Les Français et l'école entretiennent un rapport essentiellement très étroit dans le sens où symboliquement l'école est un des ciments de la nation française et de la république. L'histoire du rapport passionnel entre les Français et l'école s'inscrit dans une histoire culturelle et politique précise. C'est tout d'abord une histoire culturelle comme histoire globale, embrassant dans une démarche qui lui est propre le politique, le juridique, l'économie, mais avant tout le social. L'école se définit en tant qu'institution qui dispense un enseignement aux enfants. Mais l'école est très certainement un lieu d'émancipation par l'instruction et de socialisation. C'est aussi un lieu de multiples tensions, parcouru par les grands débats idéologiques qui ont traversé la société française : la démocratie, la laïcité, la coexistence d'une école publique et d'une autre privée… L'école est l'un des meilleurs miroirs de la politique et de la société. Dès lors, il faut orienter le propos et s'intéresser aux résistances, aux adaptations, aux mutations de l'école. Il faut questionner l'intention des discours et mesurer l'écart entre ceux-ci et la réalité.
[...] L'enseignement français s'est-il démocratisé en mettant à bas l'École de Jules Ferry ? A. La massification des effectifs et ses effets pervers. La croissance des Trente Glorieuses et la tertiarisation de l'emploi exigent un développement massif de l'enseignement : la France souffre à tout niveau d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Si le contexte change en 1973, les mots d'ordre d'une scolarisation plus massive ne disparaissent pas : pour éviter la courbe montante du chômage, les pouvoirs publics ont intérêt à maintenir les Français dans un cadre scolaire. [...]
[...] Du traumatisme de Vichy aux réaffirmations républicaines de l'après- guerre. L'école est très vite au centre des préoccupations de l'État français : c'est un lieu d'embrigadement des esprits et un lieu de propagande. L'école devait être pour Vichy un outil d'enracinement d'une propagande anti- républicaine, un vecteur de l'idéologie de la Révolution nationale. Les pressions nazies et collaborationnistes sur l'école sont réelles et les enfants des écoles sont invités à admirer les grandes expositions itinérantes de l'Europe sur le Juif, le bolchévisme, la Franc-Maçonnerie qui sont autant de corrupteurs de la jeunesse française. [...]
[...] À partir de juin 1942, les écoliers et lycéens juifs de zone nord doivent aller en cours en portant l'étoile jaune. Le tribut payé à la politique antisémite de Vichy et de l'Allemagne nazie est lourd : sur les Juifs déportés de France sont des écoliers âgés de 6 à 13 ans. Et 5000 des adolescents âgés de 13 à 18 ans. Se met en place un véritable pétainisme scolaire. Les congréganistes retrouvent l'autorisation d'enseigner qu'ils avaient perdu en 1904 et l'enseignement privé bénéficie de subventions exceptionnelles. [...]
[...] Elle s'efforce de rapprocher puis d'unifier les filières de premier cycle (création des collèges d'enseignement généraux, création des collèges d'enseignement secondaire) par le décret Foucher en 1963, année qui met en place également la carte scolaire. Le latin est supprimé en 6ème par Edgar Faure en 1968. Bien des réformes des années 1970 vont dans le même sens. La pression démographique devient considérable quand passe la vague des enfants du baby-boom. Si la massification concerne surtout le premier cycle, les grandes classes de lycée connaissent avec un léger décalage cette formidable augmentation. Puis c'est le tour de l'enseignement supérieur lui-même. [...]
[...] Finalement les réformes sont timides : la gratuité des lycées et collèges s'impose entre 1926 et 1930, mais elle s'accompagne immédiatement d'un renforcement de la sélection avec examen d'entrée en sixième. Jean Zay voulait réaliser l'école unique, mais n'a pu mener son projet à terme : l'enseignement français est toujours fondé sur une opposition entre un primaire destiné au peuple et un secondaire qui n'est absolument pas un prolongement du primaire. Les élites ont toujours le monopole des diplômes de l'enseignement supérieur. [...]
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