Au début du XIXe siècle, un courant nouveau voit le jour. Né de la rencontre de l'évolutionnisme des Lumières, des théories évolutionnistes de Darwin, et de l'idéologie coloniale de la IIIe République, une science des races humaines émerge, avec le désir de devenir une science à part entière, et marque le début de l'anthropologie sociale, qui est institutionnalisée dans les années 1860 en la Société d'anthropologie de Paris. De plus en plus de recherches sont effectuées reposant sur des principes anthropologiques, et pas uniquement par des scientifiques.
A la fin du XIXe siècle, ce courant s'est étendu, et l'idée d'inégalité s'est installée ; les républicains n'adhèrent alors plus aux principes égalitaires sur lesquels repose la République. Ces théories scientifiques se retrouvent alors vulgarisées afin d'être reconnues par le peuple. Les anthropologistes ont en effet la volonté de rendre leurs travaux publics, et ainsi les cours et articles de la Société d'anthropologie sont publiés dans des revues de vulgarisation scientifique. Les théories racialistes sont diffusées au sein de la société, et se retrouvent dans les dictionnaires ainsi que dans les manuels scolaires.
[...] Gobineau n'a d'ailleurs aucun contact avec la Société d'anthropologie, qui ne prend pas son travail au sérieux, et lui adresse quelques réponses scientifiques à son Essai. Fortement antimoderniste, Gobineau contredit ainsi les valeurs démocratiques de l'idéologie républicaine des racialistes. Sa vision est trop extrémiste, et jugée antirépublicaine. Ses théories, hiérarchiques et inégalitaires en faveur de la race blanche sont incompatibles avec les valeurs progressistes des républicains. Par ailleurs, Gobineau refuse tout métissage entre les races, alors que les autres racialistes de l'époque, notamment Renan, y sont favorables entre ce qu'ils considèrent être les races supérieures, espérant ainsi la création d'une race supérieure dominante homogène. [...]
[...] Une France antisémite ? Pendant les vingt dernières années du XIXe siècle s'est constituée, en France, une conception antijuive du monde fondée, d'une part, sur l'idée raciste par excellence selon laquelle les Juifs sont à jamais inassimilables, en raison de leurs caractéristiques biologiques (ou raciales et psychoculturelles et, d'autre part, sur le thème d'accusation conspirationniste, les Juifs étant accusés de vouloir dominer le monde, à travers manipulations de l'opinion, complots et bouleversements révolutionnaires, sur fond de domination financière plus ou moins occulte. [...]
[...] Jusqu'à la fin du XIXe siècle cependant, les théories racialistes étaient globalement acceptées par la nation française. L'idéologie du racialisme, avec l'idée d'une race blanche pure et prédominante telle que la définit Gobineau, n'était pas un modèle accepté, mais la notion de race et sa hiérarchisation était un fait établi par une société qui, par conviction scientifique, était devenue raciste. Pour ce qui est de l'antisémitisme, Drumont, comme le compte de Gobineau, a publié son ouvrage au moment où le pays attendait une réponse, ce qui a facilité la diffusion de La France juive. [...]
[...] Edouard Drumont Drumont et son époque Dans le contexte des années 1880 en France, la publication de La France juive (1886) tombe au bon moment dans une société exaspérée par cette communauté juive grandissante et capitaliste. L'ouvrage de Drumont remporte un franc succès, et est très vite écoulé à plus de 65'000 exemplaires l'année de sa publication.[6] Si les théories de ce dernier ne font pas l'unanimité, elles jouissent néanmoins d'une forte popularité, et sont approuvées par les milieux catholiques et nationalistes. [...]
[...] Fin XIXème-début XXe siècle Les historiens de la toute fin du XIXe siècle discréditent les thèses de Gobineau et de Vacher de Lapouge. Leur vision de l'histoire, uniquement basée sur un facteur d'ordre racial, est fortement critiquée. Les théories de Gobineau sont jugées simplistes, dépourvues de fondement scientifique ou historique véritable, contestables et, même dangereuses[3]. Les théories élitistes, plus que jamais, ne plaisent pas, et historiens et patriotes, fortement républicains, combattent ces idées. Ils refusent la théorie selon laquelle l'hérédité définit les différences entre les races, et donc les différences entre les hommes. [...]
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