François Guizot, nîmois issu d'une famille d'ancienne bourgeoisie protestante, n'a guère intéressé qu'un faible nombre d'historiens contemporains, et pourtant, il ne manque pas d'intérêt. Marqué dès le plus jeune âge par la religion et le mouvement révolutionnaire de 1789, son père sera guillotiné en 1794, Guizot a traversé pas moins de 13 régimes politiques successifs, et s'inscrit ainsi inévitablement dans le long 19ème.
Guizot reçoit dès 1799 à Genève, « son berceau culturel », une éducation variée, fidèle à la tradition des Lumières, il y suit des cours de philosophie, de rhétorique, de morale de religion, est initié aux langues anciennes comme vivantes, ce qui est plus que rare pour un jeune Français de l'époque, allemand, anglais et italien sont parties de sa formation aussi bien que le dessin, l'équitation, et les activités manuelles comme la menuiserie. Sa formation intellectuelle solide et profondément ouverte sur l'Europe ainsi que ses compétences linguistiques font de lui un homme averti des courants littéraires et idéologiques des Etats voisins.
Il gagne Paris en 1805, abandonne rapidement ses études de droit, pour devenir précepteur dans une grande famille protestante, qui le fera entrer dans le monde littéraire, où il gagne peu à peu l'influence et la notoriété qui contribueront à faire de lui un homme politique de premier plan .
Car, si Guizot s'illustre en effet dans les années 1810 et 1820 par ses activités littéraires, il obtient en effet la Chaire d'histoire moderne de la Sorbonne à seulement 25 ans (1812), il commence sa carrière politique en 1814 avec le retour de Bourbons et de la Monarchie, mais atteint réellement le faîte de sa gloire sous la Monarchie de Juillet, Guizot étant incontestablement l' « homme de la Monarchie de Juillet ». Et c'est dans son contexte qu'il faut situer l'action de Guizot, désormais essentielle, et c'est sur cette période allant de 1830 à 1848 que notre devoir va réellement se concentrer, sur le « moment Guizot » (Rosanvallon).
Il résume d'ailleurs sa carrière de la manière qui suit « Je suis entré dans la vie de la pensée par l'histoire et la philosophie de l'histoire. J'ai donné mes plus fortes années aux affaires publiques. Ce qui m'est resté appartient aux questions religieuses ».
Guizot, qui détient le record de la longévité d'un gouvernement avec ses sept longues années à la tête du gouvernement, a consacré à sa vie à a recherche d'un nouvel équilibre entre le passé monarchique et l'héritage révolutionnaire, l'ordre et la liberté.
D'où la question qui se pose naturellement, à savoir comment la dualité du système de pensée de Guizot, oscillant entre libéralisme et conservatisme, entre désir d'ordre et principe de liberté, ainsi que ses impasses le conduiront à l'échec, lui et le régime qu'il défend ?
Ainsi, l'association de Guizot du libéralisme (I) et du conservatisme (II) est l'un des facteurs majeurs de la chute de Guizot et de son système de pensée (III).
[...] Ne parvenant pas à mettre en œuvre les idées qu'il conçoit et perpétue, son système était voué à l'échec, et ombre d'ailleurs le 22 février 1848, lorsque Louis-Philippe le renvoie pour tenter de sauver la monarchie face à la révolution. On retrouve ici l'échec de Guizot et de son régime parfait de monarchie représentative comme une suite logique aux défaillances de son système, à ses impasses, et à ce qu'il était, à l'homme multiple qu'il était. Historien et écrivain politique, ministre, Guizot incarne à la fois la fondation et l'échec de la monarchie de juillet. Son œuvre est une tentative de former un régime libre associant l'ordre à la liberté. [...]
[...] François Guizot (1787 1874) François Guizot, Nîmois issu d'une famille d'ancienne bourgeoisie protestante, n'a guère intéressé qu'un faible nombre d'historiens contemporains, et pourtant, il ne manque pas d'intérêt. Marqué dès le plus jeune âge par la religion et le mouvement révolutionnaire de 1789, son père sera guillotiné en 1794, Guizot a traversé pas moins de 13 régimes politiques successifs, et s'inscrit ainsi inévitablement dans le long 19e. Guizot reçoit dès 1799 à Genève, son berceau culturel une éducation variée, fidèle à la tradition des Lumières, il y suit des cours de philosophie, de rhétorique, de morale de religion, est initié aux langues anciennes comme vivantes, ce qui est plus que rare pour un jeune Français de l'époque, allemand, anglais et italien sont parties de sa formation aussi bien que le dessin, l'équitation, et les activités manuelles comme la menuiserie. [...]
[...] Le rôle de la religion N'oublions pas que l'instruction publique mise en place par Guizot est encadrée par la religion, celle-ci étant selon lui nécessaire comme base des mœurs sociales. Guizot, en homme profondément attaché à sa foi, ne doute aucunement de l'utilité morale, donc sociale, de la religion ; mais, tout en se défendant de toute conception utilitariste de celle-ci, il apprécie les effets qu'elle induit : la religion seule parle le même langage à tous les individus et à toutes les classes de la société, et contribue ainsi à éviter sa dissolution, dans une logique donc de conservation de l'ordre établi. [...]
[...] Nous pouvons donc nous interroger maintenant sur les raisons de cette chute, qui sont inhérentes au système intellectuel de Guizot, et à son action. L'impasse sur l'aspect économique Si la France a bénéficié d'une conjoncture économique assez exceptionnelle tout au long du règne de Guizot, ce que l'historien américain D.H. Pinkney nomme les decisive years, ce n'est plus le cas à partir de 1846 où la grande crise économique frappe la France comme tous les autres pays européens et fait apparaître alors dans toute sa splendeur le désintérêt porté par Guizot aux affaires économiques lorsqu'il dirige le gouvernement de 1840 à 1848, bien que ce poste soit plutôt informel. [...]
[...] La bêtise bourgeoise et le rétrécissement de la pensée politique convergent en une même impossibilité de distanciation face à l'expérience, de la même manière qu'Emma Bovary était engluée dans quotidienneté, la rendant bête selon A. De Lattre, car incapable de prendre de la distance vis-à-vis d'elle-même, d'où le terme de bovarysme politique pour désigner le Guizot des années 1840, dont la paix des idées qu'il revendiquait bascule dans la médiocrité d'une vie politique totalement anémiée. ET nombre témoignages viennent corroborer cette version, attestant du désintérêt croissant de Guizot pour les affaires publiques. [...]
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