Amadou Hampâté Bâ (v.1900-1991) est né à Bandiagara (Mali), chef-lieu du pays dogon et ancienne capitale de l'empire toucouleur du Macina, fondé en 1862 par el Hadj Omar. Il appartient à une grande famille de traditionalistes peuls. Après avoir reçu une riche éducation transmise par les cercles familiaux, il a été l'un des disciples de Tierno Bokar, haute figure de la spiritualité musulmane africaine. " Fils de chef ", la colonisation l'a destinée à servir dans l'administration coloniale, puis il est entré comme chercheur à l'Institut français d'Afrique noire. Après l'indépendance, il a été appelé à de hautes fonctions administratives et diplomatiques. Ecrivain, historien, ethnologue, poète et conteur talentueux, il était une des hautes figures de la culture et de la sagesse, unanimement respectée dans l'Afrique contemporaine. Au conseil exécutif de l'Unesco, où il siégeait dès 1960, comme à travers ses différents ouvrages consacrés à la tradition et aux civilisations africaines, Amadou Hampâté Bâ s'est rendu célèbre par son inlassable activité au service des cultures orales. Dès ses jeunes années, il avait entrepris de sauvegarder le patrimoine culturel africain, en le collectant, le transcrivant et le traduisant. Ses écrits comprennent aussi une autobiographie, des ouvrages historiques, un ensemble de quelques milliers de vers en peul.
Dans le deuxième volume de ses Mémoires, intitulées Oui, mon commandant ! le jeune peul, âgé de vingt-deux ans, entame sa carrière de jeune fonctionnaire de l'administration coloniale en Haute-Volta (Burkina-Faso). Après un long voyage au cours duquel il commence à noter tous les récits oraux dont il deviendra le dépositaire, le jeune homme naïf en apparence se marie, fonde une famille et devient un sage capable de porter sur le monde un regard perspicace, subtil et rigoureux.
Amadou Hampâté Bâ relate la rencontre, à Bankassi, avec les chefs des communautés toucouleures et dogon de la ville (l.1-15). Puis, il retrace le voyage de Bandiagara à Tiw, en caravane (l.18-35), l'arrivée dans la nouvelle ville et l'accueil reçu par la population autochtone (l.36-63). Enfin, nous assistons à l'entrée en scène magnifiquement orchestrée du prince Lolo (l.64-76).
La présence française entraîne une refonte des sociétés ancestrales de la Haute-Volta et une redéfinition de la hiérarchie politique, ce qui révèle des relations très complexes entre deux civilisations et un rapport de domination française mais aussi d'interdépendance, dont Amadou Hampâté Bâ témoigne avec une grande liberté.
[...] À l'extrémité du vallonnement se dressait une petite colline que la route devait franchir, heureusement en pente assez douce. De l'autre côté, dans la plaine, s'étendait une grosse bourgade où se côtoyaient des maisons à terrasses en pisé de style dit soudanais et des huttes rondes ou cylindriques surmontées de toitures coniques, dans une anarchie architecturale qui n'était pas dépourvue de charme. C'était la ville de Tiw, ancien chef-lieu de la province des Peuls djalloubés au sein du royaume mossi du Yatenga. [...]
[...] C'est précédé, suivis et flanqués des deux côtés par les gamins du village que nous arrivâmes au campement de Twi. Devant la grande porte d'entrée, notre garde d'honneur enfantine se dispersa comme une volée de moineaux. Ce campement était le plus beau, le plus vaste et le mieux entretenu de tous ceux où nous avions séjourné jusqu'alors. Les deux sergents allèrent occuper deux cases jumelées par un grand hangar où les porteurs déposèrent leurs bagages. Le cuisinier alla inspecter son domaine. [...]
[...] Il est un intermédiaire indispensable et l'interprète du convoi. Il entre spontanément dans le camps réservé aux Européens lors qu'il se trouve à Tiw je me permis d'aller m'installer dans l'une des cases jumelées du même camps " l.45). Dès lors, on peut considérer qu'il ressent un certain sentiment de supériorité vis-à-vis de son propre peuple. En tout cas, il est nécessairement reconnu par les Européens comme un interlocuteur à part entière, d'autant qu'il requiert les compétences nécessaires puisqu'il est lui-même fils de chef (c'est pourquoi, rappelons-le, il a été élevé à l'"écoles des Otages"). [...]
[...] De grands troupeaux s'y déplaçaient " l.18-19), des habitants de jeunes guerriers peuls au teint cuivré, musclés comme des athlètes et armés comme des combattant. " l.20-21) et leurs activités du moment Ils chantaient des poèmes bucoliques célébrant les beautés de la nature ou les exploits de leurs anciens " l.21-22). - Cependant, il ne fait pas preuve de neutralité. On relève des jugements de valeurs dans une anarchie architecturale qui n'était pas dépourvue de charme " l.27, " ce campement était le plus beau, le plus vaste " l.42) ce qui rappelle qu'il s'agit d'un témoignage. [...]
[...] le jeune peul, âgé de vingt-deux ans, entame sa carrière de jeune fonctionnaire de l'administration coloniale en Haute-Volta (Burkina- Faso). Après un long voyage au cours duquel il commence à noter tous les récits oraux dont il deviendra le dépositaire, le jeune homme naïf en apparence se marie, fonde une famille et devient un sage capable de porter sur le monde un regard perspicace, subtil et rigoureux. Amadou Hampâté Bâ relate la rencontre, à Bankassi, avec les chefs des communautés toucouleures et dogon de la ville (l.1-15). [...]
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