En 1914, la France est dans ce que les historiens ont coutume d'appeler la "Belle Époque" ; peut-être l'expression d'"avant-guerre" est-elle plus justifiée. Une étude de la France en 1914 semble intéressante, à partir de la question suivante : en quoi la France à la veille de la Première Guerre mondiale oscille-t-elle entre stabilité et renouveau, entre archaïsme et dynamisme ? En d'autres termes, quels sont les paradoxes de la France de 1914 ?
[...] L'industrie souffre également d'un défaut de modernisation : la domination de la petite entreprise, où le travail est encore proche de celui de l'artisanat, se conjugue avec le maintien de la dureté des conditions de vie des ouvriers. Le travail reste toujours rude et précaire, long et dangereux. Cela dit, des progrès font peu à peu leur chemin : les revenus s'améliorent, et, en 1910, malgré son caractère complexe et peu généreux, une loi sur les retraites est adoptée. Le maintien de comportements et de structures archaïques caractérise certains aspects de la société et de l'économie française en 1914. [...]
[...] Tout d'abord, elle est marquée par une formidable croissance économique, qui contraste avec la Grande Dépression de la fin du siècle dernier et les difficultés nées de l'après-guerre. Celle-ci s'explique par la vitalité de certains secteurs industriels. Ainsi, l'industrie des transports est très dynamique ; la bicyclette est devenue un produit de grande consommation, tandis que l'automobile, grâce au succès de Renault (2ème producteur automobile mondial en 1913), s'est largement répandue auprès des classes moyennes. De plus, la France révèle sa vitalité dans la place qu'elle occupe dans le monde. Un statut de grande puissance lui est indéniablement reconnu, grâce à son appétit colonial. [...]
[...] Enfin, ce dynamique français d'avant-guerre se retrouve au plan culturel. En 1914, se côtoient divers mouvements culturels initiés par la France ou adoptés par elle. La diversité de la création littéraire laisse une place de choix à Marcel Proust qui invente le nouveau roman pour décrire la vie mondaine à Paris la Recherche du Temps perdu), tandis que le théâtre connaît, dans ce contexte où les loisirs occupent une place de plus en plus importante, un succès grandissant (on retiendra pour mémoire la pièce d'Edmond Rostand, L'Aiglon, jouée par la très appréciée Sarah Bernhardt). [...]
[...] De plus, la République a su inventer ou redécouvrir des manières de rendre ce régime acceptable par tous : s'il cherche à choyer toutes les classes sociales, il sait également créer des symboles pour rassembler la nation : celle-ci se retrouve derrière un hymne national (la Marseillaise), le drapeau tricolore et la célébration du 14 Juillet comme fête nationale. Enfin, depuis 1902, la France ne connaît plus d' alternance politique dans la mesure où les radicaux de Clemenceau occupent toutes les fonctions politiques d'importance. La nomination de René Viviani, un socialiste indépendant, comme Président du Conseil en juin 1914 fait figure d'exception confirmant la règle. Toutefois, malgré cette apparente stabilité, la France politique de 1914 est loin d'être sclérosée. [...]
[...] En définitive, la France de 1914 est pleine de contrastes : aspects de stabilité voire d'archaïsme se conjuguent avec des éléments novateurs et dynamiques, contribuant à faire de cette fin de Belle Epoque un moment riche de par son originalité. Il va sans dire que la stabilité sera balayée par le vent d'août 1914 parti de l'Europe centrale et que le dynamisme sera mis de côté un temps, au profit d'une recherche de la victoire à tout prix. Finalement, la France de 1914 correspond bien à un pays en situation d'avant-guerre. [...]
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