« J'aime tellement l'Allemagne que je préfère qu'il y en ait deux », disait François Mauriac. Alors qu'en 1989 renaît l'espoir parmi les Allemands de la possibilité d'une réunification, Helmut Kohl déclarant le 22 août 1989 que « la question est à l'ordre du jour », ils n'ont pas oublié qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France voulait diviser l'Allemagne. La France, héritière de la diplomatie gaullienne d'équilibre entre les blocs semble n'avoir rien à gagner de la fin de la confrontation Est/Ouest et elle est suspectée de vouloir entraver le processus de réunification. Pourtant, François Mitterrand, « l'homme du passé », hanté par sa lecture de l'Histoire croit en la nécessité et au caractère inéluctable de la réunion du peuple allemand et continue de l'affirmer au cours de son mandat, comme il le fait savoir dès le 23 février 1982 sur ZDF. Toutefois, il considère nécessaire de poser certaines conditions à la réunification et cherchera à l'encadrer.
Nous pouvons donc nous demander quelles ont été les réactions diplomatiques et politiques de la France en réponse à la concrétisation progressive de la réunification.
[...] Les Français sont très sceptiques à l'égard de la lancinante proposition allemande d'union politique. L'Allemagne, état à la souveraineté limitée, nain politique et première puissance économique européenne est prête à perdre de la souveraineté là où elle faible, à savoir sur le terrain politique tandis qu'au contraire, la France, puissance politique, nucléaire, forte de son indépendance stratégique et nain économique, forcée d'ancrer sa monnaie sur le Deutsch Mark, dans un contexte de crise économique est prête à aliéner sa souveraineté économique, mais refuse tour volet politique. [...]
[...] Consciente de ces nécessités, la France se rallie finalement à l'idée d'union politique, suivant en cela un mouvement déjà amorcé par Jacques Delors et Helmut Kohl. Les dirigeants français et allemands écrivent donc le 18 avril une lettre commune aux membres de la Communauté européenne pour mettre à l'ordre du jour de la réunion du conseil européenne à Dublin les 28 et 29 avril 1990, l'inscription d'un volet d'union politique au processus communautaire avec un rapport à rendre pour la réunion de Dublin II le 15 juin. [...]
[...] Erich Honecker a en effet été remplacé par son dauphin Egon Krenz et le quai d'Orsay relativise l'impact de la chute du Mur, alors que le degré de délabrement de l'économie est-allemande est largement sous-évalué. C'est dans ce cadre que François Mitterrand fait usage au cours de cette période d'un leitmotiv entamé avant la chute du mur, parlant du caractère nécessairement démocratique et pacifique de la réunification. La France pose donc des conditions internes et externes à l'unification allemande. Celle-ci doit être démocratique : elle doit être le fruit de la volonté des deux états et de tous les Allemands, ne devant pas s'apparenter à un nouvel Anschluss. [...]
[...] La nécessité d' ancrer la RFA à l'Ouest Le refus de la neutralisation de l'Allemagne consécutif à la réunification Avec l'accélération du processus de réunification, une des plus grandes priorités de la politique étrangère française est l'ancrage accru de l'Allemagne à l'Ouest. Pour la France, le maintien de l'Allemagne dans l'OTAN est une nécessité. Si Mitterrand cherche à préserver Gorbatchev, il s'oppose fermement à la neutralisation de l'Allemagne, d'une part pour rassurer les pays limitrophes, d'autre part car l'Allemagne constitue le centre stratégique de l'OTAN et l‘une de ses principales puissances économiques et militaires. Cette insistance permet aussi d'assurer à plus long terme à l'URSS que l'Allemagne ne risque pas de retrouver des velléités expansionnistes. [...]
[...] Un des principaux points débattus auquel la France s'intéresse particulièrement est la question du renoncement de l'Allemagne aux armes atomiques, bactériologiques et chimiques (ABC). Si l'Allemagne est prête à accepter à la dénucléarisation - la société allemande est majoritairement hostile aux armes nucléaires - la France, en prévision de l'expiration future du traité TNP, montre un intérêt particulier à sa non-nucléarisation, désirant garder l'Allemagne dans une tutelle protectrice occidentale. Un des autres points discutés, préoccupant principalement les Américains et les Soviétiques, concerne la présence de troupes étrangères en Allemagne. [...]
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