La France, cette « Grande Nation » (Napoléon Bonaparte), mère patrie des idéaux, « soldat de l'Humanité [...] et de l'idéal » (Georges Clemenceau), auréolée du prestige de la Révolution française et des grands principes qu'elle a véhiculés avec sa Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, cette France dont la langue est au XXe siècle encore celle des diplomates, dont les auteurs et les philosophes ont inspiré les autres pays, estime être entre 1914 et 1924 une puissance incontestée sur l'échiquier mondial.
Mais qu'est-ce qu'une puissance ? On peut parler de puissance dans bien des domaines, mais globalement, on retiendra la définition suivante : une puissance est un pays dont l'économie est prospère, la politique stable, le niveau de vie des habitants élevé, un pays moderne, en accord avec sa société et qui joue un rôle important au niveau international.
Au regard de cette définition, on peut donc se demander si la France est réellement une puissance pendant la période envisagée (1914 – 1924) ou si cette dernière est simplement illusoire.
[...] C'est principalement l'immigration qui contribue à la hausse de la population. Enfin, sur le plan économique, si les Français sont riches, ils investissent surtout à l'étranger, l'absence d'investissements dans l'industrie française freine sa modernisation et elle voit sa production mondiale baisser de entre 1869 et 1914. Au niveau international, la France est certes renforcée du fait de son système d'alliances, mais celui-ci ne la protège pas de toutes les tensions internationales et ne dynamise pas son commerce extérieur. En effet, les rapports entre la France et l'Allemagne sont tendus pour maintes raisons. [...]
[...] Somme toute, la société a soif de loisirs et s'adonne à une quasi-oisiveté à pleine joie, forte de sa conviction d'être une puissance. La société française évoluée de l'après Première Guerre mondiale laisse donc croire, étant donné le privilège qu'elle donne aux loisirs, que la puissance de la France est rétablie, mais il ne faut pas oublier que les années folles cachent une dure réalité. Le fait que la France soit un des pays victorieux ne refait pas automatiquement d'elle une puissance, et même si la joie de vivre de la société prêterait à croire qu'elle est rétablie, la réalité est néanmoins plus sombre. [...]
[...] La France, à la veille de la Première Guerre mondiale présente des signes de puissance, tant sur le plan interne que sur le plan externe. Sur le plan interne, elle est une puissance, car sa République est généralement acceptée et, car la prospérité économique de la société est visible. La République est effectivement acceptée par l'ensemble des partis politiques : les hostilités au régime sont rares, le pays étant moralement uni autour du système parlementaire, en dépit des divergences sociales et religieuses. [...]
[...] La France est donc présente partout en Europe. Toujours sur le plan international, l'empire colonial est agrandi : les colonies allemandes sont partagées entre la France et la Grande-Bretagne et la France hérite ainsi des terres d'Afrique occidentale. Le pays par voie de conséquence étendit son réseau d'influences. En outre, le traité de Versailles impose des réparations à l'Allemagne, qu'elle doit payer pour dédommager les pays dévastés par la guerre. Leur montant total s'élève à 132 milliards de marks-or et il est prévu que la Grande Nation en perçoive taux le plus élevé en comparaison aux autres pays concernés par ces réparations. [...]
[...] La Grande Nation est enfin traversée par des troubles économiques. Persuadé que l'Allemagne paiera en temps et en heure ses réparations, le gouvernement entame une généreuse politique de reconstruction et d'indemnisation de la guerre, qu'il finance par des avances censées être remboursées par les réparations. Celles-ci ne venant pas, il est obligé de les payer par une politique d'emprunts et par l'inflation, ce qui entraîne un déficit budgétaire spectaculaire. L'engrenage ne s'arrête pas à la crise économique : d'elle résulte une crise politique et diplomatique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture