Au printemps 1848, dans presque toute l'Europe, les peuples se révoltent contre les monarchies. En France, Louis-Philippe abdique le 24 février 1848 et le lendemain, le Gouvernement Provisoire proclame la IIe République. Ses premières mesures s'inspirent de la Grande Révolution, mais cherchent d'emblée à aller plus loin.
La liberté individuelle devient un droit pour tous : rétablissement de la liberté de réunion et de la presse, abolition de l'esclavage – tous les habitants des colonies devenant des citoyens français à part entière.
De grandes avancées sociales sont opérées: scolarisation obligatoire jusqu'à 14 ans, création des ateliers nationaux destinés à offrir des emplois aux chômeurs, abaissement de la durée quotidienne du travail des ouvriers à 11 heures (10 heures à Paris), et abolition de la peine de mort en matière politique.
Le principe d'égalité politique fait, quant à lui, un grand pas en avant avec l'instauration du suffrage universel, cependant réservé aux hommes de plus de vingt et un ans.
Dans les premiers jours de cette révolution, ce qu'il y a peut être de plus frappant c'est le ralliement général à cette jeune République. Pourtant l' « illusion lyrique », décrite comme une « ère des bons sentiments » devra très vite faire face à cette nouvelle variable politique, ce nouvel acteur : le peuple. En effet, remplacer un collège électoral de 240 000 hommes par un autre de 9,4 millions fait nécessairement mieux apparaître la réalité de la société française, et en premier lieu, celle des ses nombreuses fractures.
Quelles conséquences aura donc ce type de suffrage ? De quelles réalités rendra-t-il compte ? Quelles fractures sociales fera-t-il apparaître ? Et enfin, à quelles réactions donnera-t-il suite ?
Pour répondre à ces questions, nous allons entreprendre un plan en deux partis : la première s'attachera à décrire l'apparition des premières fractures sociales suite à l'application du suffrage universel, la seconde à analyser la remise en question de ce type de suffrage et ses conséquences.
[...] La réaction et la limitation du suffrage universel - Par un singulier paradoxe, tous les pouvoirs de la République sont désormais aux mains des ennemis du régime. - Cette Assemblée après une nouvelle manifestation montagnarde contre l'intervention de la France en Italie, est de plus en plus décidée à en découdre avec les Rouges. - Trente quatre représentants du peuple sont poursuivis en justice. Ledru-Rollin et la plupart de ses amis sont contraints à l'exode. Tous les clubs et réunions publiques sont interdits. [...]
[...] - Les républicains modérées subissent un très sérieux revers puisqu'ils n'obtiennent que 13% des voix, et ne sont plus que 70 à 80 dans la nouvelle Assemblée. Lamartine, Carnot ou encore Marie sont battus. - Les démocrates socialistes qui obtiennent 35% des voix réalisent une belle progression. Ils sont majoritaires dans les milieux ouvriers, mais surtout ils font une percée dans les milieux ruraux. Ils sont au total plus de 200 élus rangés derrière leur chef de file Ledru-Rollin. - Le parti de l'ordre est quant à lui le grand gagnant des ces élections. [...]
[...] Les élections législatives auront lieu dès le mois de Mai 1849. - La campagne est marquée par une forte tension entre la droite et la gauche. - A droite, on parvient à s'entendre : une union électorale et des sociétés des Amis de l'ordre sont fondées ; des listes communes sont formées sur le programme Ordre, Propriété, Religion - La gauche quant à elle durcit le ton car elle butte sur les persécutions de l'administration qui ferme la Solidarité républicaine. [...]
[...] Le Président y annonce la dissolution de l'Assemblée et le rétablissement du suffrage universel dans son intégralité. - Apres beaucoup d'hésitation les barricades se mettent tout de même en place le 4 Décembre à Paris mais sont vites vaincues. En province, la résistance est plus forte mais reste peu organisée. - Alors que 30 départements sont en état de siège, que les opposants sont pourchassés et que la presse d'opposition est démantelée. Bonaparte organise un plébiscite populaire. - A l'énoncé le peuple français veut le maintien de l'autorité de Louis Napoléon Bonaparte et lui délègue les pouvoirs nécessaire pour établir une nouvelle constitution sur les bases prononcées par sa proclamation du 2 décembre millions de français répondent oui, et seulement non. [...]
[...] Cette fois-ci elle s'attaque carrément au suffrage universel, car on ne peut faire confiance à la vile multitude comme Thiers qualifie le petit peuple. - La Loi du 31 mai 1850 crée donc un nouveau suffrage censitaire, même si le terme de suffrage universel est maintenu. Pour être électeur, il faut payer l'impôt, ce qui écarte l'indigent ; être exempt de toute condamnation judiciaire même infime ce qui écarte tout les militants tracassés par le pouvoir et même les petits gens en conflit avec le garde champêtre ; attester de 3 ans de domicile continu, ce qui élimine les migrants ou les chômeurs se déplaçant de ville en ville pour quêter un emploi. [...]
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