Les deux guerres mondiales ont longtemps été perçues comme des victoires des Alliés, une victoire des Français. On a préféré se souvenir des résistants plutôt que des prisonniers. Pourtant, les Français ont bien connu deux défaites majeures marquées par l'armistice de janvier 1871 signée par Adolphe Thiers et celle du 22 juin 1940 signée par Philippe Pétain. De plus, la guerre de 1870, la Grande Guerre et la Seconde Guerre mondiale sont également marquées par des défaites ponctuelles. Depuis 1851 et l'élection de Louis Napoléon Bonaparte comme président de la République et son coup d'État du 2 décembre 1852 – avec la proclamation du Second Empire – la France a renoué avec les guerres dès 1853 avec la Guerre de Crimée ; la dernière guerre s'étant soldée en 1815 par la défaite de Waterloo et la chute du Premier Empire de Napoléon Bonaparte. Les guerres coloniales de LNB sont des succès. La France ne renoue avec la défaite qu'en 1870 ; défaite se situant qui plus est sur le sol français. C'est la fin d'une série de succès militaires. La défaite est une réalité complexe : il faut étudier les réactions des populations, leur opinion, les décisions des dirigeants, la cause des défaites, leur réalité physique, etc.
[...] Du 13 au 15 septembre, les Français et Anglais s'emparent du plateau ; plusieurs milliers de soldats y sont tués. Le front s'y fixe pour plusieurs années. D'avril à juin 1917 a lieu l'offensive Nivelle qui fera morts côté français. Cette défaite meurtrière est la cause de beaucoup de mutineries. Les soldats sont épuisés et se veulent antimilitaristes ; ils écrivent ainsi La Chanson de Craonne : c'est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher L'hyperamnésie des soldats, leurs conditions de vie inhumaines dans les tranchées ne leur permettent pas de penser une victoire complète. [...]
[...] Certains l'ont accepté, d'autres se sont révoltés. Enfin, la défaite a eu des conséquences matérielles et physiques départements sont touchés. Les transports sont paralysés avec la destruction de tous les ponts parisiens et des voies de chemin de fer. Dès le régime de Vichy, l'Etat mène une politique d'emprunts nationaux pour la reconstruction. On observe par exemple la création d'un ministère de la reconstruction et de l'urbanisme qui a pour projet de lier reconstruction et aménagement du territoire. La défaite a donc aussi des effets sur le paysage français, sur leurs villes, leurs bâtiments dans le sens où elle a été destructrice. [...]
[...] La France ne renoue avec la défaite qu'en 1870 ; défaite se situant qui plus est sur le sol français. C'est la fin d'une série de succès militaire. La défaite est une réalité complexe : il faut étudier les réactions des populations, leur opinion, les décisions des dirigeants, la cause des défaites, leur réalité physique, etc. Comment, donc, penser la relation qu'entretiennent les Français à la défaite si elle n'est pas perçue de la même manière par tous (désireux de l'oubli ou désireux de revanche), si elle provoque des mouvements patriotiques (Résistance) ou si au contraire les populations sont soulagées de la paix qu'elle ramène, et qu'elle est synonyme de destruction (aussi bien morale que physique) ? [...]
[...] C'est le drame moral de la défaite. L'occupation est comme une partie de la guerre que les Français auraient perdue. Naissent alors dans le Nord de la France des mythes quant aux barbaries allemandes : les coupeurs de mains, violeurs, etc. Il est certain que des exactions ont eu lieu, mais il est difficile d'en connaitre la teneur exacte. Quoi qu'il en soit, la réaction à l'occupation est révélatrice du climat : les Français ont peur de la défaite, ils ne veulent pas revivre l'humiliation de 1870. [...]
[...] Dans les tout premiers jours de la guerre, la France a remporté des victoires (comme à Sarrebrück le 2 août 1870). La population est confiante. Mais à l'annonce des premières défaites, le soutien à la guerre s'effrite, Zola parle de Débâcle. Certains préfets notent le désespoir, l'atterrement des Français, voire parfois de l'angoisse, de la panique et la montée des rumeurs et de la psychose des espions prussiens. La défaite fait peur. Fin août, on observe un nouveau basculement, la propagande impériale semble porter ses fruits ; les populations se veulent victorieuses. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture