Pleinement dans la lancée de la seconde révolution industrielle, la France reste, à la charnière du dix-neuvième (XIXe) et vingtième (XXe) siècle, une des grandes puissances mondiales, sur le plan économique et politique, qui rayonne à travers le monde par sa culture et son passé glorieux.
Même si l'on connaît toutes les ambigüités d'une définition de la notion de puissance, on peut s'avancer sans risques en affirmant que la France réunit définitivement certains des attributs fondamentaux de la puissance. En effet, rappelons-nous que cette notion ne recèle pas uniquement des aspects économiques et militaires puisque selon R. Aron, la puissance se définit par « la capacité de faire, produire ou détruire ». Ainsi, la puissance recouvre aussi le pouvoir d'influence (Soft power) des Etats combiné au pouvoir d'agir. La France, toute-puissance économique, militaire, culturelle et historique qu'elle est, ne pourra pourtant échapper aux bouleversements qui affectent le continent et les puissances européennes au début du XXe, au profit surtout d'outre-Atlantique.
Il devient évident à cette époque que les attributs de la puissance française ne suffiront plus à lui assurer à long terme la place à laquelle elle aspire sur la scène internationale. Partagée entre archaïsmes et modernités, combien de temps la France pourra-t-elle rester une grande puissance mondiale et quels sont les éléments qui vont faire qu'elle ne pourra peut-être plus assumer le rôle qui lui incombait jusqu'alors ?
S'il est incontestable que la France détient au début du XXe certains des piliers de la puissance (I), il n'en demeure pas moins que les prémices de son déclin apparaissent à la veille de 1914 (II).
[...] En termes de relations internationales, la France est définitivement au cœur des manœuvres de puissance entre Etats. Elle est la clé de voûte d'un système d'alliances élaboré à partir de la fin du XIXe entre elle et la Russie des Tsars, puis entre ces derniers et le Royaume-Uni ; ce qui donnera lieu à la Triple-Entente et toutes les suites que l'on connaît. Nul doute que la guerre qui allait éclater ruinerait les ambitions et les moyens de la France, pour autant, certains signes pointant avant même le déclenchement de la guerre augurent d'un affaiblissement relatif des capacités d'influence françaises. [...]
[...] La France reste encore à la veille de 1914 une grande puissance mondiale, qui a un rayonnement politique et culturel unique, des potentialités importantes dans l'industrie et la finance. Néanmoins, la nouvelle donne mondiale qui tend à s'établir n'est pas en faveur de la France, qui n'aura pas su se moderniser à temps, et du vieux continent plus généralement. En bref, une tendance à l'essoufflement se constate à la veille de 1914 en France par rapport aux puissances montantes et qui sera confirmée dans la lutte fratricide qui opposera les systèmes d'alliances. [...]
[...] En vérité, la France reste une puissance rurale, avec la moitié de sa population vivant à la campagne avant 1914. Les investissements réalisés ne se suffisent à eux-mêmes puisqu'ils n'ont pas été localisés dans les activités productives de l'industrie, jouant ainsi en défaveur d'une modernisation des structures de production, au demeurant presque absente. Les capitaux ont été investis à l'étranger en presque totalité, Autriche-Hongrie, Italie et en Russie avec les suites tragiques de l'affaire des emprunts russes dont le contentieux ne sera réglé que des dizaines d'années plus tard. [...]
[...] Le volume du stock d'or détenu est considérable et fait du Franc germinal une des monnaies les plus solides el les plus anciennes (1803). Il faut noter aussi qu'entre 1900 et 1914, la quantité de monnaie en circulation a été multipliée par deux, ce qui fait du Franc germinal une devise sure et appréciée dans les échanges internationaux, la deuxième monnaie mondiale. Le milieu bancaire est quant à lui très développé, les banques de dépôts (Crédit Lyonnais, Société Générale) et d'affaires (Banque de l'Union Parisienne) se multiplient et prospèrent. [...]
[...] La France est-elle encore une grande puissance à la veille de 1914 ? Pleinement dans la lancée de la seconde révolution industrielle, la France reste, à la charnière du dix-neuvième (XIXe) et vingtième (XXe) siècle, une des grandes puissances mondiales, sur le plan économique et politique, qui rayonne à travers le monde par sa culture et son passé glorieux. Même si l'on connaît toutes les ambigüités d'une définition de la notion de puissance, on peut s'avancer sans risques en affirmant que la France réunit définitivement certains des attributs fondamentaux de la puissance. [...]
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