La France semble prospère. L'Exposition coloniale qui s'ouvre à Vincennes en mai 1931 témoigne de sa puissance mondiale et des ressources que lui procure son vaste empire. Les industries modernes et dynamiques se développent (sidérurgie, constructions mécaniques, constructions électriques, chimie...) au détriment des vieilles industries repliées sur un marché intérieur protégé (textile). Un patronat moderne (Renault, Boussac, Loucheur) accélère l'industrialisation du pays, favorise la mécanisation et la concentration. Le franc, consolidé après la dévaluation de 1928, attire les capitaux étrangers et la Banque de France accumule d'importantes réserves d'or.
Pourtant, le pays est en retard dans la modernisation de son économie. La majorité du patronat est hostile à l'idéologie productiviste, se méfie des innovations, investit peu; malgré la croissance des grandes entreprises, les petites entreprises dominent (49,8 % ont moins de 100 salariés en 1931). L'agriculture conserve une place essentielle dans l'économie et, en 1931, 48,8 % des Français vivent encore à la campagne; mais les modes de production sont encore souvent routiniers et n'assurent pas l'autosuffisance alimentaire du pays. A cause de la faible croissance démographique, le marché national est restreint. Dès 1927, les exportations baissent, on enregistre des difficultés dans les entreprises exportatrices, l'agriculture et certains secteurs industriels (construction navale, textile, bâtiment).
[...] Ce n'est qu'en juillet 1934 qu'un pacte d'unité d'action entre socialistes et communistes est signé après que l'Internationale communiste a décidé d'abandonner la ligne classe contre classe pour celle de la main tendue s. En juillet 1935, le PC et la SF10 sont rejoints par les radicaux. Ainsi se constitue un Comité d'organisation du rassemblement populaire (Front populaire) qui élabore un programme en vue des élections législatives de 1936. Ce programme, très modéré, est articulé autour de trois revendications: le pain, la paix et la liberté. La coalition du Front populaire remporte les élections de mai 1936. [...]
[...] Deux facteurs expliquent la durée de la crise : l'inadaptation des mesures gouvernementales et les problèmes structurels de l'économie. Les gouvernements pratiquent une politique de déflation. Ils accroissent les droits de douane et limitent autoritairement les importations; ils cherchent à réduire la production et le déficit budgétaire (réduction des dépenses de l'État, baisse des traitements des fonctionnaires, baisse des pensions de retraite . ils s'efforcent de maintenir la valeur du franc, refusant la dévaluation. Les prix français restent supérieurs aux prix mondiaux; les produits français se vendent mal. [...]
[...] Les gouvernements qui se constituent ainsi sont incapables d'adopter une politique cohérente et donc efficace. Le dysfonctionnement des institutions est croissant. L'Assemblée ne joue pas son rôle législatif traditionnel, la plupart des mesures sont prises par les gouvernements qui recourent aux décrets-lois. D'autres manifestations encore témoignent de la dérive du régime: la diminution du rôle des présidents de la République ; l'influence de puissants groupes de pression comme celui des anciens combattants ; l'accroissement de l'autorité du Sénat, bastion de l'idéologie républicaine modérée, qui freine les mesures sociales. [...]
[...] La crise du 6 février 1934 Un scandale politico-financier, l'affaire Stavisky, cristallise l'exaspération contre le régime et débouche sur une émeute. Alexandre Stavisky a détourné des millions dans des escroqueries facilitées par des complicités politiques. L'affaire est découverte à la fin 1933. Les ligues se déchaînent contre le régime parlementaire. Des manifestations organisées le 6 février 1934 devant l'Assemblée nationale dégénèrent en émeutes, causant 15 morts et près de blessés. Le lendemain, le gouvernement du radical Daladier, bien qu'il soit soutenu par une large majorité des députés, démissionne. [...]
[...] Quelques jours plus tard, la Chambre vote les congés payés (15 jours pour tous les salariés) et la semaine de 40 heures . L'action culturelle est également considérable: l'obligation scolaire est portée à 14 ans, un secrétariat d'État aux sports et aux loisirs est créé, une action en faveur du développement de la culture dans les couches populaires est développée. S'ajoutent des réformes de structure: la création d'un Office du blé pour garantir le pouvoir d'achat des agriculteurs, une réforme de la Banque de France en faveur des petits porteurs, la nationalisation des industries d'armement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture