La France du XIXe siècle est en pleine ébullition. Pays de la révolution et des droits de l'homme, elle connaît une histoire mouvementée et tumultueuse dont le rayonnement dépasse largement ses propres frontières. Elle ne cesse d'osciller entre différents systèmes politiques tous différents, se cherche et se construit. Ce n'est qu'après 1870 que la situation paraît se stabiliser ; et malgré la grande dépression économique qui touche profondément la société française entre 1873 et 1896, la IIIe République tient face aux difficultés. Plus encore, elle s'ancre dans les années qui suivent jusqu'à l'éclatement de la Première Guerre mondiale. C'est l'une des raisons pour laquelle cette période est appelée « Belle Epoque » a posteriori en 1919. Mais comme le rappelle R. Girardet, ce temps se caractérise par le souvenir sans conteste mythifié d'une prospérité sociale, économique, politique et culturelle. Or, si une telle mémoire se crée, c'est parce que le pays est bel et bien entré pour une part dans une ère de prospérité ; laquelle s'embellit et s'amplifie toutefois au contact de deux périodes difficiles de dépression et de guerre totale. Il convient alors de distinguer le temps vécu du temps reconstruit dans la mémoire collective d'après-guerre pour comprendre ce qui constitue plus réellement ce moment d'apparente prospérité.
[...] La France connaît donc un rayonnement culturel sans précédent durant cette période charnière, qui s'appuie sur le génie du siècle pour entrer dans la modernité. Il est donc opportun de parler de Belle Epoque dans la mesure où les français connaissent un temps d'équilibre et de rayonnement tant sur les plans politique que culturels. Mais cette apparente prospérité ne doit pas pour autant occulter une réalité moins enthousiasmante. La Belle Epoque n'est pas constituée de ces seuls traits positifs. C'est aussi une période dont on a tendance à oublier les troubles et l'archaïsme, témoins d'inquiétantes faiblesses. [...]
[...] Le pays connaît en effet une trêve entre la grande dépression et la Grande Guerre. D'importants changements économiques, politiques et sociaux le font entrer d'un pas timide dans la modernité, à un moment où la situation politique se stabilise et le pays rayonne à l'international. Mais il n'empêche que ce tableau plutôt lumineux est entaché tant le pays présente aussi d'inquiétantes faiblesses. La Belle Epoque n'est pas d'abord celle de tous les français ; et plus encore, elle ne rime aucunement avec entière paix sociale et politique. [...]
[...] C'est partant de là que plusieurs avancées sont permises. Si la progression globale du niveau de vie au sein de la population agricole peut paraître anecdotique, l'obtention du repos hebdomadaire en 1906 ainsi que de la retraite à soixante-cinq ans en 1910 pour les ouvriers constitue de véritables avancées. Cette époque est donc bien celle d'avancées sociales timides, mais significatives. S'ils ne sont pas corrélés à l'exceptionnelle croissance que connaît la France dans les années qui précèdent la Grande Guerre, ces faibles progrès s'y appuient néanmoins dessus. [...]
[...] Plus encore, c'est aussi à ce moment que se crée le parti républicain radical et socialiste en 1901, puis la SFIO (section française de l'internationale ouvrière) en 1905. On observe donc un processus d'institutionnalisation des forces partisanes de la IIIème république à la Belle Epoque si bien que l'on peut dire qu'elle permet à la France de poser un premier pas dans son entrée à la vie politique française moderne. Or, ce premier mouvement se double d'un second qui fait de cette période celle de premières avancées sociales, si timide soit-elle. [...]
[...] On demeure donc dans une agriculture routinière. Ce problème d'archaïsme n'est d'ailleurs pas strictement borné au secteur primaire, mais touche aussi les industries au bilan très hétérogène. Le prix élevé du charbon dévoile la dépendance énergétique française vis-à-vis de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, et de fait la faiblesse du secteur. C'est aussi ces dépendances que reflète le déficit chronique de la balance commerciale à partir de 1895 (exception faite pour l'année 1905), dont la structure se détériore d'ailleurs avec l'importation croissante de produits manufacturés. [...]
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