Génocide des Arméniens, extermination de la population arménienne, empire ottoman, après-génocide, rescapés arméniens, Turquie, mémoire du génocide
On désigne par génocide des Arméniens l'extermination systématique de la population arménienne de l'Empire ottoman, entre 1915 et 1916. Alors que l'Empire ottoman se bat aux côtés de la Triple Alliance pendant la Première Guerre mondiale, ce sont ainsi près d'un million et demi d'Arméniens qui sont massivement déportés et exterminés, dans une politique délibérée de destruction d'une nation.
[...] Les enjeux scientifiques et juridiques du génocide des Arméniens Néanmoins, l'après-génocide ne saurait se limiter uniquement à la mémoire du génocide et à ses enjeux. Il ne faudrait pas passer à côté de la production de connaissances, notamment par les chercheurs, autorisant d'écrire l'histoire de ce génocide, tout en permettant d'avoir un impact sur les politiques publiques et les sociétés. Des auteurs contemporains des faits ont ainsi grandement participé à la documentation du génocide des Arméniens. Ainsi, le missionnaire allemand Johannes Lepsius emploiera, pour désigner les événements de 1915, le terme de Völkermord, qui bien plus tard deviendra la traduction allemande du mot « génocide ». [...]
[...] À un moment du film, un dialogue entre Missak Manouchian et Henri Krasucki évoque le génocide arménien : alors que Krasucki demande à Manouchian pourquoi il est tant impliqué dans la Résistance, celui-ci cite alors Hitler qui aurait dit à ses généraux, avant d'envahir la Pologne : « qui se souvient des Arméniens ? ». Si Manouchian a effectivement prononcé cette parole, et cela doit pouvoir se vérifier, alors on voit bien comment connaissance et mémoire du génocide arménien ont participé à l'engagement contre d'autres génocides. Le génocide arménien appartient donc bel et bien au présent. [...]
[...] Du côté des rescapés arméniens, la mémoire mettra un certain temps à se réveiller. Dans un premier temps, les rescapés du génocide s'installent, par exemple en France, avant tout comme immigrés, comme main-d'œuvre efficace dans un pays en reconstruction. L'heure est alors à l'intégration pour les immigrés arméniens, notamment installés dans le sud-est de la France : parler du génocide arménien, c'est une façon de mettre en avant une identité autre que l'identité française à laquelle on souhaite désormais se rattacher. [...]
[...] Ainsi, dans un premier temps, la mémoire du génocide arménien a été gommée. Du côté turc, tout d'abord, le gouvernement refusera systématiquement toute possibilité de retour de la diaspora arménienne, pour ne pas avoir à rendre les biens qui ont été spoliés lors du génocide. Pis, le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923 avec une Turquie en position de force face aux Alliés, ne prévoit rien en ce qui concerne le sort des minorités arméniennes de Cilicie. La négation du génocide arménien par les instances turques officielles participe ainsi d'une continuation du génocide, d'une damnatio memoriae s'inscrivant dans la logique de « turcification » mise en place par les nationalistes turcs dès le début du XXe siècle. [...]
[...] La mémoire des événements est toujours vivace, elle est à l'heure actuelle une source de tensions diplomatiques vis-à-vis de la Turquie. Surtout, le génocide arménien est devenu un référent ayant considérablement participé à l'élaboration juridique de la notion de génocide. La recherche historique, enfin, continue de s'intéresser à l'analyse scientifique des faits, permettant d'historiciser ces événements tout en impactant à son tour l'évolution de la mémoire du génocide. [...]
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