Le 19 novembre 1899 fut érigée la statue de Jules Dalou sur la place de la Nation. Celle-ci exaltait la gloire de la République qui semblait, malgré les restaurations et les empires du XIXe siècle, avoir triomphé des irrégularités institutionnelles françaises et traversé les tempêtes de forces et de dynamiques réactionnaires.
Néanmoins, dès sa proclamation, les monarchistes et les bonapartistes s'opposent à ce régime et ce n'est qu'après la chute du président Mac Mahon que la République conservatrice que plébiscitait Thiers s'ancre dans les mentalités. Elle s'inscrit contre la monarchie, et la souveraineté y est détenue par le consentement populaire, le chef de l'Etat étant élu par le peuple. Mais ce régime n'est pas exempt de critiques et son système de valeurs est constamment remis en cause par des interprétations opposées qui sont parfois animées par des passions intransigeantes. Au tournant du siècle, l'espace public français est occupé par les débats sur l'Affaire Dreyfus et la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
[...] Autour de Jules Guesde se forme le Parti socialiste de France en opposition au parti socialiste français de Paul Brousse et Jaurès. Dans la même mouvance, la Confédération Générale du Travail affirme avec la Charte d'Amiens en 1906 (voir document) son ambition radicalement révolutionnaire. - Malgré cette apparente scission, la gauche socialiste de la Troisième République se réunit en 1905 dans la SFIO et dans les congrès internationalistes. Cette réunion montre bien le but commun de l'ensemble des socialistes du tournant du siècle, qui est, même pour les réformistes, l'avènement de la société sans classe plutôt que la République française. [...]
[...] Les succès de la France républicaine 1. La laïcisation de l'espace public - Avec la loi de 1901 sur la liberté d'association, Waldeck-Rousseau contraint les congrégations à demander une autorisation particulière, sous peine de dissolution ; elles ne peuvent enseigner sans en avoir reçu la permission. - Emile Combes fait appliquer cette loi avec vigueur et retire le droit d'enseigner aux congrégations le 7 juillet 1904 ; en novembre, il propose la séparation de l'Eglise et de l'Etat. - Un vaste mouvement anticlérical se met en place en rencontrant un appui populaire (exemple : grand succès des conférences de Sébastien Faure, anarchiste et farouche anticlérical). [...]
[...] En s'appuyant sur les patronages catholiques, Sangnier crée en 1901 des Instituts Populaires. Il est le symbole d'un mouvement de catholicisme social, défendu par Albert de Mun. - Mais si beaucoup de catholiques se rallient à la République, la politique anticléricale des radicaux tend à les en détacher. Ainsi, Jacques Piou et Albert de Mun, ralliés à la République à la demande de Léon XIII, créent en 1901 le parti de l'Action libérale populaire contre l'offensive anticléricale face aux initiatives de Waldeck-Rousseau. [...]
[...] La républicanisation de la nation française est un processus d'application de normes abstraites et le plus souvent légitimées par un universalisme aux accents kantiens sur les réalités de la France de l'époque. Dans les buts qu'elle poursuit comme dans les méthodes qu'elle emploie, elle provoque des oppositions : une partie de la population considère qu'elle ne va pas assez loin tandis qu'une autre réaffirme les singularités de la Nation contre cette prétention à l'universel. La République fait ainsi face à une France profondément divisée à son égard. II. [...]
[...] Le système institutionnel de la France du tournant du siècle est donc résolument républicain. - C'est dans ce contexte de libre expression politique que se développe l'Affaire Dreyfus. Celle-ci fait renaître le sentiment de la République en danger, devant l'action violente des ligues nationalistes. Paul Déroulède tente même un soulèvement en 1899, et Emile Loubet est agressé la même année à Longchamp. - Ces intimidations face au régime contribuent à rassembler ses défenseurs autour du gouvernement Waldeck-Rousseau de défense nationale, rassemblant radicaux, catholiques sociaux et socialistes indépendants (comme Alexandre Millerand). [...]
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