À ses débuts, la Révolution prône le pacifisme, hérité des Lumières, qui trouve sa consécration dans la « Déclaration de paix au monde » prononcée par l'Assemblée Constituante le 20 mai 1790 et reprise dans la Constitution de septembre 1791 (article VI) : « La nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et n'emploiera jamais la force contre la liberté d'aucun peuple ». Le 20 avril 1792 est pourtant le point de départ d'une guerre qui va durer plus de 20 ans et qui fait de la Révolution l'histoire de l'Europe toute entière. Au départ, c'est une guerre qu'elle prétend livrer aux tyrans pour amener le règne de la paix universelle. La guerre que mène Napoléon, vu en Europe comme un jacobin à cheval, est-elle de même nature ? L'arrière-plan militaire est essentiel pour comprendre la Révolution : l'idée patriotique et l'idée démocratique sont intimement liées (le slogan intérieur « La Liberté ou la mort » devient à l'extérieur « Vaincre ou mourir »), ce que nous rappellent les paroles de La Marseillaise.
La guerre finit par avoir pour but d'entourer le territoire national (limité par les « frontières naturelles » que sont le Rhin, les Alpes et les Pyrénées) d'une ceinture de républiques alliées capables de protéger la Révolution de ses ennemis de l'extérieur. « La guerre révolutionnaire plonge ses racines dans la Révolution elle-même et ne peut finir qu'avec elle » écrit François Furet : en effet, les victoires militaires ne débouchent que sur des trêves, car arrêter la guerre serait trahir le patriotisme.
La guerre révolutionnaire inaugure la guerre de masse moderne, qui implique la population entière et matérialise le sentiment national (désormais, on ne meurt plus pour le roi mais pour la « patrie »).
[...] Sur le continent, l'armée française bat les Autrichiens à Ulm (en Bavière), en octobre 1805, ce qui ouvre la route de Vienne et permet l'éclatante victoire d'Austerlitz (dans la plaine de Moravie) sur les troupes austro-russes en décembre. Les 180 canons pris à l'ennemi sont fondus pour ériger la colonne Vendôme. Ces victoires conduisent Napoléon à envisager une refonte de la carte de l'Europe centrale. En juillet 1806, il crée la Confédération du Rhin composée de principautés allemandes placées sous protectorat français. En octobre 1806, il bat le roi de Prusse à Iéna (en Saxe) et entre dans Berlin. [...]
[...] La bataille en elle-même n'est pas particulièrement spectaculaire, mais on glorifie l'héroïsme patriotique des volontaires, symbolisé par le Chant de guerre pour l'armée du Rhin. Composé par Rouget de Lisle quelques jours après la déclaration de guerre, ce chant est popularisé par des fédérés marseillais et devient ainsi célèbre sous le nom de Marseillaise. Ses paroles éloquentes montrent que la gloire n'appartient plus au roi de guerre et de gloire de l'Ancien Régime mais à l'« enfant de la patrie qu'est le citoyen en armes. [...]
[...] L'armée est souvent sollicitée pour le maintien de l'ordre intérieur (contre les sans-culottes en Germinal et en Prairial 1795 ou contre les royalistes en Vendémiaire 1795). Le régime dépend également beaucoup d'elle pour son équilibre économique, car il vit des tributs imposés aux pays dominés. Les généraux victorieux s'impliquent plus directement dans le jeu politique, soutenus par le dévouement de leurs troupes. Toujours animés par l'idéal de l'an II, ils pensent que c'est à eux de moraliser une société corrompue, dans laquelle les spéculateurs et la jeunesse dorée sont au premier plan. [...]
[...] La victoire de l'Europe des rois Le désastre de Russie Napoléon rassemble une armée immense, de plus en plus cosmopolite en raison de la présence de recrues venues des Etats vassaux ou alliés : les recrues venues de l'Empire représentent qu'à peine la moitié de l'ensemble, et encore figurent parmi eux des soldats issus des départements récemment annexés, si bien que certains parlent d'une tour de Babel en marche Il vise moins la conquête que la soumission de la Russie, pour mieux contrôler les côtes dans une région où le blocus n'est pas appliqué : Alexandre Ier rompt en effet l'alliance qu'il a conclu à Tilsit (1807) avec Napoléon, car le blocus affaiblit son économie. La stratégie du tsar consiste à laisser l'armée française avancer pour mieux l'étouffer, en la confrontant notamment au problème du ravitaillement. Elle empêche Napoléon de procéder selon sa tactique habituelle : fondre sur l'ennemi rassemblé et le défaire en une seule bataille. [...]
[...] Malgré des batailles acharnées, l'Empereur ne parvient pas à desserrer l'étau qui se referme sur Paris. Le 9 mars 1814, les Alliés s'engagent à ne pas signer de paix séparée avec Napoléon pacte de Chaumont Tandis que Bordeaux et Lyon se livrent aux royalistes, Talleyrand négocie la reddition de Paris et y accueille les souverains alliés le 31 mars. Le 2 avril, le Sénat prononce la déchéance de Napoléon, qui abdique deux jours après en faveur de son fils, avant de renoncer à transmettre la couronne à l'un des membres de sa famille. [...]
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