« La IIIe République a fait assurément franchir une étape décisive à la vie politique en direction de la démocratie ». Lorsque René Rémond dans son ouvrage sur La République souveraine parle en ces termes de la IIIe République, il la replace dans l'histoire politique de la France. En effet, si en 1848 le suffrage universel, est proclamé par Lamartine, comme « la démocratie elle-même », le régime disparaît rapidement au profit de l'Empire de Napoléon III. Les prémices de la démocratie se noient alors dans un simulacre, les référendums devenant des plébiscites. Pourtant, la pratique électorale s'insinue tranquillement dans la vie quotidienne des français.
En 1870, et plus tard avec l'arrivée au pouvoir des républicains, il n'y a plus de contestation directe de la souveraineté du peuple possible, le Suffrage universel s'est ancré dans les mœurs. Ainsi s'engage une nouvelle réflexion sur la démocratie. « Gouvernement du peuple par le peuple », doctrine politique consacrant la souveraineté de l'ensemble des citoyens, elle définit l'organisation politique, souvent la République, dans laquelle les citoyens peuvent exercer cette souveraineté. Si ces éléments sont connus et incontournables, les républicains ont la lourde tâche de mettre en pratique le respect des libertés et l'égalité entre les citoyens, éléments qui leur ont tant manqué sous les régimes précédents. Y sont-ils arrivés ?
A la veille de la première guerre mondiale de 1914, peut-on affirmer que la démocratie en France est sans contradictions ?
Si la France de 1914, grâce à la troisième république, entame un processus de démocratisation constituant une étape importante vers l'Etat de droit, il n'en reste pas moins qu'il reste encore du chemin pour l'achever.
[...] La France alors en pleine expansion coloniale laisse la possibilité d'accéder à la citoyenneté française aux indigènes évolués et assimilés. Chaque colonie a droit à un sénateur et un député. Pourtant seule une minorité détient le droit de vote. En effet celui-ci est fondé sur les origines : seuls les citoyens venus de France, les administrateurs, militaires, marins, colons, étaient électeurs de droit. L'accès au droit de vote pour les indigènes était très réglementé : il fallait avoir servi la France ou avoir obtenu un certain nombre de diplômes. [...]
[...] Celui si fortement ancré ne peut-être remis en cause, mais on voit pourtant se développer toute une interrogation autour de la pratique démocratique et le bon usage des masses. En effet, les républicains ont peur de les affronter de front, ils se retranchent comme les conservateurs derrière une vision historique de la démocratie. Les républicains l'envisagent plutôt dans la perspective du positivisme d'Auguste Comte pour qui le suffrage universel était malfaisant et qui souhaitait que l' aristocratie tienne une part importante dans les démocraties Alors que certains parlent d'absurde théorie de la souveraineté populaire, d'après laquelle un vote en vaut un autre, sans distinction d'intelligence, de moralité, ou de civisme Jaurès vers 1900 dénonce le fait que le suffrage universel a fait du peuple une assemblée de Rois Ainsi s'impose le choix définitif de la démocratie représentative de Montesquieu par opposition à la démocratie participative de Rousseau. [...]
[...] Autant dire que ces aspects de la démocratie de 1914 paraissent éloignés de la conception démocratique française actuelle. - En son nom, le régime n'hésite pas parfois à se montrer répressif, violent et à bafouer certaines libertés Si le régime a su consacrer la démocratie, en définir la pratique, il n'en reste pas moins, qu'à plusieurs reprises les libertés fondamentales ont été remises en cause. A la suite de la vague d'attentats anarchistes, le régime opte pour la répression. Une fois, le 11 décembre 1893, il punit de peines d'emprisonnement la provocation directe ou indirecte, même non suivie d'effets. [...]
[...] La démocratie s'est développée par le renouvellement des formes de participation politique. II/ . Mais il n'en reste pas moins qu'il reste encore du chemin à parcourir pour l'achever A nos yeux les réalisations de la IIIe République et l'état de la démocratie en 1914 peuvent paraître inaboutis au regard de notre société démocratique. Qualifiée de démocratie moyenne par Pierre Rosanvallon, la démocratie française en 1914 est affaiblie par les doutes portés sur le régime et certains des problèmes institutionnels - Toute la Troisième République est traversée par une réflexion sur la pertinence du suffrage universel En 1914, on l'a vu, la démocratie est fortement ancrée dans la société française. [...]
[...] Ainsi se développe une démocratie sociale celle incarnée par Jaurès, qui s'accompagne d'un renouveau des aspirations démocratiques. En effet pour ce dernier, il existe une étroite solidarité entre démocratie et socialisme, dans le principe d'égalité vers lequel ils tendent. On voit donc fleurir toute une législation sociale qui contribue à démocratiser la société. En 1874, l'inspection du travail est réglementée, puis des mesures de protection individuelle et sur les conditions de travail, protégeant les travailleurs les plus menacés (les enfants et les femmes) voient le jour. [...]
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