« De la même manière que l'Europe a fourni le cadre nécessaire à la réconciliation franco-allemande, cette entente a été et elle continue d'être à la fois la condition préalable, la base et le moteur du processus d'unification » déclarait le chancelier Helmut Kohl, le 22 janvier 1988, lors des cérémonies du 25e anniversaire du traité de l'Elysée. Il semble en effet impossible aujourd'hui d'envisager la construction européenne en l'absence de bonnes relations entre la France et l'Allemagne. Mais l'intitulé du sujet nous porte à réfléchir non pas exclusivement sur le « couple franco-allemand » mais aussi sur les oppositions et les ruptures entre les deux pays et leurs rapports avec la construction d'une Europe Unie.
Ainsi, le XXe siècle est marqué par deux conflits mondiaux au sortir desquels la France et l'Allemagne disposent de statuts opposés, l'un vainqueur et l'autre vaincu. Pourtant, des projets des années vingt au traité de Maastricht, on observe une quantité d'initiatives en faveur de la construction européenne, qu'elles aient abouti ou non. Celles-ci mettent en jeu la France et l'Allemagne, et le caractère tantôt convergent, tantôt divergent de leurs intérêts. On peut donc se demander si la relation franco-allemande constitue le principal pivot de la construction européenne et en quoi cette construction d'une Europe Unie, rendue nécessaire, par les évolutions politiques et économiques mondiales, a joué un rôle dans la nature du lien entre les deux pays.
[...] Sur le plan politique, Giscard et Schmidt font avancer la coopération européenne par des prises de position propres à la communauté vis-à-vis des Etats-Unis et du Proche-Orient, etc. Dans les années 1980, l'engagement français dans la construction européenne est remis en cause au début du mandat de François Mitterrand. Dans les négociations sur la révision des traités, qui allaient donner l'Acte Unique, l'accord franco-allemand n'est que partiel. Les divergences se portent sur le prix des céréales, les positions su sein du GATT, la défense . [...]
[...] L'arrivée de De Gaulle au pouvoir en juin 1958 suscite des inquiétudes quant à l'application des traités de Rome, en raison de son positionnement contre une Europe supranationale. Il rassure très vite les partenaires et va même plus loin en donnant une grande importance aux relations franco- allemandes. De Gaulle est convaincu que l'économie française tirera profit du marché commun et pour s'assurer de l'application du traité il se rapproche d'Adenauer par des rencontres régulières. Grâce à cette entente, la CEE est mise sur pied rapidement. [...]
[...] Par leurs initiateurs et leur contenu, ces projets donnent à la relation franco-allemande une place particulière. A. Les projets d'union économique L'échec de la guerre froide franco-allemande fait en effet comprendre à la France qu'elle ne peut pas imposer par la force sa vision de la reconstruction de l'Europe. Le plan Dawes (1924) démontre que le redressement économique ne peut se faire qu'à l'échelle du continent et que la France et l'Allemagne ont intérêt à jouer la carte du rapprochement. [...]
[...] Cette proposition est accueillie favorablement par le Chancelier Conrad Adenauer qui aspirait à une entente franco-allemande. Plusieurs mois de vives discussions aboutissent à la signature du traité de Paris instaurant la CECA (18avril 1951) par la France, l'Allemagne, le Benelux et l'Italie. Cette première réussite dans la construction européenne[3] est donc intimement liée à la relation franco-allemande. Elle permet de concrétiser une réconciliation qui apparaissait nécessaire d'un côté comme de l'autre, et d'assurer à la France sa sécurité en rendant une guerre franco-allemande impossible. La visée européenne était primordiale chez les inspirateurs du projet. [...]
[...] Au sommet de Copenhague, la France et l'Allemagne s'opposent sur la politique à mettre en oeuvre dans le domaine énergétique. Sur la forme que doit prendre la construction européenne enfin, les désaccords entre la France et l'Allemagne sont fondamentaux. La première défend une Union d'Etats fondée sur un fonctionnement intergouvernemental, la seconde souhaite une Europe plus fédérale avec une dimension supranationale. Ces divergences n'empêchent pas une action commune pour l'approfondissement de la construction européenne dans les années soixante-dix et quatre-vingt. B. [...]
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