Parmi les nombreux États constituant le monde arabe, le Liban fait partie des pays dans lesquels on rencontre le plus de diversité dans sa population mais qui, par de nombreux aspects, se révèle être un pays de contrastes. On peut rappeler tout d'abord quelques généralités. C'est un État arabe, majoritairement chrétien dès sa création, une Nation exclusivement composée de minorités et qui a subi des bouleversements géopolitiques en raison des territoires qui lui ont été arrachés en 1861. Il est donc légitime que les Libanais réclament la restitution de leurs frontières historiques et originelles.
Dès le 10 novembre 1919, Georges Clémenceau, chef du gouvernement français, dans une lettre au patriarche maronite, Monseigneur Hoyek, s'engage à accorder aux Libanais, un gouvernement autonome et un statut national indépendant. Tout en affirmant son accord sur le principe d'une extension du territoire libanais, il ne peut encore en donner une délimitation précise. Le Liban est placé sous mandat français de 1920 à 1943. A l'origine, la source de ce mandat est l'article 22 du pacte de la SDN, adopté le 28 avril 1919 qui contient le principe des mandats que va exercer la France sur le Liban pendant l'entre-deux-guerres. L'indépendance des anciens territoires ottomans est reconnue mais provisoirement et à la condition qu'ils reçoivent les conseils et l'aide des puissances mandataires. Il convient de s'interroger ici sur la manière dont la France va organiser le cadre politique du Liban et de ses institutions tout en se devant de tenir compte des intérêts de toutes les communautés présentes au Liban, en sachant que le nationalisme constitue un obstacle à la construction nationale du Liban et favorise les divisions communautaires. On sera amené à se poser la question de l'identité. Quelles sont les étapes progressives qui amènent à l'indépendance du Liban ?
Cet exposé chronologique s'articulera autour de quatre dates charnières: 1920, 1926, 1936 et 1943, année de l'indépendance.
[...] On peut citer: Le gouvernement français soucieux de tenir compte de l'état d'évolution du peuple libanais, est donc pleinement disposé à préparer l'accession de la République libanaise au statut international d'État indépendant Viénot propose de négocier un traité franco-libanais et d'assurer l'accession du Liban à la SDN, ce qui répond donc aux aspirations du 6 février 1936 au siège du patriarcat maronite. Mais suite à l'opposition de deux leaders sunnites opposés au mandat, la déclaration de Viénot n'a aucune suite. Mais la France veut tout de même conclure un accord avec la majorité libanaise. Le message de Viénot a fixé le cadre de vie politique et va inspirer le traité qui est solennellement signé le 13 novembre 1936 au Petit Sérail par Émile Eddé et Damien de Martel. [...]
[...] Ainsi Henri Gouraud procède à un redécoupage géographique, il trace de nouvelles frontières qui ensuite, vont demeurer celles de l'État libanais actuel. Comme le démontre le titre, il crée un Grand-Liban séparé de la Syrie et qui se constitue dans ses frontières historiques et naturelles établies au XVIème-XVIIème siècles par l'émir libanais Fakhreddine. Le nouvel État libanais rattache au Mont Liban, la montagne les villes côtières de Tyr, Sidon, Beyrouth qui devient la capitale et Tripoli ainsi que la plaine fertile de la Bekaa et une partie de l'Anti-Liban. [...]
[...] Il faut noter cependant que seule une minorité de Libanais refuse le principe républicain. En sa forme définitive, la constitution libanaise se compose de 102 articles, répartis en 6 titres principaux et divers chapitres. Les grandes lignes révèlent que le régime politique est parlementaire. D'autre part, le Président de la République est élu par la chambre des députés et le Sénat réunis en Congrès. En effet, en octobre 1927, les Français imposent une réforme constitutionnelle qui fait fusionner le Sénat et la Chambre et renforce les pouvoirs présidentiels et gouvernementaux. [...]
[...] C'est le premier affrontement confessionnel au Liban, le point de départ d'une opposition musulmane qui s'achèvera uniquement en 1943 à l'heure de l'indépendance. Le Grand-Liban ainsi constitué comprenait donc une population très hétérogène. La France remet en question l'avantage démographique des Chrétiens. Alors qu'ils représentent 80% de la population de la province autonome de la montagne avant le découpage, ils ne sont plus que 55% de la population du nouvel État. Autre conséquence de la création du Grand-Liban: la politique française se présente désormais comme l'adversaire du nationalisme arabe. [...]
[...] Le 6 février 1936, au siège du patriarcat maronite, se réunissent les évêques et les prélats, qui expriment le point de vue de la majorité chrétienne sur 5 points essentiels: le maintien du Liban dans ses frontières de 1920 et le renforcement de l'entité libanaise, l'indépendance et la coopération économique et sociale avec la Syrie, l'établissement d'une nouvelle constitution garantissant aux Libanais de toutes leurs confessions, les libertés publiques, l'accession du Liban à la SDN et enfin la conclusion d'un traité avec la France. L'évolution politique libanaise est perpétrée par des moyens d'action pour amener à l'indépendance. Deux hommes ont en commun ce désir d'indépendance. Il s'agit de Bechara El-Khoury et Riad El-Sulh, un musulman sunnite qui devient alors Président du Conseil. Ils s'appuient sur la Grande-Bretagne impatiente d'évincer la France du Levant. Ils ont une volonté de garder une distance à l'égard de la France vers laquelle se tournaient les Chrétiens et du monde arabe vers lequel se tournaient les Musulmans. [...]
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