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La Troisième République française, proclamée par Léon Gambetta le 4 septembre 1870 au balcon de l'hôtel de ville de Paris, marque l'aboutissement d'un siècle d'histoire tourmentée et durablement maquée par ses évolutions multiples. Après la Révolution française de 1789 et l'Empire de Napoléon Bonaparte, la France connaît une succession de régimes aussi différents les uns que les autres. Au nombre de quatre, de la Restauration au Second Empire en passant par la Monarchie de juillet et la Deuxième République, l'enchaînement de ces régimes politiques témoigne de l'instabilité prégnante durant ce pan de notre histoire, qui permit à la France de construire progressivement un Etat fort inhérent à sentiment national de plus en plus prononcé.
[...] Par le biais de l'ordre politique, on constate au fil des cinquante-cinq années qui séparent la Restauration de la proclamation de la Troisième République que le sentiment national se manifeste par divers mécanismes sociétaux qu'il semble intéressant d'illustrer. Sur le plan politique, les cinq régimes, quels qu'ils soient développent tous à un moment de leur fonction certains principes fondamentaux de la Révolution française, qui rappellent l'appartenance de tous les Français à une même communauté. Ainsi, la Charte constitutionnelle de 1814 prévoit l'égalité symbolique des citoyens français dans son premier article en rappelant l'abolition des privilèges quels que soient leurs titres et leurs rangs mais aussi leur liberté individuelle personne ne peut être poursuivis que dans les cadres de la loi article ou encore la fin de la conscription napoléonienne le mode de recrutement de l'armée [ ] est déterminé par la loi article 12). [...]
[...] Les nombreux clivages existant au sein des mouvances politiques du XIXe siècle sont donc multiples et en résulte une diversité des conceptions de sentiment national. Si pour certains il s'agit d'une unification autour d'un monarque, d'autres pensent que le peuple doit retrouver sa pleine souveraineté pour mener à bien la nation. C'est cette question du mené à bien la nation qui fait apparaître tant de conceptions antagonistes sur la forme et qui pourtant désirent toutes la même chose : unifier et faire grandir la nation. [...]
[...] Dans un siècle européen caractérisé par des mouvements nationalistes, la France influence de par la multiplicité de ses questionnements. Le Printemps des Peuples dont l'incidence fut européenne, trouve son origine dans le soulèvement du peuple français. Au fil de la IIIe république, le culte de la République laissa progressivement place à un nationalisme de plus en plus extrême. L'émergence des ligues au début du XXe siècle témoigne de cette radicalisation du mouvement nationaliste qui préfigure, en France comme dans l'intégralité de l'Europe, des ultranationalismes qui conduiront aux totalitarismes les plus excessifs. [...]
[...] Aussi, certains citoyens vont considérer la base révolutionnaire de ce sentiment national comme dangereux et sulfureux. Les conservateurs, non pas qu'ils refusent d'adhérer aux Principes de 1789, ne cautionnent pas la violence révolutionnaire et encore moins à la mise en mains du pouvoir au peuple, qu'ils considèrent comme incompétent et incapable d'élaborer un projet politique cohérent et digne de la nation. Ils manifestent leur détachement par un soutien aux formes classiques du pouvoir. Monarchies, Empires, la centralisation du pouvoir permet selon eux une marche forte du pouvoir qui garantit sécurité, paix et grandeur. [...]
[...] A partir de la Charte rénovée de 1830, la reconnaissance explicite du régime parlementaire entre en vigueur. La nouvelle charte préconise ainsi des révisions chères aux libéraux ayant soulevé la monarchie de Louis XVIII et Charles X. La suppression de la référence au sacre (article 65) ou encore l'adoption de la cocarde tricolore (article 67 : la France reprend ses couleurs Suite au traumatisme de 1848, la Deuxième République est proclamée le 25 février 1848 à Paris. Ce nouvel élan républicain permet la mise en œuvre de mesures politiques qui rassemblent le peuple : abolition de l'esclavage, de la peine de mort (pour les délits politiques), rétablissement de la liberté de presse (qui permet la création simultanée de plus de 300 journaux), adoption du suffrage universel masculin (neuf millions d'électeurs). [...]
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