L'empire colonial français s'est constitué à partir du XVI et surtout sous la IIIe république. L'expansion coloniale justifiée par les gouvernants s'est souvent confrontée à l'opinion publique de la France encore rurale. L'anticolonialisme est toujours présent depuis l'apparition du colonialisme.
Apparition des premières formes d'anticolonialisme
Au XVIe siècle, Las Casas a défendu les amérindiens de l'oppression des Espagnols en prouvant qu'ils avaient une âme. Pendant le Second Empire français, les saint-simoniens souhaitaient un métissage entre Européens et colonisés. Ensuite quelques écrivains comme Montaigne qui est un des premiers à renverser la vision européocentrique du monde qui sera suivi de nombreux intellectuels dont Rousseau. Au XVIIe, la colonisation est très peu contestée. Au XVIIIe, la tendance de l'opposition au colonialisme s'amplifie.
Voltaire publie Essai sur les Mœurs et Montesquieu De l'esprit des lois. Les physiocrates, parmi Mirabeau et Quesnay, évoquent des arguments sur les aspects économiques.
L'anticolonialisme s'affirme dans deux grandes œuvres de la fin du siècle : Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Rousseau et L'histoire philosophique et politique des établissements et du commerce européen dans les deux Indes de Diderot et Raynal.
Il faudra, en effet, surtout attendre fin XIXe pour que l'anticolonialisme commence à se développer… Georges Clemenceau est l'un des principaux opposants au colonialisme et l'année 1885 est une des années charnières pour les anticolonialistes. Les arguments sont surtout d'intérêt stratégique comme Lamartine qui ne pense pas que l'Algérie soit pas la meilleure colonie possible.
[...] Discours du 30 juillet 1885 Depuis les années 1880, la compétition s'accélère entre les puissances colonisatrices pour obtenir les derniers territoires vierges. Le 30 mars 1885 dans un hémicycle Ferry annonce une défaite à Lang son au Tonkin et réclame 200 millions de francs pour poursuivre la guerre. Les radicaux qui sont les principaux adversaires sur la Tunisie en 1881 et sur le Tonkin dénoncent Ferry, il est contraint à la démission et quitte l'assemblée où Clémenceau l'accuse de haute trahison. [...]
[...] L'héritage colonial alimente les conflits de mémoire comme le montrent les tensions qui existent encore aujourd'hui entre la France et certaines de ses anciennes colonies. Récemment la loi du 23 février 2005 instituant une histoire officielle du rôle positif de la colonisation dans l'enseignement pose encore de nombreux débats. Bibliographie Ouvrages - LIAUZU Claude. Histoire de l'anticolonialisme en France : du XVIe siècle à nos jours. Paris, Armand Colin - AGERON Charles Robert. L'anticolonialisme en France de 1871 à 1914.PUF - MANCERON Gilles le tournant colonial de la République : Jules Ferry contre Georges Clémenceau, et autres affrontements parlementaires sur la conquête coloniale. [...]
[...] Pendant les années 1890, les journaux conservateurs critiquent la politique de Jules Verne des républicains. Les opposants nationalistes sont souvent des hommes issus de la gauche comme Paul Déroulède (1846-1914) : Avant d'aller planter le drapeau français là où il n'est jamais allé, il faut le planter d'abord là où il flottait jadis Paul Déroulède lors de sa croisade pour l'Alsace- Lorraine répondait à Jules Ferry : J'ai perdu deux enfants et vous m'offrez vingt domestiques. La Ligue des patriotes est fondée en 1882 et est présidée par Déroulède dès 1885 est une arme anticolonialiste très influente dans l'opinion publique, car c'est l'un des premiers partis de masse. [...]
[...] La conférence de Berlin s'est tenue de novembre 1884 à février 1885 organisée par le chancelier Bismarck afin d'établir les règles qui devaient présider à la colonisation de l'Afrique. Les conquêtes coloniales des puissances occidentales sont alors licites. L'évacuation du Tonkin (nord du Viêt-nam) a lieu en mars 1885 par peur d'une attaque des Chinois. À la suite d'une demande de renforts au Tonkin, Ferry est dans l'obligation de démissionner de son poste de président du conseil. Lors des deux grands débats de cette année dédiés à cette question, Jules Ferry redevient simple député, il défend à nouveau la politique coloniale. [...]
[...] Clémenceau insiste sur son choix de non pas exporter dans les colonies, mais améliorer la condition des Français. Clémenceau accuse un coût humain et financier trop élevé. Il refuse la théorie de la hiérarchie des races humaines qui a servi aux Allemands pour expliquer leur victoire sur les Français. Il faut rendre la France vaincue plus forte avant de la lancer dans les entreprises guerrières lointaines. Il utilise la même démarche que dans le discours de Jules Ferry le 28 juillet. [...]
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