La vie et l'action du révolutionnaire, sa philosophie de l'égalité et son influence. A cheval entre le gouvernement révolutionnaire de Robespierre et l'avènement de Bonaparte, les cinq années du Directoire ne sont pas dénuées d'intérêt pour l'histoire des idées politiques. C'est l'apparition de la forme classique du libéralisme, mais aussi, à travers Babeuf, celle du premier communisme moderne
[...] La pensée politique de Babeuf, qui se développe au feu de la pratique révolutionnaire, demeure assurément marquée par l'égalitarisme, le pessimisme économique caractéristique du XVIIe siècle finissant et l'état de développement des forces productives. Elle ne s'en inscrit pas moins en rupture théorique et pratique avec le mouvement jacobin et montagnard dans la filiation duquel elle se situe pourtant, car elle récuse la liberté économique et la propriété privée. Si, s'agissant de désigner les classes sociales, Babeuf se contentait de l'opposition entre les pauvres et les riches ou entre le peuple et le tyran, sa rhétorique égalitaire représente cependant la première tentative d'une critique de l'économie fondée sur la propriété privée. [...]
[...] Aperçu biographique François-Noël Babeuf s'est d'abord fait appeler Émile, puis, à la Révolution, il sera connu sous le nom de Gracchus. Issu d'un milieu paysan pauvre, il doit à son accession à l'état de commissaire terrier et feudiste dans les campagnes picardes d'être confronté de manière précoce aux problèmes du monde paysan et à ses luttes. En effet, la pratique des terriers, les progrès qu'ils attestent, constituent des signes manifestes de la réaction féodale et de l'aggravation de la condition paysanne à la fin de l'Ancien Régime. [...]
[...] l'argent manquait : donc un soulèvement n'était pas possible”. IV. L'influence du babouvisme sur la pensée socialiste Sa doctrine communiste est mal connue de son vivant, mais acquiert une grande célébrité au XIXe siècle grâce au livre Conspiration pour l'égalité, dite de Babeuf, publié en 1828 par Filippo Buonarotti, membre de cette conspiration exilé à Bruxelles. C'est à l'échelle du XIXe siècle que le babouvisme prend toute son importance. Il constitue le lien qui unit les luttes populaires à la pensée et au mouvement révolutionnaire du XIXe siècle. [...]
[...] Les babouvistes attendent la révolution d'un coup de force qu'ils préparent avec une minutie extrême : établissement de listes de “patriotes sûrs” implantés sur tout le territoire français, rubans tricolores au chapeau des “généraux du peuple”, intendance des soldats insurgés, de véritables plans techniques de ce que l'on pourrait appeler “guérilla urbaine”, etc. Une fois le Directoire renversé, le comité insurrecteur assurerait la direction et resterait en permanence jusqu'à l'accomplissement total de la révolution. Il se ferait assister par une assemblée nationale composée d'un démocrate par département acclamé par le peuple. Une garde populaire assurerait l'exécution des dispositions. [...]
[...] L'égalité 'réelle' ou 'de fait' L'idée de l'égalité était le présupposé fondamental de Babeuf et des babouvistes. La société de l'avenir introduira une répartition des richesses égale et sans conditions, les grands sociaux seront dissous. Un mode de vie identique sera établi pour tous. Afin d'atteindre à une égalité parfaite, certains babouvistes sont même prêts, sans faire l'unanimité, à niveler par le bas le savoir et la culture, de façon à ce que même une élite intellectuelle ne puisse pas apparaître : “Périssent, s'il le faut, tous les arts, pourvu qu'il nous reste l'égalité réelle”. [...]
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