France impériale, pensée coloniale, Jules Ferry, État-Nation impérial, empire colonial, Alger, Second Empire colonial français, mission civilisatrice, Napoléon III, Antilles, Guyane, Réunion
"Si nous avons le droit d'aller chez ces barbares, c'est parce que nous avons le devoir de les civiliser (...) La France ne veut pas être seulement un pays libre, mais un grand pays, exerçant son influence sur les destinées du monde et répandant, partout où il peut les porter, ses moeurs, sa langue, ses armes, son drapeau, son génie".
C'est en ces mots que Jules FERRY s'adresse aux députés de l'Assemblée nationale, dans son discours de fondements de la politique coloniale, le 28 juillet 1885. Dans son intervention, le député prêche l'extension de l'empire colonial français, par devoir, qui incomberait à la France, comme puissance européenne à la supériorité militaire, technologique et scientifique avérée, relativement à d'autres populations. Cette idée de "mission civilisatrice" est alors largement répandue, à la fin du XIXe siècle, pour justifier et légitimer les conquêtes coloniales. Nous choisissions de nous cantonner à une période allant de 1830, début de la conquête française en Algérie, qui marquera un certain renouveau d'une France impériale, à l'année 1914, où l'empire colonial semble être à son apogée à la veille de la guerre mondiale.
[...] (1848- 1914) Le modèle de l'État-nation exporté, ou la pensée coloniale fondée sur l'assimilation des indigènes. Le rapport du Second Empire à l'empire colonial (1852 1870). Sous le Second Empire, la pensée coloniale est influencée par le Saint-Simonisme. L'expansion coloniale française va connaître un âge d'or durant cette période, puisque le Second Empire va tripler la superficie héritée des Restaurations et de la deuxième république passant de 300 000 km2 en 1851, à 1 000 000 de km2 à la chute de l'empereur des Français. [...]
[...] Il semble donc y avoir un paradoxe, dans un mélange entre une pensée coloniale fondée sur un universalisme de la civilisation française, propre à l'État-nation, et une « mosaïque de situations », caractéristique impériale, connue à travers l'espace colonisé. Ici, il s'agira donc de voir en quoi l'empire colonial français fut un laboratoire du modèle de l'État-nation impérial. Dans un premier temps, nous verrons que le modèle colonial a connu une certaine transition entre 1830 et 1848. Nous pourrons voir, enfin, que la France impériale serait une forme d'hybridation entre les modèles État- nation et empire entre 1848 et 1914. Un modèle colonial en transition (1830-1848). Un riche empire colonial fondé sur une pensée coloniale d'ancien régime. [...]
[...] La France impériale, une mosaïque de situations au service d'une pensée coloniale cohérente (deuxième moitié du XIXe siècle) ? nous avons le droit d'aller chez ces barbares, c'est parce que nous avons le devoir de les civiliser ( . ) La France ne veut pas être seulement un pays libre, mais un grand pays, exerçant son influence sur les destinées du monde et répandant, partout où il peut les porter, ses mœurs, sa langue, ses armes, son drapeau, son génie ». [...]
[...] Cette dernière lie ce legs à un autre héritage, celui qui a fondé le modèle de l'État-nation à partir de la révolution de 1789. Ainsi, Victor Schœlcher est à l'origine d'un texte qui abolit définitivement l'esclavage le 27 avril 1848. Ce retour a une double fin : rompre définitivement avec une pensée propre aux régimes monarchiques et impériaux et renouer avec l'expérience républicaine postrévolutionnaire. En effet, l'abolition de l'esclavage fut une première fois proclamée en 1794 puis rétablie en 1800 par Napoléon. [...]
[...] En définitive, le Second Empire colonial demeure une forme d'hybridation entre ces deux modèles, conséquence d'une pensée coloniale partagée et mouvante, fonction des régimes politiques en place, entre assimilation et association, durant la seconde moitié du XIXe siècle. Les populations coloniales semblent également diverses entre populations assimilées et populations fidèles à leur appartenance précoloniale. C'est pourtant parmi l'élite coloniale assimilée que vont naître les premières idées indépendantistes. Pour élargir le sujet, on peut s'interroger sur le rôle joué par cette pensée coloniale mouvante dans la construction de la pensée de décolonisation. [...]
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