En 1798, Napoléon organise l'expédition d'Egypte : cet immense intérêt de la France pour la Méditerranée montre toute l'importance et tout l'enjeu que représente la région, sur plusieurs plans, économique, culturel, ainsi que pour le rayonnement du pays. Dans un contexte de rivalité avec l'Angleterre, la France connaît, depuis la Révolution en 1789, jusqu'à l'expédition d'Alger en 1830, un affaiblissement de sa position en Méditerranée que le débarquement au Caire visait à rehausser.
L'intérêt que représente la Méditerranée pour la France s'explique par le fait qu'elle définit la limite sud du pays, comme la limite sud de l'Europe, en même temps qu'elle borde les territoires de l'Empire ottoman ; par ailleurs, son histoire est caractérisée par la domination romaine et l'expansion du christianisme avant l'arrivée de l'Islam, ce qui nourrit un attachement presque nostalgique pour la région ; de plus, elle permet des liaisons commerciales entre ses divers rivages. Tous ces éléments font donc de la Méditerranée un enjeu central pour la puissance française.
Comment, entre 1789 et 1830, le rayonnement de la France dépend-il de la Méditerranée, conditionnant la politique extérieure comme les mentalités ?
[...] De l'échec de l'expédition d'Égypte à la naissance de l'orientalisme La Méditerranée est véritablement au centre des préoccupations napoléoniennes : perçue comme un moyen de redresser la position française, elle signe en réalité un échec qui perpétue le déclin français en Méditerranée. L'expédition d'Égypte a été voulue par Bonaparte pour plusieurs raisons : il s'agit d'un point d'aboutissement militaire d'un mouvement de curiosité, de redresser la position commerciale française, de se couvrir de gloire et de faire obstacle aux Anglais dans leur commerce avec l'Extrême-Orient. Elle provoqua un affrontement insolite entre la France et l'Empire ottoman, alliés depuis François 1er. [...]
[...] Mais le général Menou, qui succéda à Kléber assassiné, ne put enlever les fortifications anglaises de Canope en mars 1801 et dut capituler. Car, après la destruction de la flotte française à Aboukir par Nelson, le 1er août 1798, les Anglais avaient pris pied en Égypte. Et on découvre que les entreprises de Bonaparte en Méditerranée ont eu pour résultat final l'affermissement des positions anglaises. Déjà installés à Gibraltar, les Anglais profitèrent de la première coalition de mars 1793 pour prendre le contrôle de la mer intérieure en utilisant de multiples possibilités de ravitaillement. [...]
[...] Le rayonnement de la France est donc, entre 1789 et 1830, en grande partie liés à sa position en Méditerranée, qu'elle soit politique, commerciale ou même coloniale. Face à une Angleterre de plus en plus puissante, le pouvoir se tourne principalement vers cette région perçue nostalgiquement comme le berceau des civilisations d'une grande importance pour assurer la liaison vers d'autres continents, et dont les territoires peuvent aider, s'ils sont dominés, à garantir la puissance française. Cela nourrit un imaginaire dans les esprits, exprimé notamment par l'orientalisme dans la littérature, accompagné d'un certain nombre de stéréotypes sur les peuples méditerranéens. [...]
[...] Les plus petits navires de la flotte des puissances, qui ne s'ancrèrent pas, remplirent avec succès leur mission de neutraliser les brûlots, l'arme ottomane la plus redoutable, ce qui aida à la victoire finale. Sans perdre un seul navire, mais après avoir subi d'importants dégâts, la flotte franco-russo-britannique détruisit une soixantaine de navires ottomans égyptiens, provoquant un véritable carnage. Ainsi, la France s'illustra en Méditerranée, souhaitant retrouver toute sa place dans le concert des nations. L'expédition d'Algérie aurait été punitive : la France aurait voulu venger une offense impardonnable faite par le dey au consul Deval. [...]
[...] Par le traité de Londres du 6 juillet 1827, la France, le Royaume-Uni et la Russie étaient convenus d'intervenir entre les belligérants de la guerre d'indépendance grecque pour faire cesser les effusions de sang Une flotte tripartite, commandée par Edward Codrigton et Henri de Rigny et Login Van Geiden fut envoyée dans ce but. Après avoir réussi à empêcher divers affrontements, les amiraux décidèrent de faire une démonstration de force dans la baie de Navarin où se trouvait la flotte ottomane, composée de navires égyptiens, turcs et tunisiens. Celle-ci était ancrée dans une disposition destinée à impressionner la flotte des puissances qu'elle attendait. [...]
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