Français, Second Empire, Louis-Napoléon Bonaparte, France, autoritarisme, libéralisme
Depuis la Révolution française et tout au long du XIXe siècle, la France a été un laboratoire de régimes politiques, dans lequel beaucoup de types de pouvoirs différents se sont succédé. D'un gouvernement révolutionnaire à la première république, un empire a émergé, pour ensuite, par un tour de passe-passe Talleyrandien, retourner à une monarchie, monarchie différente des précédentes, car dotée d'une Constitution. Puis ce fut le commencement de la seconde république, qui cependant se solda par un échec, car à la suite de son putsch du 2 décembre 1852, le premier président de la République française mit au jour un Second Empire, forgé sur les vestiges du précédent. Le Second Empire était né, incarné par Napoléon III, neveu d'un illustre oncle, Napoléon Ier. Pas plus que tous les précédents gouvernements cet empire n'a survécu davantage que dix-huit années. A l'instar des autres, il s'est terminé dans la violence et par l'exil de celui que Victor Hugo appelait « Napoléon le petit ».
Louis Napoléon Bonaparte est une personnalité complexe, opaque. Derrière un physique plus que banal et mal proportionné, ainsi qu'un regard insignifiant qui lui valut nombre de sobriquets, il masquait une indéniable intelligence politique grâce à laquelle il put conquérir le pouvoir. Celui qui aspirait au bonheur des masses et à l'extinction du paupérisme a longtemps joui d'une légende noire que la littérature de son époque a contribué à façonner ; spéculation et corruption liées à « l'haussmanisation », choc de l'apparition des grands magasins pour les petits commerces ou encore férocité des luttes sociales ont jalonné son règne. Néanmoins, l'empereur se montre très soucieux du sort des ouvriers. On retrouve toujours dans sa politique l'idée du paternalisme concrétisée par des mesures d'assistance : avances de fonds pour l'achat d'outils, aide au logement. De même, la loi de mai 1864 sur la coalition illustre ce progrès social. Les grèves sont désormais autorisées et les sociétés coopératives ouvrières bénéficient alors d'un soutien considérable.
[...] Prolétaires ou acteurs de la vie politique, quels étaient leurs rapports vis-à-vis de ce Second Empire ? Au travers de cette analyse, nous nous efforcerons de mettre ceci en lumière. Afin de mener notre étude, nous nous placerons en France, de 1852 à 1870, période du Second Empire. Dans la dénomination les Français seront incluses toutes les couches de la population française. Les rapports des Français face au Second Empire seront abordés sous un angle politique, mais également social et culturel. [...]
[...] C'est l'époque ou Frédéric Mistral tente de sauvegarder les traditions de son pays. À la veillé, on peut encore recueillir beaucoup de contes régionaux. Les paysans continuent à se réunir pendant les longues soirées d'hiver autour d'une table éclairée à la chandelle. Les femmes filent, les hommes cassent des noix, chanteurs et conteurs sont les bienvenus. La prospérité agricole est réelle et les paysans resteront longtemps fidèles à l'empire. Maître du pays, Napoléon III s'entoure de collaborateurs issus de la bourgeoisie, comme le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870. [...]
[...] La France rurale est restée fidèle au régime, sauf dans le sud-est où le vote catholique a joué en sa défaveur. Plus catégoriquement qu'en 1863, les élections de 1869 sont celles d'une véritable campagne électorale ou les moyens jadis interdits peuvent jouer pleinement leur rôle: presse, réunions publiques. De nouveau, le gouvernement utilise son arme principale pour contrer l'opposition, le redécoupage électoral, et la candidature officielle est maintenant absente dans des circonscriptions. Certains parmi les candidats bonapartistes se disent “conservateur libéral”, ou encore “libéral dynastique”, dans le but de garder une certaine marge de manœuvre par rapport au pouvoir, qui ne parle alors plus de candidats “officiels”, mais de candidats “agréables”. [...]
[...] Le régime cherche à contrôler l'opinion et à combattre toute forme d'opposition. Pour ce faire, l'empereur s'appuie sur tous les auxiliaires de l'ordre dont il dispose : justice, gendarmerie, police, armée. La répression culmine en 1858 avec la 'Loi de Sûreté Générale votée le 19 février. Chaque préfet se voit dans l'obligation de procéder à un nombre d'arrestations fixé à l'avance. Cette loi permet de condamner tout suspect sans procès. Très mal perçu, ce retour à un régime d'intimidation par la violence est mis en sommeil par l'Empereur quelques mois plus tard. [...]
[...] Avec le lancement du premier timbre-poste, le vingt centimes Cérès, les Français correspondent davantage : neuf lettres au lieu de cinq par an et par famille, et chaque famille reçoit tous les jours la visite du facteur. Le nombre de bureaux de poste se multiplie. La France est dans une phase dynamique. Avec les années 1850, le pays entre dans l'ère de l'inventaire et de la statistique. Le recensement de 1851 marque un net progrès dans la collecte et l'exploitation des données. L'évolution démographique est perçue avec plus de netteté. En 1851, la France totalise 35,8 millions d'habitants et à la veille de la guerre de 1870, le chiffre passe à 38,4 millions. [...]
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