leur conviction. La Restauration voit la maturité d'une génération qui bouleverse le passé. Augustin Thierry considère dans Lettres sur l'histoire (1817) que la situation tout entière donne à l'histoire, considérée sous le point de vue politique, le plus pressant intérêt et ressent que préoccupe d'un vif désir de contribuer pour ma part au triomphe des opinions constitutionnelles, je me mis à chercher dans les livres d'histoire des preuves et des arguments à l'appui de mes croyances En effet, ses analyses se limitèrent au champ politique et institutionnel. [...]
[...] Dans ce livre, tu apprendras l'histoire de la France. Tu dois aimer la France, parce que la nature l'a faite belle et parce que son histoire l'a faite grande (Manuel d'histoire pour l'enseignement scolaire d'Ernest Lavisse, 1902). Le XIXème siècle marque donc une rupture dans l'historiographie. D'une part, le romantisme prétend fonder un sentiment d'appartenance à la nation et d'autre part, les méthodes allemandes d'analyse scientifique de l'histoire utilisent l'érudition pour combler l'histoire nationale. Cependant, au XXème siècle, l'école des Annales se dresse contre la domination de l'école positiviste Ce courant novateur néglige les événements et insiste plutôt sur la longue durée afin d'assimiler l'activité économique, l'organisation sociale et la psychologie collective ; on parle ainsi d'une histoire des mentalités Aujourd'hui l'objectivité historique semble être dépassée. [...]
[...] Macaulay préconise ainsi une objectivité historique, mais son œuvre témoigne ses aspirations, voir interprétations, libérales. En France, s'il est vrai que l'intérêt pour la chose politique a suscité une vocation, il a du même coup développé l'esprit partisan et fait des historiens des hommes de parti pris et de parti. Fustel de Coulanges constate en 1872 : Nos historiens depuis cinquante ans, ont été des hommes de parti Notre histoire ressemble à celle de nos assemblées [ ] législatives. L'histoire est devenue une sorte de guerre civile permanente Par ce biais, Fustel de Coulanges annonce l'histoire méthodique l'histoire ne résout pas les problèmes, elle nous apprend à les examiner la lecture même des documents ne servirait à rien si on la faisait avec des idées préconçues Pour Taine, la démarche doit être celle des sciences naturelles : On ne permettra à un historien d'agir en naturaliste ; j'étais devant mon sujet comme devant la métamorphose d'un insecte Très hostile à la Révolution, il souligne la continuité de l'Ancien Régime et de la France contemporaine. [...]
[...] La Revue historique de 1876 fondée par Gustave Monod constitue cependant une contestation à l'histoire érudite ; les spécialistes de cette école dite positiviste ont plutôt la volonté de faire une histoire scientifique et rigoureuse. Néanmoins, le traumatisme de la défaite face à la Prusse en 1870 crée une certaine déception de la méthode allemande. L'admiration pour l'Allemagne et ses qualités culturelles est en berne. Par conséquent, dès la fin du XIXème siècle, nous constatons un retour à la nation et à la politique nationale façonnant ainsi un nationalisme remarquable. [...]
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