Après les élections de 1951, la Troisième Force pouvait en théorie fonctionner, mais son axe de gravité s'était sensiblement déplacé vers la droite, ce qui rendait de plus en plus difficile aux socialistes de participer au gouvernement, même s'ils pouvaient éventuellement le soutenir.
C'est donc avec beaucoup de difficultés qu'au mois d'août 1951, un gouvernement Pleven se constitua, qui ne comprenait pas de socialistes, ce qui allait être la règle pendant toute la nouvelle législature (...)
[...] En janvier 1954, René Coty (qui n'a pas les qualités de Vincent Auriol) prend ses fonctions. Le gouvernement Laniel reste empêtré dans les difficultés coloniales. A la guerre d'Indochine qui s'enlise, s'ajoute l'agitation nationaliste dans les protectorats d'Afrique du Nord. Dans ces conditions, la faiblesse du gouvernement devenait dangereuse pour la survie des institutions elles-mêmes Le désastre de Diên Biên Phu du 7 mai 1954 est un choc terrible. Lors du débat parlementaire, le gouvernement Laniel est mis en minorité et démissionne le 12 juin 1954. L'heure de P.M.F. a sonné. [...]
[...] La situation reste bloquée pendant onze tours parce que les adversaires de la CED ne voulaient pas d'un Président qui y soit favorable et ses partisans ne parvenaient pas à atteindre la majorité absolue. La situation se débloque au treizième tour avec l'élection de René Coty, président du Conseil de la République, homme modéré, qui devait son élection au simple fait qu'il n'avait pas pris parti dans la querelle de la CED. Cet épisode fut lamentable pour la Quatrième République. [...]
[...] La politique frileuse des gouvernements de droite déclenche au mois d'août 1953 une vague de grèves la plus forte depuis 1947. Cette situation devait durer tout le mois d'août. En pleine période 4 estivale, les services publics sont paralysés. Cette situation est incontestablement due au manque de sensibilité dont faisait preuve le gouvernement Laniel sur la question sociale. La crise de la CED divise profondément la classe politique. Farouchement contre : les communistes et les gaullistes Farouchement pour : le MRP Divisés, tous les autres, notamment les socialistes, qui comportaient des anticédistes et d'autres, comme leur secrétaire général Guy Mollet qui en étaient farouchement partisans. [...]
[...] Sans le soutien socialiste, pourquoi ne pas trouver une majorité du côté de la droite. Les modérés se sont organisés et regroupés dans le CNIP (Centre national des indépendants et paysans). La difficulté était que la Troisième Force, sans les socialistes, cela faisait au mieux 280 ou 300 voix et qu'il en fallait 314 pour atteindre la majorité absolue et obtenir l'investiture. Il fallait donc obtenir le concours de députés RPF, ce qui ne semblait pas inconcevable, tant beaucoup d'entre 3 eux étaient des hommes de droite classique qui étaient lassés de l'intransigeance sans issue du général de Gaulle et souhaitaient rentrer dans le jeu politique. [...]
[...] Malgré l'opposition des socialistes, la loi est votée, mais ceux ci deviennent de plus en plus incisifs et à la première occasion renversent le gouvernement Pleven (07 janvier 1952) Le jeune député radical Edgar Faure est investi mais son gouvernement ne dure pas plus de 40 jours. Si les socialistes le soutiennent, les modérés lui reprochent sa politique dépensière et le renversent. Sept mois après les élections, il y avait eu déjà deux gouvernements. Il apparaissait donc clairement que s'il existait une majorité de Troisième Force sur le plan parlementaire, il n'y en avait plus pour gouverner. En réalité, la Troisième Force avait fonctionné tant que la droite y occupait une place marginale et que la défense du régime était une préoccupation majeure. [...]
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