Appartenance à l'armée mondiale de la révolution
[...] Dans la période qui suit, les règles du jeu changent : il s'agit désormais de passer de l'internationalisme à un patriotisme revisité sans pour autant renier la primauté de la fidélité au communisme. Cette formule nouvelle de communisme national n'est-elle qu'une illusion, un jeu de mots ou est-elle une réalité ? 2.1 1934-1936 : les Fronts Populaires ou l'ancrage national des partis communistes. Les Fronts populaires sont-ils le résultat d'alliances spontanées ou un simple effet de la stratégie de l'IC ? [...]
[...] Sophie d'Ambrières 4 Les communistes sont devant une impasse. Cet échec de l'implantation du communisme en Europe rend l'adoption d'une nouvelle stratégie nécessaire. Comment acclimater cette idéologie étrangère ? Comme nous le verrons, cette question va, en grande partie s'identifier à celle-ci : comment assumer cette double appartenance, comment réconcilier l'appartenance à un parti communiste à l'attachement à une nation, à une patrie. La réponse réside peut-être dans la dissociation entre patriotisme et nationalisme. Il s'agit d'opposer à un nationalisme f »fermé un patriotisme qui serait l'expression d'un sentiment national plus proche du civisme que du nationalisme des nationalistes Ce patriotisme peut s'appuyer sur un ensemble de traditions nationales, parmi lesquelles le patriotisme des Sans-culottes. [...]
[...] On voit ici une fois plus combien la politique du Komintern et la politique étrangère de l'URSS tendent à ne faite qu'une. Peu à peu, l'antifascisme devient plus un sujet de polémique qu'un ciment d'unité et là réside l'échec des FP. Diabolisation des trotskystes, la notion d' hitlérotrotskysme se fraye une place dans la démonologie communiste (cf. instructions de Moscou : débarrasser les Brigades des éléments politiques douteux et surveiller la sélection des volontaires pour éviter que ne glissent dans les Brigades des agents des services de renseignement et des espions fascistes et trotskistes Si la guerre d'Espagne fut un choc pour beaucoup de communistes c'est un espoir qui s'effondre, voir Malraux ou Orwell, par exemple, elle est pourtant l'expression d'une tendance à l'alignement tout à fait inhérente aux PC de l'époque. [...]
[...] Les militants communistes sont confrontés à un conflit de devoir : la patrie ou la révolution ? Cette dichotomie est encore accrue par le pacifisme issu de la der des der qui peut oublier le cri de Barbusse dans Le feu ? Conséquence 1 : Calqués sur le grand frère les PC adoptent un fonctionnement qui, dès le départ, ne prend pas en compte les nations en tant que telles : ainsi les partis sont-ils organisés par cellules et non plus par quartiers Ce fonctionnement complètement inédit ignore totalement les solidarités de quartiers qui avaient pu se former. [...]
[...] L'ancrage des PC dans leurs nations respectives est ainsi facilité. Le cas français et à cet égard emblématique : on peut parler d' un mariage entre radicalisme jacobin, ouvriérisme et nations, éléments fondamentaux de l'identité communiste dans sa dimension sociétale (Marc Lazar). Ce sont les premiers balbutiements de la mise en place d'une identité communiste française, de cultures communistes nationales (voir cinéma (Renoir) ou théâtre). Les grévistes chantent à la fois La Marseillaise et l'Internationale, et réclament la pain, la paix et la liberté Il règne comme une atmosphère de grand soir héritée des traditions syndicalistes françaises les plus anciennes. [...]
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