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Le nationalisme est une notion à la fois complexe et évolutive au cours de notre période : le terme de nationalisme est à la fois proche et distinct de notions comme le patriotisme, la xénophobie, l'antisémitisme, ou encore l'antiparlementarisme. La notion la plus proche demeure le patriotisme, qu'on définira en recourant à l'étymologie, comme un simple attachement à la terre héritée de nos pères. Le nationalisme, lui, a tendance à s'institutionnaliser en ligues, journaux, propagande d'Etat... et comporte la dimension de projet. D'autre part, le nationalisme de 1848 n'est pas le même que celui que développera Charles Maurras. On peut distinguer entre un « nationalisme des patriotes », mouvement nationalitaire, qui affirme la liberté et l'égalité du peuple souverain, qui a vocation à l'universalité, et le « nationalisme des nationalistes » qui assument ce mot (Barrès, Maurras, Déroulède). On s'appuiera sur les travaux de Michel Winock, et sur la distinction qu'il établit entre « nationalisme ouvert » et « nationalisme fermé », dans Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France. Enfin, le mot désigne aussi le mouvement nationalitaire, c'est-à-dire celui de peuples animés par le désir de se constituer en Etat-nation. Même se ce problème ne se pose pas pour la France, elle est tout de même intéressée par cet aspect, dans la mesure où la Révolution française et l'Empire ont, directement/indirectement, volontairement/involontairement porté ce mouvement.
La question du rapport des Français au nationalisme, implique donc d'insister sur une interaction : Comment les Français ont à la fois élaboré leur(s) représentation(s) de la nation et reçu les constructions idéologiques dont ces représentations ont fait l'objet entre 1848 et 1914 ?
[...] Pourtant, le nationalisme de Barrès est aux antipodes du nationalisme républicain : paradoxalement, pour un anti-germaniste, il adopte la définition allemande de la nation, dans laquelle l'inconscient submerge la volonté générale. Anti-intellectualiste, il fonde sa passion du Moi national sur le culte de la Terre et des Morts : ses productions sont un hymne de l'enracinement, un chant d'angoisse contre la décadence. le nationalisme se rétracte dans son pré carré (Winock). Maurras est au contraire, un doctrinaire intransigeant. Sa pensée se signale par la force des constructions logiques et l'efficacité des démolitions. [...]
[...] Cependant, le Juif sert de substitut à l'ennemi extérieur, il est appelé par la mythologie antisémite à figurer, à l'intérieur, l'ennemi nécessaire contre lequel il devient plus facile d'assurer la cohésion nationale. L'antisémitisme = l'un des ressorts du nationalisme. Maurras dénonce dans l'Affaire Dreyfus un complot étranger visant à dissoudre la communauté nationale en s'en prenant à ses deux garants : l'Armée et l'Eglise. Il ne croit possible la cohésion sociale qu'au moyen de solides cadres institutionnels : famille, corporations professionnelles, Eglise catholique, Etat unifié. [...]
[...] Commencée avant le Second Empire, et poursuivie par les Républicains de la comme Ferry ou Gambetta, la colonisation s'inscrit dans cette idée. Recherche outre-mer du prestige perdu de la France, après la défaite de Sedan, mais aussi idée de porter la civilisation, propre au nationalisme ouvert Relais : Les expositions de 1889 et 1900 servent de relais à la stimulation de ce sentiment national auprès des Français. Sociétés de géographie également. Echos : Ces idées de font pas l'unanimité. Tous les français ne s'y retrouvent pas : limite de la cohésion par ce nationalisme. [...]
[...] On peut donc se demander : Dans quelle mesure le nationalisme, entre 1848 et 1914, est-il un facteur de cohésion, ou au contraire de division, entre les Français ? On distinguera 3 moments: Entre 1848 et la crise boulangiste : on observera un nationalisme ouvert (forme de nationalisme avant l'heure, comme l'écrit Winock), empreint de l'idéal révolutionnaire et au rayonnement diffus, et on se demandera dans quelle mesure il réunit tous les Français. Entre les années 1880 et 1905 : on étudiera l'émergence d'un nationalisme conservateur qui renouvelle les thématiques et développe de nouvelles stratégies de conquête de l'opinion publique. [...]
[...] Ligue des patriotes de Déroulède (1882). Elle se veut apolitique, tendue vers le conditionnement moral et physique de la revanche. Capacité de mobilisation y compris dans la clientèle républicaine parisienne. On peut ici mettre l'accent sur le caractère ambigu du nationalisme de droite dans la mesure chez Déroulède on retrouve une France de l'ancienne extrême gauche nationaliste (pas si éloignée de la logique de 1870-1871). Reparaît alors la vieille tentation du complot. Le 23 février 1899, Paul Déroulède essaie d'entraîner un général (général Roget) sur l'Élysée au moment où les troupes présentes aux obsèques de Félix Faure se dispersent et rentrent dans leurs casernes. [...]
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