La Quatrième République naît après la Libération en 1946 et dure jusqu'en 1958 après la crise du 13 mai 1958. La Constitution adoptée en 1946 par référendum met en place un régime parlementaire fort qui va permettre le développement d'un régime d'Assemblée, plus exactement d'un régime de partis. Marquée par une instabilité ministérielle chronique puisque la durée moyenne de vie d'un gouvernement est de sept à huit mois, la Quatrième République qui meurt en tentant de résoudre le problème algérien tend à s'effacer derrière la grandeur de la Cinquième république qui lui succède. Comment un régime qui se crée au lendemain de la Libération et qui est porteur de tous les espoirs de paix et de prospérité qui suivent la Seconde Guerre mondiale, peut-il mourir ainsi au bout de seulement douze ans et s'éteindre dans l'indifférence quasi-générale? La fin de la Quatrième République qui semble se faire sentir dès 1954 avec la montée des oppositions au régime et l'enlisement dans la guerre d'Algérie, continue de faire débat : Le régime s'est-il suicidé ou a-t-il été assassiné ?
Si les dysfonctionnements institutionnels du régime l'ont affaibli et rendu inapte à faire face aux crises, les coups qui lui sont portés par l'opposition et les difficultés de la guerre d'Algérie auront finalement raison de lui.
[...] L'incapacité du gouvernement, déjà minoritaire en voix, à tenir les promesses de libéralisation qu'il avait annoncées lors de la campagne électorale de 1956 a totalement discrédité le régime. Jacques Julliard souligne ainsi le fait que la guerre d'Algérie a fait paraître au grand jour un décalage quasi congénital entre la souveraineté de la nation et sa traduction dans une enceinte parlementaire. Comment des hommes élus sur un programme fondé sur la paix peuvent-ils plonger ainsi la France dans la guerre ? [...]
[...] Totalement désemparé et divisé, le gouvernement Pflimlin ne parvient pas à trouver une solution. Dès lors, Charles de Gaulle apparaît comme le seul à pouvoir relever la situation et sauver la France de la guerre civile. L'autorité qu'il a sur l'armée et le pays lui confère l'image d'un homme providentiel. En l'espace de deux semaines, Charles de Gaulle va, dans plusieurs discours, se déclarer prêt à assumer les pouvoirs de la République Guy Mollet décide de se rallier à lui et vote son investiture comme Président du Conseil, et René Coty, Président de la République se déclare prêt à démissionner si Charles de Gaulle n'est pas investi. [...]
[...] Se faisant le porte-parole des artisans et commerçants persécutés par le fisc Pierre Poujade attaque vivement la politique du gouvernement et organise autour de lui un groupement politique qui deviendra vite virulent. L'été 1953 est en effet marqué par la grève la plus importante que le mouvement ouvrier ait connue jusqu'alors. Leurs revendications assez vagues traduisent le sentiment de lassitude et d'exaspération ressenti par une partie de la population. Des mesures encore plus sévères prises par le gouvernement conduisent Pierre Poujade à renforcer son mouvement et à adopter dès octobre avec ses partisans un programme revendiquant l'égalité devant l'impôt et la sécurité sociale pour tous. [...]
[...] La Quatrième République dont les soutiens sont faibles et peu nombreux est ainsi attaquée sur sa gauche comme sur sa droite. Le parti communiste va en effet à partir de l'automne 1947 et de la conférence du Kominform, se mobiliser contre le régime en place, représentant par son alliance avec les États-Unis le camp impérialiste. Dans le but de suivre cette nouvelle politique d'opposition systématique, le parti organise des manifestations d'une extrême violence soutenues par la CGT qui donnent lieu à de nombreux affrontements avec le service d'ordre et les adversaires politiques. [...]
[...] L'agitation poujadiste bat son plein et le mouvement s'est pratiquement étendu à toute la France à la fin de l'année 1954 et compte alors de nombreux députés parmi les rangs de l'Assemblée. Ce qu'il faut voir dans le développement fulgurant du mouvement poujadiste, au-delà des contestations de la part des commerçants en ce qui concerne la politique fiscale, c'est la montée d'une vive opposition parmi toutes les classes sociales, au régime et notamment au personnel politique en place. Les réunions poujadistes, auxquelles l'extrême droite témoigne une forte sympathie, sont ainsi teintées d'antiparlementarisme, de xénophobie et d'antisémitisme. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture