Après la guerre civile et la NEP, l'Union soviétique entama ce que ses dirigeants appelèrent le "grand tournant". La collectivisation des terres et l'industrialisation forcée bouleversèrent la société soviétique dont l'urbanisation progressa brutalement. Ces transformations allèrent de pair avec le développement du Goulag dont les détenus fournirent une main d'oeuvre forcée qui permit d'atteindre les objectifs souvent irréalistes exigés par le Gosplan. Qu'est ce exactement le Goulag ? Quand fut-il mis en oeuvre ? Quelle fut sa place dans l'économie soviétique : centrale ou marginale; élément moteur ou frein, organisation rentable ou énorme gâchis et tragédie humaine ? (...)
[...] En 1923 ce service devient l'Ogpou, direction politique de l'Etat unifié de l'URSS. C .Le grand tournant Dans leur essai, D.Gallin et B.Nicolaievsky écrivent : tout changea lorsque le gouvernement soviétique s'embarqua dans le Premier Plan quinquennal et commença à réaliser en quelque année son programme de la complète collectivisation de l'agriculture.( )Ce fut à ce moment que l'on trouva une façon tout à fait inattendue de sortir de l'impasse où aboutissait tout le système pénal des prisons et des camps de concentration après dix année de régime soviétique. [...]
[...] Iejov observait : la mécanisation a été freinée de façon criminelle, toute l'extraction reposait sur la seule force musculaire et c'est pourquoi on a envoyé plus de 100000 détenus à Kolyma en 1938 La structure même du Goulag, fondée sur l'utilisation systématique du travail manuel dans des conditions visant à briser le déporté s'opposait à la mécanisation du travail. Les rares machine existantes furent très peu utilisées. Mécaniser le travail aurait affaibli la mécanique répressive en allégeant la tâche du déporté. Durant la Seconde Guerre Mondiale le Goulag fut réaménagé et sa fonction économique fut renforcée en prévision de la guerre qui s'annonçait. La participation du Goulag à l'effort de guerre ne se limita pas à la fourniture de 975000 détenus et de 93000 gardes au front. [...]
[...] L'extraction de l'or passa de 11,5 kg en 1928 à plus de 1 tonne au premier semestre de 1934 et à 48 tonnes en 1937 ! C'est un changement d'échelle radical. Le climat décima les prisonniers épuisés par le travail et affamés. Qui aurait pu se targuer de survivre longtemps au - de la Kolyma avec une ration minable et un habillement inadapté ? Par conséquent, le manque de main d'œuvre et la nécessité de son renouvellement fournirent le prétexte à l'activité répressive du régime. Au Kazakhstan, le Karlag était destiné à l'exploitation du charbon de Karaganda, le Steplag aux mines de cuivre. [...]
[...] Cette idée apparaît d'autant plus séduisante que, dans la pratique des autorités des camps, la nécessité de réaliser le plan économique prime en général le souci d'appliquer aux détenus les règles de l'isolement [ ] Cette théorie ne correspond pas à la réalité. Barton appuie sa position sur le gaspillage systématique qui est fait dans les camps de la main d'œuvre professionnelle et hautement qualifiée et sur le fait que les camps constituent un des piliers de la colonisation des régions éloignées et peu développées pour laquelle les critères de rentabilité ne jouent pas ou peu. Les historiens Nicolas Werth et Gael Moullec ont une position inverse. [...]
[...] Cette voie ferrée fut officiellement achevée en 1984 et concentra jusqu'à détenus soit 15% de l'effectif global du Goulag. B. Les objectifs du Goulag :le souci de la rentabilité : Devant la hausse du nombre de détenus, l'idée de les employer à des tâches productives apparut dès 1925. Un vice président du conseil de l'économie nationale conseilla à Dzerjinski de créer des colonies de peuplement dans quatre zones. Cette idée s'accordait mal avec la NEP en cours. Toutefois les camps du SLON basés à Petchora assurèrent dès leur création en 1926-27 un programme de coupe de bois. [...]
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