La Grande Guerre, la Guerre de Guerres, la Der des Ders ou Première guerre mondiale comme on a pu l'appeler marque le début d'un court XXe Siècle, d'un « âge des extrêmes » (Eric J. Hobsbawm *) avec une Europe « Continent des ténèbres » dans ce qui fut en quelque sorte « une guerre civile européenne » (Mark Mazower **). Ce conflit aura effectivement de nombreuses conséquences à court et à long terme.
Si la résolution du conflit semble dans un premier temps tourner à l'avantage des démocraties victorieuses avec l'instauration de la République de Weimar en Allemagne ainsi que la chute des monarchies russes et austro-hongroise, la guerre aura un impact important sur les sociétés de l'Entre-deux-guerres. La guerre entraîne en effet, avec sa « totalisation », une « brutalisation » (George L. Mosse ***) de la société et de la politique, tout particulièrement dans les pays vaincus ou frustrés par des gains inférieurs à leurs espérances.
La Révolution russe de 1917 avec la création de l'URSS, aboutissement de l'idéal révolutionnaire, marque également une césure lourde de conséquences dans l'histoire du siècle.
La résolution très imparfaite du conflit va également peser lourd dans les décennies suivantes.
*L'âge des extrêmes « Histoire du court XXe Siècle » 1914-1991, Eric J. Hobsbawn, 1994
** Le continent des ténèbres « Une histoire de l'Europe au XX Siècle », Marc Mazower, 1998
*** De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Georges L. Mosse, 1990
[...] Même les socialistes russes se rallient majoritairement à l'effort de guerre contre le militarisme allemand. Cette Union sacrée favorise l'intégration dans le corps politique de forces restées marginales jusque-là. Les socialistes par exemple ne participaient jusqu'alors pas aux gouvernements et ne représentaient que des forces de protestation : en France Marcel Sembat et Jules Guesde (Section Française de l'Internationale Ouvrière) et le catholique Denis Cochin accèdent au gouvernement, tout comme le Travailliste anglais Henderson, en Mobilisation des esprits On assiste à la mise en place d'une véritable culture de guerre (S. [...]
[...] Crises politiques et sociales de 1917 Les Etats-Unis entrent en guerre en avril, ouvrant la perspective de renforts importants à moyen terme : pour le printemps de l'année suivante. Au mois de décembre la Russie signe une paix séparée avec l'Allemagne (traité de Brest-Litovsk) dégageant ainsi des troupes qui seront transférées sur le front Ouest. La gauche remet en cause les Unions sacrées en réclamant la paix, blanche ou négociée. Les socialistes français quittent ainsi le gouvernement en septembre 1917 (face au refus d'aller à une conférence de paix Stockholm qui d'ailleurs n'aboutira pas). [...]
[...] Il n'y eu en effet pas d'effondrement sauf dans le cas particulier de la Russie. On distingue deux théories : le consentement (l'équipe de Péronne avec Audouin-Rouzeau, Becker et la contrainte (Rousseau Les tenants du consentement attribuent la capacité de résistance des troupes un sentiment patriotique, un sens du sacrifice au drapeau, à la culture de guerre notamment inculqué par l'école. Pour les partisans de la théorie opposée cette résignation à endurer les souffrances de la guerre provenait d'une contrainte à laquelle on ne pouvait pas échapper : hiérarchie, exécutions (quelques 500 fusillés pour l'exemple dans l'armée française) mais aussi la pression du regard de l'autre dans des groupes de soldats de taille réduite. [...]
[...] De nouvelles formes de dirigisme sont expérimentées avec une répartition de la main d'œuvre, des matières premières. Ce sont la France et l'Angleterre, pays dans lesquels le gouvernement s'impose face à l'état-major, qui furent les plus performants en arrivant à maintenir l'équilibre entre les besoins militaires et civils. Il est vrai que ces deux Etats bénéficièrent de l'aide (notamment en importations de blé) des Etats-Unis dès avant leur entrée en guerre du 2 avril 1917, ainsi que de l'apport des produits en provenance de leurs vastes Empires coloniaux (malgré des difficultés durant la période de guerre sous-marine à outrance menée par l'Allemagne). [...]
[...] L'échec russe fut quant à lui complet. Les troupes manquent d'armes et de munitions tandis que les transports sont désorganisés provoquant rapidement des disettes dans les villes La guerre des combattants On passe, à la fin de l'année 1914, d'une guerre de mouvement à une guerre de position, de tranchées. Cette guerre anonyme avec un ennemi presque toujours invisible et des offensives rares mais extrêmement meurtrières est synonyme de souffrances quotidiennes pour les Poilus. La France perd 16% de ses troupes mobilisées avec une moyenne de 900 morts chaque jour. [...]
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