Au sein du vieux continent, les relations entre les différents pays et nations n'ont jamais été d'une simplicité remarquable. Au contraire, ces derniers, non contents de se partager un si petit morceau de terre à l'échelle mondiale, oscillent entre guerre et paix, alliances et trahisons depuis la chute de l'Empire romain jusqu'à l'aube du 21ème siècle. Il en va pour preuve la rivalité millénaire de l'Angleterre – cette perfide Albion - et de la France, une rivalité enfin mise entre parenthèse par l'Entente Cordiale signée en 1904, et qui marque la fin de ce qui semblait être un éternel conflit (ou peut-être une simple pause).
La Prusse ne coupe pas à cette règle européenne. Entre attirance irrésistible et haine invétérée, celle-ci suscite chez ses voisins des sentiments pour le moins contradictoires, et d'autant plus au sein du peuple Français. Comme le fait remarquer Théodore Zeldin dans son Histoire des passions françaises, « Si la France avait épousé un pays, ce serait bien l'Allemagne », et non l'Angleterre qui ne représente somme toute qu'une simple amourette, « un flirt, une liaison » sans réel avenir. En effet, l'attirance des Français vis-à-vis de l'Allemagne se ressent surtout durant le 19ème siècle.
[...] Un Français soupçonné d'espionnage est arrêté en Allemagne, une affaire qui semble à priori bénigne, mais qui dans le contexte de l'époque prend une ampleur nationale. Goblet, président du conseil, propose d'envoyer un ultimatum à l'Allemagne, un choix suivi par Boulanger, qui lui se dit prêt à la mobilisation générale des troupes et de la réserve, une déclaration qui effraie les politiciens plus accomplis tels que Grévy, alors président de la République, qui voit le danger d'une nouvelle guerre pour la France dénuée d'alliés. [...]
[...] Ces derniers sont néanmoins largement stigmatisés par la presse et l'opinion française durant les premières années de la guerre. Entre 1914 et 1917, la propagande décrit les Allemands comme des sauvages, des Boches barbares, violents et inhumains qui n'ont aucun respect pour la neutralité notamment, en référence au chancelier Bethmann-Hollweg qui qualifie la neutralité belge de simple chiffon de papier en 1914. La défense du territoire devient à la longue une croisade pour la civilisation contre la barbarie, au nom de la patrie. [...]
[...] Supprimé en 1892, l'esprit qui les avait fait naître demeure cependant. Ainsi durant les années 1880, le patriotisme de même que la revanche sont de plus en plus ancrés au sein de la population ; cette dernière devient une revendication récurrente des Français, surtout des paysans, majeure partie de la population française, mais également des intellectuels tels que Déroulède. Ce dernier, militant d'une droite nationaliste, créée par ailleurs en 1882 la Ligue des Patriotes qui entretient une hostilité quasi permanente vis-à-vis de l'Allemagne. [...]
[...] Cette initiative et l'absence de réaction font sauter la clé de voute diplomatique et géostratégique de la tentative de construction de la paix des années 1920. En 1936, la formation du Front Populaire permet pour la première fois à une socialiste de devenir Président du conseil. Le gouvernement Blum est vis-à- vis de l'Allemagne très ouvert ; Blum est de ceux qui pensent que la France a eu tort d'avoir agi comme elle l'a fait, il craint le militarisme français, et fait confiance au mouvement ouvrier allemand. [...]
[...] Après la chute de Thiers, la chambre, encore majoritairement à droite, vote pour un président légitimiste, Mac Mahon, qui installe l'Ordre Moral, un retournement qui s'apparente à une Restauration de valeurs monarchiques ; dans ce contexte, on assiste à un retour de l'Eglise et du militarisme, deux institutions dont l'influence nuit fortement à la mise en place de la République et de ses valeurs. Durant toute cette période, le peuple français est encouragé à nourrir un sentiment de revanche d'autant plus fort que le gouvernement le soutient et le revendique. La constitution de 1875 marque un tournant majeur dans le régime de Mac Mahon puisqu'elle se présente comme un compromis de valeurs républicaines, et de traditions monarchiques (on prie avant les séances, mais le chef du pouvoir exécutif est un président de la République, et non pas un roi). [...]
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