Selon Fernand Braudel, « définir le passé de la France, c'est situer les Français dans leur propre existence ». Ainsi, il s'agit de donner une place légitime à l'ensemble des citoyens français, immigrés ou non, dans la grande Histoire de la nation française. Dès lors, une première interrogation se pose : qu'est-ce qu'être immigré ? L'immigration est-elle un phénomène structurel ou conjoncturel ? Force est de constater que la définition d'immigré se modifie au gré du temps, les termes d'immigré et d'étranger sont tout d'abord ancrés dans une certaine neutralité et imprécision, le Larousse du XXe définit le verbe immigrer en indiquant le fait de « venir se fixer dans un pays ». Or le terme perd de sa neutralité au fil de son histoire, après la Seconde Guerre mondiale, l'immigré est assimilé à l'ouvrier spécialisé, un travailleur sans qualification d'origine essentiellement maghrébine, puis africaine. L'étranger est le terme pour définir juridiquement un statut alors que l'expression immigré est assimilée à une condition sociale. L'immigration est donc le processus qui se rapporte à de nombreux domaines tels que le contrôle des droits civils, des flux migratoires… tandis que l'immigré est un état. De plus, il ne faut pas aborder l'immigration comme une totalité fictive, mais bel et bien comme une réalité individuelle, due à la diversité des trajectoires migratoires. Gérard Noiriel, historien, préfère le terme d'immigrant à celui d'immigré, car le second met l'accent sur le fait que les individus viennent d'un lieu étranger alors que le premier, d'origine américaine, insiste sur l'installation des populations et leur contribution au développement de la nation. Ici, les deux termes seront utilisés.
[...] Les raisons économiques sont essentielles, mais non suffisantes, en effet, la France a besoin de bras tant bien dans l'agriculture que dans les mines ou encore dans l'industrie naissante, les salaires sont plus élevés, ainsi le pays attire de nombreux migrants, à court ou à long terme. L'industrialisation et l'urbanisation sont deux grands facteurs du phénomène d'immigration. En effet, l'exode rural prive de bras certaines campagnes. Mais le fait que la France soit le pays des libertés et des droits de l'homme joue un rôle déterminant dans l'arrivée en masse de migrants, le rêve français est souvent évoqué, la représentation que les émigrants se font du pays dans lequel ils vont se déplacer est fondamentale, la France est la patrie des droits de l'homme. [...]
[...] Dès lors, la politique de l'immigration suit le même rythme que la croissance, car un bouleversement a lieu en 1974. La période de 1945 à nos jours est donc à scinder en deux parties. De 1945 à 1974, une nouvelle vague d'immigration construit la France des Trente Glorieuses. Le phénomène d'immigration de masse est de retour, même si les terres d'émigration évoluent, la France se tourne en effet vers ses colonies, comme l'Algérie par exemple (de 1945 à Algériens arrivent en France), les immigrations africaines prennent une place importante, tout comme l'immigration portugaise. [...]
[...] Ainsi, à partir des années 1980, les enjeux sont sérieux pour la France, il s'agit d'intégrer l'ensemble des citoyens à la nation pour créer une cohésion sociale et faire de la diversité une force. La stigmatisation de l'étranger est encore un thème redondant, malgré les dérives de la Seconde Guerre Mondiale, les quartiers où vivent les familles d'origine immigrée sont de plus en plus marqués par le chômage et la dégradation de l'habitat, la ségrégation entre les établissements scolaires augmente et aggrave le sentiment d'exclusion. [...]
[...] Force est de constater que les Français ne pas sont pas continuellement en accord avec l'entrée massive des immigrants à l'intérieur de leurs frontières, or ce comportement est relativement égoïste, car la main-d'œuvre étrangère est suscitée uniquement en cas de besoin, puis rejetée ensuite. Il ne faut guère faire d'amalgames, les comportements xénophobes ne sont pas majoritaires et se développent également dans l'ensemble des pays d'accueil. Il est essentiel de regarder le problème sous ses deux facettes : l'effacement des particularismes afin de s'intégrer à la nation française pour les étrangers reste parfois une étape difficile. [...]
[...] Ainsi, la France suit le mouvement des Français en instaurant des réformes en défaveur des étrangers, la xénophobie, plus modérée comparativement à celle d'une partie du peuple, se retrouve au sein de l'appareil étatique, c'est le modèle qui est en train de naître à cette époque chez les voisins Allemands. Mais les migrants sont également les victimes indirectes de conflits internationaux, par exemple dans les années 1930, les tensions entre l'Italie et la France se font ressentir sur les immigrants italiens. [...]
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