Examiner les origines d'un régime politique, c'est tenter d'identifier les causes économiques, politiques et sociales de son avènement ; appliquée à l'Espagne et au Portugal de l'entre-deux-guerres, cette recherche fait apparaître de nombreuses similitudes entre les origines de l'un et de l'autre. C'est en effet ce que nous essaierons de montrer à travers deux parties, l'une consacrée au contexte comparable de crise économique et politique que connaissent les deux Etats à l'époque (I), et l'autre axée sur le destin similaire de Franco et Salazar (II)
[...] Portrait croisé de Franco et Salazar Franco est né en 1892 dans une famille de l'aristocratie militaire. C'est un produit de la formation militaire de l'époque : tradition, religion, service et culture générale inexistante. Il choisit de servir au Maroc pour pouvoir gagner rapidement des galons. En effet, il y montre un caractère impitoyable et impassible sous le feu, et en revient général à 34 ans, le plus jeune d'Europe depuis Bonaparte. Il se fait remarquer lorsque lui est confiée la répression de l'insurrection des Asturies, en 1934 : il s'acquitte de sa tâche avec férocité. [...]
[...] L'assemblée constituante élue le 28 juin 1931 symbolise l'établissement de la République espagnole. Mais ces deux républiques, comme on le sait, seront renversées et remplacées par une dictature. Les causes de cet échec sont communes aux deux pays. Il est intéressant à cet égard de reprendre les conditions d'apparition de la démocratie libérale telles qu'elles ont été systématisées par Serge Berstein. Celui-ci explique en effet que les sociétés ayant adopté durablement ce type de régime ont en commun plusieurs caractères. [...]
[...] La république est désertée par ses propres défenseurs en raison de conflits internes aux partis républicains et de multiples divisions à gauche, tandis qu'au contraire les autres forces politiques portugaises scellent une union purement négative dirigée contre les cadres républicains. La situation est particulièrement propice à un coup d'Etat. B. Le développement des idéologies conservatrices Dans ce contexte de fragilité de la République, la réussite du camp conservateur va dépendre de son organisation et de la diffusion de ses idées. Il convient tout d'abord de remarquer qu'à la fois l'Espagne et le Portugal ont connu un précédent, c'est à dire une première expérience de la dictature. [...]
[...] Les généraux prétendaient en effet défendre le capitalisme menacé par la IIème République. Chassée du pouvoir, cette opposition s'organise et c'est l'assassinat d'un leader monarchiste qui donne aux militaires le prétexte attendu pour lancer l'insurrection, celle-ci relevant à l'origine de la direction du Général Sanjurjo. Franco, quelques jours avant l'insurrection, s'interrogeait encore sur sa pertinence. Exilé aux Canaries par mutation administrative, il attend sa revanche. Mais le général Sanjurjo étant tué dans un accident d'avion, les officiers insurgés se virent obligés de désigner, dans un premier temps, une junte de sept membres pour le remplacer ; puis, par besoin d'un commandement unique, ils firent appel à Franco, finalement engagé dans le conflit après une longue hésitation. [...]
[...] Il a une vision traditionaliste et chrétienne de la société, critique l'individualisme et prône le retour aux groupes naturels (famille, paroisse, commune, nation). Il considère naturellement que le marxisme n'a pas sa place au Portugal, et se méfie de la franc-maçonnerie sans pour autant en faire une obsession à la manière de Franco. B. Le coup d'Etat et l'accession au pouvoir A nouveau, les chemins de Franco et de Salazar se ressemblent puisqu'ils passent tous deux par un coup d'Etat militaire qui va les amener à la tête de l'Etat. Cela dit, leurs itinéraires ne se rejoignent pas en tous points. [...]
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