Début de l'année 1919 : les canons se taisent, les obus cessent de siffler, les mitraillettes stoppent leurs salves ravageuses. La guerre est terminée, ses horreurs resteront cependant visibles à jamais... En effet, plus de six millions de soldats rentrent chez eux aveugles, amputés, ou mutilés du visage. Ces derniers seront appelés les Gueules Cassées, et resteront un symbole de ce conflit meurtrier.
Avant la guerre de 1914-1918, les blessés de la face étaient considérés comme irrécupérables : la science ne permettait pas de sauver ces hommes aux visages défigurés, parfois méconnaissables. C'est pourquoi, devant l'arrivée des premiers cas à l'aube de la guerre, les chirurgiens de l'époque sont plongés dans un sentiment d'impuissance. Cependant, Lemaître écrira en 1917 : « Lorsque la sensibilité céda la place à la réflexion, quand l'homme fit place au chirurgien, celui-ci se demanda comment il allait pouvoir réparer de tels délabrements. ». C'est ainsi que ces chirurgiens, que l'on appellera plus tard les médecins de l'impossible, vont innover et faire naître de nouvelles techniques médicales : c'est le début de la chirurgie maxillo-faciale. Le défi est de taille, le visage étant un véritable passeport social, comme le dira Jean Pons, professeur au Val de Grâce, hôpital militaire et berceau de la réparation maxillo-faciale. Ces soldats, souvent très jeunes, sont d'abord considérés comme des héros par leur entourage ; mais bientôt, les regards se détournent sur leur passage, la peur et le dégoût peuvent se lire dans les yeux des témoins de telles blessures. Plus qu'un visage, c'est une vie que ces médecins tentent de redonner aux « presque morts pour la France » (...)
[...] Ses convictions sont fondées : la greffe est un succès. H. Morestin va alors utiliser la greffe de cartilage de manière fréquente, pour des résultats souvent remarquables. Dès lors, Morestin enchainera les publications dans le but de défendre cette greffe qu'il est le seul à pratiquer. Les avantages qu'il met en avant sont nombreux. Tout d'abord, le cartilage est abondant, surtout le cartilage costal. Morestin l'explique : Le mieux est de s'adresser aux cartilages costaux, et plus particulièrement les 6e, 7e, et 8e, qui délivrent facilement et en abondance le matériel nécessaire. [...]
[...] Ces troubles nécessitent souvent l'internement dans un hôpital psychiatrique. C'est ainsi qu'une centaine de blessés de la face est internée dans le célèbre hôpital psychiatrique de Cadillac-sur-Garonne. Ils seront désormais appelés mutilés de la face et du cerveau La plupart n'en arrivera heureusement pas là, mais tous se rendent compte de ce qu'ils sont. Ainsi, certains vont s'isoler, ne pouvant accepter ce qu'ils sont devenus et redoutant le regard des autres. L'un d'entre eux dira : J'appartiens pour toujours à un groupe d'hommes stigmatisés, à la face ravagée et qui n'a plus rien d'humain. [...]
[...] Lorsque ce type de greffe est présenté au Congrès international de chirurgie, à New-York, en 1914, le docteur Hippolyte Morestin, qui assiste à cette réunion, a l'intime conviction que ces greffes de cartilage pourraient être utilisées dans d'autres domaines. Il dira alors : Mon projet mûrement arrêté est d'utiliser les greffes cartilagineuses dans les difformités de la face et les pertes de substance du crâne. Le déclenchement de la guerre en août 1914 va rapidement lui permettre de vérifier ses dires. En effet, le nombre de blessés arrivant dans son service de chirurgie maxillo-facial au Val-de-Grâce est démultiplié du fait des conflits, ce qui lui fournit un nombre conséquent de patients candidats à une greffe. [...]
[...] Ces derniers seront appelés les Gueules Cassées, et resteront un symbole de ce conflit meurtrier. Avant la guerre de 1914-1918, les blessés de la face étaient considérés comme irrécupérables : la science ne permettait pas de sauver ces hommes aux visages défigurés, parfois méconnaissables. C'est pourquoi, devant l'arrivée des premiers cas à l'aube de la guerre, les chirurgiens de l'époque sont plongés dans un sentiment d'impuissance. Cependant, Lemaître écrira en 1917 : Lorsque la sensibilité céda la place à la réflexion, quand l'homme fit place au chirurgien, celui-ci se demanda comment il allait pouvoir réparer de tels délabrements. [...]
[...] Mécanothérapie : Traitement des affections articulaires par des mouvements effectués à l'aide d'appareils mécaniques ZOOM Vulcanite : Substance indéformable composée de gutta-percha et de caoutchouc vulcanisés, auxquels on ajoute du soufre et de la silice ZOOM Rhinoplastie : Opération de restauration du nez. ZOOM Périoste : Le périoste est le revê-tement des os qui en assure la croissance (en épaisseur). Hétérogreffe : Greffe caractérisée par l'utilisation d'un greffon emprunté à un autre individu, de la même espèce que le patient ou non. [...]
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