C'est 11 ans après la formation de la Confédération Générale du Travail, que Victor Griffuelhes, étant le secrétaire général de la CGT de 1901 à 1909, et Emile Pouget, secrétaire adjoint, sont les chantres du congrès d'Amiens. Ces hommes voient dans l'action syndicale un moyen d'inciter les classes populaires à la révolution pour une reconstruction sociale, refusant tout ordre politique. L'action sociale est permise depuis 1884, date de la mise en application de la loi Waldeck-Rousseau qui reconnaît la liberté syndicale. Mais c'est dans un climat de lutte entre les différentes tendances du parti socialiste (Blanquistes, Allemanistes, Guesdiste, Broussistes) que la charte naît, afin d'imposer une certaine idée du syndicalisme. L'année précédente est marquée par les débuts de l'action syndicale. En l'occurrence, après une catastrophe en mars dans une mine à Courrières qui fit de nombreuses victimes, une vague de grèves violentes déferla sur les pays miniers et déboucha sur l'instauration du repos hebdomadaire. Deux mois plus tard, le 1er mai, une grève générale, afin d'obtenir les 8 heures quotidiennes de travail, se déclenche. Ce texte, exclusivement constitué de principes anarchistes alors majoritaires dans ce syndicat, est la référence théorique du syndicalisme de la CGT car il réaffirme l'indépendance du mouvement social vis-à-vis des partis politiques et redéfinit le programme syndical.
Le document présenté est une charte adoptée le 13 octobre 1906 lors du congrès confédéral d'Amiens par 830 voix pour, 8 contre et 1 blanc.
Ce qui nous amène à nous demander en quoi les anarcho-syndicalistes définissent-ils une nouvelle forme de contestation ouvrière, lui permettant de s'inscrire face à la pression socialiste sur la question des avancées sociales.
Il s'agit d'abord d'étudier la création d'un syndicalisme révolutionnaire (I) qui pousse la CGT à établir son indépendance par rapport aux partis socialistes (II).
[...] Les moyens employés sont souvent violents, il s'organise de grande manifestation mais le moyen considéré comme le plus efficace est la grève générale, qui a déjà fait ses preuves après la catastrophe de la mine de Courrières qui a aboutit à un jour de congé hebdomadaire et après le 1er mai pour la journée de 8 heures de travail. Ce moyen est mis en exergue dans la Charte : Mais cette besogne n'est qu'un côté de l'œuvre du syndicalisme [ ] il préconise comme moyen d'action la grève générale (ligne13). Le passage d'un groupement syndical au syndicalisme moderne et la grande influence anarchiste mettant en place un syndicalisme révolutionnaire creuse le fossé entre la CGT et le parti politique. II. [...]
[...] Pourtant, cette Charte ne mettra pas à l'abri la CGT d'une ingérence politique qui provoquera une crise interne en 1909. [...]
[...] La Charte d'Amiens peut être considérée comme anti- guesdiste car ce qui est dit à l'intérieur est complètement opposé à la vision que se font les guesdistes du syndicalisme. En somme, les anarchistes qui composent majoritairement le syndicat en font une institution de conquête des droits dont les actions sont fortement coercitives, grèves, sabotages, manifestations. L'objectif de cette Charte est d'affranchir la CGT de l'influence socialiste en montrant que le syndicat n'a pas seulement pour objectif l'amélioration des conditions de travail mais qu'il a aussi sa vision propre de l'organisation de la société. [...]
[...] L'union socialiste : une menace pour le syndicalisme L'union qui a été réalisée en 1905, entre les différents courants socialistes, rencontre un plus large écho chez les travailleurs. Les responsables syndicaux craignent de voir se détourner les ouvriers de la lutte syndicale pour une lutte politique, la Charte d'Amiens est donc une réponse à l'unification socialiste comme le dit Emile Pouget Pour les militants le vrai parti du travail, c'est la CGT Comme il l'est dit dans la Charte Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d'avenir, découle de la situation des salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait à tous les travailleurs, quelles que soient leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d'appartenir au groupement essentiel qu'est le syndicat.»(Ligne 16) donc tout travailleur devant prendre part à la lutte doit intégrer le syndicat. [...]
[...] Cet objectif premier de l'action syndicale reste donc au cœur de l'action de la CGT, ceci est réaffirmé dans la Charte : le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l'accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l'augmentation des salaires, etc. (ligne 9). La CGT contribue à améliorer les conditions de travail, ce qui est le fondement des revendications syndicales depuis leur naissance mais se fixe un nouvel objectif, le renversement de l'ordre social. [...]
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